Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
Vom Netzwerk:
états, qui fut convoquée à
Rennes en 1590, fit voir à quoi le parti du roi était réduit ;
il y vint peu de gentilshommes, pas un évêque, et seulement les
députés des villes de Rennes, Vitré, Tréguier, Saint-Brieuc,
Moncontour, Quintin et Malestroit. Mercœur, de son côté, convoqua
des états à Nantes ; cette assemblée établit des taxes et jura
les articles de l’union ; mais le duc ne se fit pas
reconnaître pour souverain du pays. Il y avait alors en Bretagne
deux gouvernements, deux parlements, deux corps des états. La Ligue
avait les Espagnols pour auxiliaires ; deux mille quatre cents
Anglais arrivèrent, qui venaient renforcer le parti royaliste. On
voit que cette malheureuse province ne jouissait guère de cette
paix tant promise, comme résultat de son incorporation à la
France.
    Les deux armées se rencontrèrent dans une
plaine voisine de Guingamp. Celle des Ligueurs était de dix mille
hommes, ayant dix pièces de canon de gros calibre. Le prince de
Dombes n’avait que cinq cents cuirassiers, deux cents arquebusiers
à cheval, deux mille cinq cents hommes d’infanterie française, à
peu près autant d’Anglais, et quatre canons. Cependant il attaqua
avec beaucoup de résolution, et les charges de son infanterie
obligèrent celle des Ligueurs à se replier derrière celle des
Espagnols ; mais là s’arrêtèrent les avantages du parti
royaliste. Les deux troupes restèrent en présence, échangeant
quelques coups de canon sans effet. Après six jours d’inaction le
duc de Mercœur s’éloigna, et le lendemain le prince de Dombes vit
arriver dans son camp le fameux capitaine Lanoue, Breton de
naissance, que les états avaient supplié le roi d’envoyer au
secours de sa patrie. Sa présence redoubla l’ardeur des troupes. On
marcha à l’ennemi, qu’on ne tarda pas à atteindre ; mais le
duc ne voulut pas commettre sa fortune au hasard d’une
bataille ; il se retira du côté de Pontivy.
    Les royalistes allèrent ensuite former le
siège de Lamballe, contre l’avis de Lanoue, qui, de concert avec
Montmartin et Poigny, fit tous ses efforts pour détourner le prince
de Dombes de cette entreprise téméraire. Malgré leurs remontrances,
on investit le château ; deux canons furent mis en batterie et
firent une petite brèche que Montmartin eut ordre d’aller
reconnaître ; il en revint dangereusement blessé, et les
ingénieurs qui l’accompagnaient rapportèrent qu’il n’y avait pas
moyen de donner un assaut. Lanoue, voulant lui-même examiner la
brèche, monta sur une échelle plantée derrière des ruines. Il fut
alors frappé au front d’un coup d’arquebuse qui lui froissa l’os et
le renversa ; il se cassa la tête en tombant, et demeura
suspendu à l’échelle par une jambe où il avait une blessure reçue
au siège de Paris et dont il n’était pas encore bien guéri. On le
transporta à Moncontour, où il mourut au bout de quinze jours, âgé
de soixante-dix ans, victime de l’ignorance de son chirurgien, qui
ne voulut point le trépaner. Telle fut la fin d’un des plus braves,
des plus prudents et des plus expérimentés capitaines de son
siècle. Ce gentilhomme breton, qui s’était acquis tant de gloire
dans les guerres de Guyenne et d’Italie, et qu’on surnommait
Bras-de-fer,
revint ainsi dans sa patrie pour y trouver la
mort. Le roi en fut très-touché, et lorsqu’il apprit cette
nouvelle, il dit que c’était un grand homme de guerre et un
véritable homme de bien, et qu’il était triste qu’un petit château
eût fait périr ce capitaine qui valait toute une province.
    Jusqu’en 1592, la guerre n’avait produit aucun
événement dont les suites fussent importantes. Les maladies qui
attaquaient les troupes anglaises obligèrent de les envoyer en
Anjou. Le général de l’armée royale, déjà plus circonspect qu’il
n’appartenait à son âge, le fut alors par nécessité. Son
adversaire, embarrassé autant qu’aidé par ses auxiliaires les
Espagnols, s’appliquait surtout à ne pas compromettre les troupes
qui étaient à lui. Il en résulta qu’ils se rencontrèrent plusieurs
fois sans se combattre : il y eut cependant entre Craon et
Château-Gonthier une affaire dans laquelle les troupes du prince de
Dombes, surprises, furent mises en déroute avec perte de six cents
hommes. Cet échec fit éclater la mésintelligence entre le prince et
le parlement, entre les troupes du roi et les Anglais. Ceux-ci,
réduits au nombre de

Weitere Kostenlose Bücher