Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain
accoururent
au nombre de quatre-vingt mille environ. Comme une assemblée si tumultueuse ne
pouvait être guidée par la raison, ni donner brise à l’influence de la
politique, elle fut successivement réduite à quarante mille, à quatre mille, à
quatre cents, à quarante, enfin aux sept mages les plus renommés pour leur
piété et pour l’étendue de leurs connaissances. Un d’entre eux, Erdaviraph ,
jeune, mais saint pontife, reçut des mains de ses collègues trois coupes
remplies d’un vin soporifique. Il les but, et, tomba tout à-coup dans un
profond sommeil. A son réveil, il instruisit le monarque et la multitude pleine
de foi de son voyage au ciel, et des conférences particulières qu’il avait eues
avec la divinité. Ce témoignage surnaturel détruisit tous les doutes ; les
articles de la foi de Zoroastre furent fixés avec précision, et d’une manière
irrévocable [639] .
Essayons de tracer une légère esquisse dit culte des Perses : elle servira
non seulement à développer leur caractère, mais encore à répandre, un nouveau
jour sur les rapports soit d’alliance, soit d’inimitié, qui ont eu lieu entre
cette nation et le peuple romain [640] .
Le grand article de la religion de Zoroastre, l’article qui
sert de base à tout le système, est la fameuse doctrine des deux principes :
effort hardi et al conçu de la philosophie orientale, pour concilier
l’existence du mal moral et physique avec les attributs d’un créateur
bienfaisant qui gouverne le monde. L’origine de toutes choses, le premier être,
dans lequel ou par lequel l’univers existe, est appelé chez les Perses le
temps sans bornes . Cependant, il faut l’avouer, cette substance infinie
semble plutôt un être métaphysique, une abstraction de l’esprit, qu’un objet
réel, animé par le sentiment intime de sa propre existence, et doué de
perfections morales. Par l’opération aveugle ou par la volonté intelligente de
ce temps infini, qui ne ressemble que trop au chaos des Grecs, Ormuzd et
Ahriman sont engendrés de toute éternité : principes secondaires, mais les
seuls actifs de l’univers, possédant tous les deux le pouvoir de créer, et
chacun forcé par sa nature invariable, à exercer ce pouvoir selon des vues
différentes [641] .
Le principe du bien est éternellement adsorbé dans la lumière ; le principe du
mal éternellement enseveli dans les ténèbres. Ormuzd tira l’homme du néant, le
forma capable de vertu, et remplit son superbe séjour d’une foule de matériaux,
sur lesquels devait s’élever l’édifice de son bonheur. Les soins vigilants de
ce sage génie ramènent l’ordre constant des saisons, font mouvoir les planètes
dans leurs orbites, et entretiennent l’harmonie des éléments. Mais il y a
longtemps que la méchanceté d’Ahriman a percé l’ œuf d’Ormuzd, ou, pour
nous servir d’une expression plus simple, a violé l’harmonie de ses ouvrages.
Depuis cette fatale irruption, tout est bouleversé ; les particules les
plus déliées du bien et du mal, sont intimement mêlées entre elles, et fermentent
perpétuellement. Auprès des plantes les plus salubres croissent de funestes
poisons. Les déluges, les embrasements, les tremblements de terre, attestent
les combats de la nature ; et l’homme dans sa petite sphère est sans cesse
tourmenté par les assauts du vice et du malheur. Que les mortels se traînent en
esclaves à la suite du barbare Ahriman ; le fidèle Persan seul adore son
ami, son protecteur, le grand Ormuzd. Il combat sous sa bannière
éclatante ; il marche auprès de lui, dans la ferme conviction qu’au
dernier jour il partagera la gloire de son triomphe. A cette époque décisive,
la sagesse lumineuse de la souveraine bonté rendra la puissance d’Ormuzd
supérieure à la méchanceté de son rival. Désarmés et soumis, Ahriman [642] et ceux qu’il
enchaîne à son char seront précipités dans les ténèbres ; et la vertu
maintiendra à jamais la paix et l’harmonie de l’univers [643] .
La théologie de Zoroastre parût toujours obscure aux
étrangers, et même au plus grand nombre de ses disciples. Cependant les
observateurs les moins pénétrants ont été frappés de la simplicité vraiment
philosophique qui caractérise la religion des Perses. Ce peuple , dit
Hérodote [644] , rejette l’usage des temples, des autels et des statues. Il sourit des folles
idées de ces nations qui s’imaginent que les dieux peuvent être issus
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