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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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mêlées sans aucune action régulière. Lorsque les
Romains souffraient quelque échec, leur lâcheté ou leur imprudence en était le
plus souvent la cause ; mais les talents supérieurs de leur souverain, la
parfaite connaissance qu’il avait du pays, ses sages mesures, et son
discernement dans le choix de ses officiers, assurèrent presque toujours le
succès de ses armes. Tant de victoires lui procurèrent un butin immense, qui
consistait principalement en troupeaux et en prisonniers. Une troupe choisie de
jeunes Barbares fut incorporée dans les légions ; les autres prisonniers
furent vendus comme esclaves ; et le nombre des femmes captives était si
considérable, que chaque soldat en eut deux ou trois pour sa part : d’où
nous pouvons juger que des Goths n’avaient point envahi l’empire seulement pour
le dévaster, mais qu’ils avaient aussi formé quelque projet d’établissement,
puisqu’ils avaient mené leurs familles même dans une expédition navale. 3° Leur
flotte fut prise ou coulée à fond : perte irréparable qui intercepta leur
retraite. Les Romans formèrent une vaste enceinte de postes distribués avec
art, courageusement soutenus, et qui se resserrant par degrés, vers un centre
commun, forcèrent les Barbares de se réfugier dans les parties les plus
inaccessibles du mont Hémus, où ils trouvèrent un asile assuré, mais où ils
eurent à peine de quoi subsister. Dans le cours d’un hiver rigoureux, durant
lequel ils furent assiégés par les troupes de l’empereur, la famine, la peste,
le fer et la désertion, diminuèrent continuellement toute cette multitude. Au
retour du printemps on ne vit paraître sous les armes qu’une petite bande de
guerriers hardis et désespérés, reste de cette puissante armée qui s’était
embarquée à l’embouchure du Niester.
    La peste, qui  avait emporté tant de Barbares, devint fatale
à leur vainqueur [mars] . Après deux ans d’un règne court, mais glorieux,
Claude rendit les derniers soupirs à Sirmium, au milieu des pleurs et des
acclamations de ses sujets. Prêt à expirer, il assembla ses principaux
officiers, et leur recommanda Aurélien, un de ses généraux, comme le plus digne
du trône, et comme le plus capable d’exécuter le grand projet qu’il avait à peine
eu le temps d’entreprendre. Les vertus de Claude, sa valeur, son affabilité [940] , sa justice et
sa tempérance, son amour pour la gloire et pour la patrie, le placent au rang
de ce petit nombre de princes qui honorèrent la pourpre romaine. Ses vertus
cependant doivent une partie de leur célébrité au zèle particulier et à la
complaisance des écrivains courtisans du siècle de Constantin, arrière
petit-fils de Crispus, le frère aîné de Claude. La voix de la flatterie apprit
bientôt à répéter que les dieux, après avoir enlevé Claude avec tant de
précipitation, récompensaient son mérite et sa piété en perpétuant à jamais
l’empire dans sa famille [941] .
    Malgré ces oracles, la grandeur des Flaviens (nom que se
donna la maison de Constance) ne brilla que plus de vingt ans après son
fondateur ; et même l’élévation de Claude causa la ruine de Quintilius son
frère qui n’eût point assez de modération ou assez de courage pour descendre au
rang inférieur que lui avait assigné le patriotisme du dernier empereur.
Immédiatement après la mort de ce prince, Quintilius prit inconsidérément la
pourpré dans la ville d’Aquilée, où il commandait une armée considérable.
Quoique son règne n’ait duré que dix-sept jours [942] , il eut le temps
d’obtenir la sanction du sénat, et d’éprouver une sédition de la part des
troupes [avril] . Dès qu’il eut appris que les légions redoutables du
Danube avaient conféré la puissance impériale au brave Aurélien, il se sentit
accablé sous la réputation et le mérite de son rival ; et, s’étant fait ouvrir
les veines, il s’épargna la honte de disputer le trône origine et avec des
forces trop inégales [943] .
    Le plan général de cet ouvrage ne nous permet de pas
d’entrer dans de grands détails sur les actions de chaque empereur après son
avènement, encore moins de décrire les diverses particularités de cette portion
de sa vie écoulée, avant qu’il montât sur le trône. Nous nous contenterons
d’observer que le père d’Aurélien était un paysan du territoire de Sirmium, où
il faisait valoir une petite ferme qui appartenait à Aurelius, riche

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