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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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la ville d’Autun, et lui remit généreusement les
arrérages du tribut. Il réduisit en même temps la proportion des contribuables.
On comptait vingt-cinq mille personnes sujettes à la capitation : ce
nombre fut fixé à dix-huit mille [1269] .
Cependant cette faveur même est la preuve la plus incontestable de la misère
publique. Cette taxe était si oppressive, soit en elle-même, soit dans la
manière de la percevoir, que le désespoir diminuait un revenu dont l’exaction
s’efforçait d’augmenter la masse. Une grande partie du territoire d’Autun
restait sans culture : une foule d’habitants aimaient mieux vivre dans
l’exil et renoncer à la protection des lois, que de supporter les charges de la
société civile. Le bienfaisant empereur, en soulageant les peines de ses sujets
par cet acte particulier de libéralité laissa vraisemblablement subsister les
autres maux qu’avaient introduits ses maximes générales d’administration. Mais
ces maximes mêmes étaient moins l’effet de son choix que celui de la
nécessité ; et, si nous, en exceptons la mort de Maximien, le règne de
Constantin dans la Gaule paraît avoir été le temps le plus innocent et même le
plus vertueux de sa vie. Sa présence mettait les provinces à l’abri des
incursions des Barbares, qui redoutaient ou qui avaient éprouvé son active
valeur. Après une victoire signalée sur les Francs et sur les Allemands,
plusieurs de leurs princes furent exposés par son ordre aux bêtes sauvages,
dans l’amphithéâtre de Trèves ; et le peuple, témoin de ce traitement
envers de si illustres captifs, semble n’avoir rien aperçu dans un pareil
spectacle qui blessât les droits des nations ni ceux de l’humanité [1270] .     
    Les vices de Maxence répandirent un nouvel éclat sur les
vertus de Constantin. Tandis, que les provinces de la Gaude goûtaient tout le
bonheur dont leur condition paraissait alors susceptible, l’Italie et l’Afrique
gémissaient sous le despotisme d’un tyran aussi méprisable qu’odieux. A la vérité,
le zèle de la faction et de la flatterie a trop souvent sacrifié la réputation
des vaincus à la gloire de leurs heureux rivaux ; mais les écrivains même qui
ont révélé avec le plus de plaisir et de liberté les fautes de Constantin,
conviennent unanimement que Maxence était cruel, avide, et plongé dans la
débauche [1271] .
Il avait eu le bonheur d’apaiser une légère rébellion en Afrique. Le
gouverneur, et un petit nombre de personnes attachées à son parti, avaient
seuls été coupables ; la province entière porta la peine de leur crime.
Toute l’étendue de cette fertile contrée, et les villes florissantes, de Cirta
et de Carthage, furent dévastées par le fer et par le feu. L’abus de la
victoire fut suivi de l’abus des lois et de la jurisprudence ; une armée
formidable d’espions et de délateurs envahit l’Afrique. Les riches et les
nobles furent aisément convaincus de connivence avec les rebelles ; et
ceux d’entre eux que l’empereur daigna traitée avec clémence, furent punis
seulement par la confiscation de leurs biens [1272] . Une victoire
si éclatante fut célébrée par un triomphe magnifique. Maxence exposa aux yeux
du peuple les dépouilles et les captifs d’une province romaine. L’état de la
capitale ne méritait pas moins de compassion que celui de l’Afrique. Les
richesses de Rome fournissaient un fonds inépuisable aux folles dépenses et à
la prodigalité du monarque ; et les ministres de ses finances connaissaient
parfaitement d’art de piller les sujets. Ce fut sous son règne que l’on inventa
la méthode d’exiger des sénateurs un don volontaire . Comme la somme
s’augmenta  insensiblement les prétextes que l’on imagina pour la lever, tels
qu’une victoire, une naissance, un mariage, ou le consulat du prince, furent
multipliés dans la même proportion [1273] .
Maxence nourrissait contre le sénat cette même haine implacable qui avait
caractérisé la plupart des premiers tyrans de Rome. Ce cœur ingrat ne pouvait
pardonné la généreuse fidélité qui l’avait élevé sur le trône, et qui l’avait
soutenu contre tous ses ennemis. La vie des sénateurs, était exposée à ses
cruels soupçons ; et, pour assouvir ses infâmes désirs, il portait le
déshonneur dans le sein des plus illustres familles. On peut croire qu’un
amant, revêtit de la pourpre se trouvait rarement réduit à soupirer en
vain ; mais

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