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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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trois combats
opiniâtres dans lesquels les deux armées mesurèrent toutes leurs forces avec
des succès divers [Victor le Jeune, Aurélien ] . Le premier fut
livré près de Plaisance ; et les Romains essuyèrent une si grande perte, que,
selon l’expression d’un auteur très prévenu pour Aurélien, on appréhenda la
dissolution prochaine de l’empire [Vopiscus, H. Aug .] . Ces ruses
Barbares, ayant suivi la lisière des bois, tombèrent tout à coup, à l’approche
de la nuit, sur les légions fatiguées et encore dans le désordre d’une longue
marche. Il eût été difficile de résister à l’impétuosité du choc des Barbares :
le massacré fut horrible. Enfin l’empereur rallia ses troupes, et par sa
constance en sa fermeté rétablit, jusqu’à un certain point, l’honneur de ses
armes. La seconde, bataille se donna près de Fano, en Ombrie, dans la plaine
qui, cinq cents ans auparavant, avait été si fatale au frère d’Annibal [957]  ; tant les
Germains victorieux s’étaient avancés en Italie par les voies Flaminienne et
Émilienne, avec le projet de surprendre les habitants de Rome, et de saccager
la maîtresse du monde. Mais Aurélien veillait à sa sûreté : toujours attaché à
la poursuite de l’ennemi, il remporta enfin une victoire complète [958] . Les débris de
l’armée vaincue furent exterminés dans une troisième et dernière bataille, près
de Pavie, et l’Italie n’eut plus à redouter les incursions des Allemands.
    La crainte à été la première, cause de la
superstition : chaque nouvelle calamité excite les mortels tremblants à
tâcher de conjurer la colère de leurs invisibles ennemis. Quoique l’espoir le
plus assuré de la république fût dans la valeur et dans la conduite
d’Aurélien ; cependant, lorsqu’on attendait à chaque instant les Barbares
aux portes de Rome, le sénat ordonna, par un décret solennel, que les livres de
la sibylle fussent consultés, tant était grande la consternation générale !
L’empereur lui-même, porté par un principe de religion ou de politique,
approuva des mesures si salutaires ; il écrivit même au sénat pour lui
reprocher sa lenteur [959] .
Le prince offre dans sa lettre, de fournir à tous les frais des sacrifices, et
de donner tous les animaux, tous les captifs que les dieux exigeraient. Malgré
ces promesses magnifiques, il ne parait pas qu’aucune victime humaine ait expié
de son sang les fautes du peuple romain. Les oracles de la sibylle [11
janvier 271] prescrivirent des cérémonies moins cruelles ; elles
consistaient en processions de prêtres revêtus de robes blanches, en choeurs de
jeunes garçons et de vierges, en lustrations de la ville et des campagnes
voisines, en sacrifices dont l’influence pût arrêter les Barbares et les
empêcher de passer le terrain mystérieux où ils avaient été célébrés. Ces
pratiques superstitieuses quelque puériles qu’elles pussent être, ne furent pas
inutiles au succès de la guerre ; et, si dans la bataille décisive de Fano
les Allemands crurent voir une armée de spectres combattant pour Aurélien, ces
alliés imaginaires fournirent au prince un secours bien réel et bien
considérable [960] .
    Malgré la confiance que les Romains pouvaient avoir dans 
ces remparts fantastiques, l’expérience du passé et la crainte de l’avenir les
engagèrent à construire des fortifications réelles et d’une nature plus solide.
Sous les successeurs de Romulus, les sept collines de Rome avaient été
entourées d’une muraille de plus de treize milles de circonférence [961] . Cette enceinte
paraît peut-être bien vaste, comparée à la force et à la population de l’État
dans son enfance ; mais les premiers habitants de Rome avaient besoin de
défendre une grande étendue de pâturages et de terres labourables contre les
incursions fréquentes et subites des peuples du Latium, leurs ennemis
perpétuels. A mesure que la grandeur romaine s’éleva, la ville et le nombre des
habitants, devinrent plus considérables ; insensiblement tout le terrain fait
occupé, les anciens murs ne servirent plus de limites, de superbes édifices
couvrirent le Champ de Mars, et des faubourgs magnifiques, bâtis sur toutes les
avenues, annoncèrent la capitale de l’univers [962] . L’opinion
vulgaire donnait plus de cinquante milles de circuit à la nouvelle muraille,
commencée par Aurélien [963] et finie sous le règne de Probus ; des observations plus exactes la

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