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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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général, et lui ordonna, en
présence même du connétable, d’instruire le procès de Gilles et de
recevoir les dépositions des témoins. Du Breil fut contraint
d’obéir et de faire l’enquête. Gilles était accusé d’avoir été
d’intelligence avec les Anglais pour les introduire en Bretagne. Le
duc présenta quelques jours après, dans son conseil, plusieurs
lettres d’Angleterre trouvées au Guildo, et, les ayant fait lire,
les remit à l’évêque de Saint-Brieuc, un de ses principaux
conseillers. Le procureur général reçut ordre de dresser son
accusation. Il le fit ; mais il se contenta d’accuser en
termes généraux le prince de félonie et d’ingratitude, sans
spécifier aucun crime. Il présenta sa plainte en cette forme au
conseil du duc, qui n’en fut pas content, et lui ordonna de former
une instruction plus ample, contenant en détail tous les faits sur
lesquels il voulait que son frère fût jugé. Une partie du conseil
était d’avis qu’on lui fît son procès ; d’autres, au
contraire, voulaient qu’on eût égard à sa naissance et à sa
jeunesse. Le procureur général refusa de poursuivre
l’accusation ; mais le duc lui ordonna absolument d’exercer sa
charge, et de tenir les articles prêts pour l’assemblée des états à
Redon : le magistrat, cédant à la force, obtempéra à cet
ordre.
    Richemont ne manqua pas de se trouver à
l’assemblée des états pour y défendre son neveu, qu’on accusait des
crimes les plus énormes, et surtout de félonie et de haute
trahison. Quelques seigneurs et quelques prélats se joignirent au
connétable, et soutinrent que le duc ne pouvait condamner son frère
sans l’entendre, de quelque nature que fussent les charges. Les
sollicitations et le crédit de Richemont l’emportèrent, et les
états ne voulurent rien décider sur cette affaire. Cependant Gilles
demeura toujours en prison, et le connétable, se flattant d’avoir
rompu tous les projets des ennemis de son neveu, s’en retourna pour
quelque temps à son château de Parthenay.
François I er , suivi de son procureur général, alla
trouver le roi, qui était à Rasilli près de Chinon, et fit remettre
les articles de l’accusation entre les mains de Guillaume Cousinot,
maître des requêtes de l’hôtel, qui en fit son rapport à
Charles VII Le duc n’oublia pas de prévenir en même temps ce
monarque contre son frère, et, de le lui peindre comme un rebelle
et un ami des Anglais. De retour en Bretagne, François fit amener
le prince Gilles à Châteaubriant, pour y continuer les informations
contre lui. Elles furent faites à Nantes, à Vannes et ailleurs, et
remises au duc, qui demanda au procureur général ce qu’il en
pensait. Celui-ci répondit que les charges ne suffisaient au plus
que pour justifier l’emprisonnement du prince. Il ajouta que quand
même Gilles serait coupable, la loi ôtait à l’aîné le droit de
poursuivre criminellement son frère cadet ; qu’ainsi le duc ne
pouvait faire le procès à Gilles. François, désespérant de réussir
par cette voie, renonça alors aux procédures, et résolut d’employer
des moyens plus efficaces pour perdre son frère.
    Il fit venir Jean Hingant et Olivier de Meel,
tous deux membres de son conseil, en qui il avait beaucoup de
confiance, et qui lui avaient paru jusque alors entièrement dévoués
à ses volontés et ennemis de son frère. Le duc communiqua d’abord à
Hingant le dessein qu’il avait d’ôter la vie à Gilles, et lui
proposa de le servir dans cette occasion. Hingant ne promit rien,
et cependant il ne refusa pas ouvertement, dans l’alternative où il
était de commettre un crime ou de désobéir à son maître, et de se
précipiter dans un abîme de persécutions. Il se retire, et envoie
prier le même temps qui il était et tout ce qu’il avait
souffert ; il lui dit que ni ses soumissions, ni ses prières,
ni ses protestations n’avaient pu fléchir son frère, qui l’avait
livré à ses plus cruels ennemis. « Ores, dit-il en achevant le
récit de ses malheurs, ores vais-je passer de ce monde en l’autre,
où le Créateur des hommes entendra ma plainte. Je l’accuserai, mon
père, je l’appellerai devant son juge et le mien. Je vous charge,
je vous adjure, dès que je ne serai plus, d’aller vers le duc
François ; vous lui direz l’état où il m’a inhumainement
abandonné, et les maux que je souffre, et ceux que j’ai soufferts
par son ordre, à tort et

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