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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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d’immenses
contrées en Europe, en Asie et en Afrique. Pendant les trois cents dernières
années, sous le voile d’une prospérité apparente, la décadence attaque les
principes de la constitution. Les trente-cinq tribus du peuple romain,
composées de guerriers, de magistrats et de législateurs, avaient entièrement
disparu dans la masse commune du genre humain : elles étaient confondues avec
des millions d’esclaves habitants des provinces, et qui avaient reçu le nom de
Romains, sans adopter le génie de cette nation si célèbre. La liberté n’était
plus le partage que de ces troupes mercenaires, levées parmi les sujets et les
Barbares des frontières, qui souvent abusaient de leur indépendance. Leurs
choix tumultuaires avaient élevé sur le trône de Rome un Syrien, un Goth, un
Arabe, et les avaient investis du pouvoir de gouverner despotiquement les
conquêtes et la patrie des Scipions.
    Les frontières de l’empire s’étendaient toujours depuis le
Tigre jusqu’à l’océan occidental, et depuis le mont Atlas jusqu’aux rives du
Rhin et du Danube. Le vulgaire aveugle comparait la puissance de Philippe, à
celle d’Adrien ou d’Auguste : la forme était encore la même, mais le principe
vivifiant n’existait plus ; tout annonçait un dépérissement universel. Une
longue suite d’oppressions avait .épuisé et découragé l’industrie du peuple. La
discipline militaire, qui seule, après l’extinction de toute autre vertu,
aurait été capable de soutenir l’État, était corrompue par l’ambition ou
relâchée par la faiblesse des empereurs. La force des frontières, qui avait
toujours consisté dans les armes plutôt que dans les fortifications, se minait
insensiblement, et les plus belles provinces de l’empire étaient exposées aux
ravages, et allaient bientôt devenir la proie des Barbares, qui ne tardèrent
pas à s’apercevoir de la décadence de la grandeur romaine.

Chapitre VIII
De l’état de la Perse après le rétablissement de cette monarchie par
Artaxerxés.
    TOUTES les fois que Tacite abandonne son sujet pour faire
paraître sur la scène les Germains ou les Parthes, il semble que ce grand
écrivain se propose de détourner l’attention de ses lecteurs d’une scène
monotone de vices et de misères. Depuis le règne d’Auguste jusqu’au temps
d’Alexandre Sévère, Rome n’avait eu à redouter que les tyrans et les soldats,
ennemis cruels qui déchiraient son sein. Sa prospérité n’était que bien
faiblement intéressée dans les révolutions qui se passaient au-delà du Rhin et
de l’Euphrate ; mais lorsque l’anarchie eut confondu tous les ordres de l’État,
lorsque la puissance militaire eut anéanti l’autorité du prince, les lois du
sénat, et même la discipline des camps, les Barbares de l’Orient et du Nord,
qui avaient si longtemps menacé les frontières, attaquèrent ouvertement les
provinces d’une monarchie qui s’écroulait. Leurs incursions, d’abord
incommodes, devinrent bientôt des invasions formidables : enfin, après une
longue suite de calamités réciproques, les conquérants s’établirent dans le
centre de l’empire. Pour développer avec plus de clarté la chaîne de ces grands
événements, nous commencerons par nous former une idée du caractère, des forces
et des projets de ces nations, qui vengèrent la cause d’Annibal et de
Mithridate.
    Dans les premiers siècles dont l’histoire fasse mention,
tandis que les forêts qui couvraient le sein de l’Europe servaient d’asile à
quelques hordes de sauvages errants, l’Asie comptait un grand nombre de villes
florissantes, renfermées dans de vastes empires, où régnaient le luxe, les arts
et le despotisme. Les Assyriens donnèrent des lois à l’Orient [630] , jusqu’à ce que
le sceptre de Ninus et de Sémiramis s’échappât des mains de leurs successeurs
amollis. Les Mèdes et les Babyloniens se partagèrent leurs États, et furent
eux-mêmes engloutis dans la monarchie des Perses, dont les conquêtes
s’étendirent au-delà des limites de l’Asie. Un descendant de Cyrus, Xerxès,
suivi, dit-on, de deux millions d’hommes, fondit sur la Grèce ; trente mille
soldats, sous le commandement d’Alexandre, fils de Philippe, à qui les Grecs
avaient remis le soin de leur vengeance et de leur gloire, suffirent pour
subjuguer la Perse. Les Séleuces s’emparèrent des conquêtes des Macédoniens en
Orient. Le règne de ces princes dura peu. Environ dans le

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