Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
Vom Netzwerk:
préparatifs. En traversant
le Bosphore, leurs pilotes, sans expérience, furent emportés par la rapidité du
courant ; et l’entassement de cette multitude de vaisseaux dans un canal
étroit, causa la perte d’un assez grand nombre qui se brisèrent l’un contre
l’autre, ou échouèrent sur le rivage. Les Barbares. firent des descentes, sur
différentes côtes de l’Europe et de l’Asie, mais le pays ouvert avait déjà été
dévasté ; et, lorsqu’ils se présentèrent devant les villes fortifiées, ils
furent repoussés honteusement et avec perte. Un esprit de découragement et de
division s’éleva dans la flotte. Quelques chefs dirigèrent leur course vers les
îles de Crète et de Chypre ; mais les principaux, suivant une route plus
directe, débarquèrent enfin prés du mont Athos, et assaillirent l’opulente
ville de Thessalonique, capitale de toutes les provinces de Macédoine. Leurs
attaques, dirigées sans art, mais avec toute la force d’un courage intrépide,
furent bientôt interrompues par l’approche de Claude, qui se hâtait d’accourir
sur un théâtre digne d’un prince belliqueux, à la tête de tout ce qui restait
encore des anciennes forces de l’empire romain. Impatients d’en venir aux
mains, les Goths lèvent leur camp, abandonnent le siége de Thessalonique,
laissent leurs vaisseaux au pied du mont Athos, traversent les hauteurs de la
Macédoine, et courent à un combat dont le succès leur ouvrait l’entrée de
l’Italie.
    Il existe encore une lettre originale de Claude, adressée au
sénat et au peuple dans cette occasion mémorable. Pères conscrits , dit
l’empereur, sachez que trois cent vingt mille Goths ont envahi le territoire
romain. Si je les défais, votre gratitude sera la récompense de mes services.
Si je succombe, n’oubliez pas que je suis le successeur de Gallien. La
république est de toutes parts fatiguée et épuisée. Nous avons à combattre, après
Valérien, après Ingenuus, Regillianus, Celsus, Lollianus, Posthume, et mille
autres, qu’un juste mépris pour Gallien a forcés de se révolter. Nous manquons
de dards, de pique et de boucliers. Les provinces les plus belliqueuses de
l’empire, la Gaule et l’Espagne, sont entre les mains de Tetricus ; et
nous rougissons d’avouer que les archers d’Orient obéissent à Zénobie. Quelque
chose que nous exécutions, ce sera toujours, suffisamment grand [937] . Le style ferme
et mélancolique de cette lettre annonce un héros peu inquiet de sa destinée,
connaissant tout le danger de sa situation, mais qui trouvait des espérances
bien fondées dans les ressources de son propre génie.
    L’événement surpassa son attente et celle de l’univers. Par
les victoires les plus signalées il arracha l’empire aux Barbares qui le
déchiraient, et il mérita de la postérité le surnom glorieux de Claude le
Gothique. Les relations imparfaites d’une guerre irrégulière [938] nous empêchent
de- décrire l’ordre et les circonstances de ses exploits ; cependant, s’il
nous était permis de nous servir d’une pareille expression, nous pourrions
distribuer en trois actes cette fameuse tragédie. 1° La bataille décisive fut
livrée près de Naissus, ville de Dardanie [939] .
Les légions plièrent d’abord, accablées par le nombre et glacées d’effroi par
de premiers malheurs ; leur ruine paraissait inévitable, si la conduite
habile de l’empereur ne leur eût ménagé un prompt secours. Un fort détachement
sortant tout à coup des passages secrets et difficiles des montagnes, dont il
s’était emparé par son ordre, attaqua subitement les derrières des Goths
victorieux. L’activité de Claude mit à profit cet instant  favorable. Il ranima
le courage de ses troupes, rétablit leurs rangs et pressa l’ennemi de toutes
parts. On prétend que dans cette bataille cinquante mille hommes restèrent sur
la place. De nombreux corps de Barbares, retranchés derrière leurs chariots, se
retirèrent, ou plutôt s’échappèrent à l’abri de cette fortification mobile. 2°
Nous pouvons présumer qu’un obstacle, insurmontable peut-être là fatigue ou la
désobéissance ces vainqueurs, empêcha Claude d’achever, en un jour la
destruction des Goths. La guerre se répandit dans les provinces de Mœsie, de
Thrace et de Macédoine et les opérations de la campagne, tant sur mer que sur
terre, se bornèrent à des marches, des surprises et des engagements fortuits
qui ne présentent que des

Weitere Kostenlose Bücher