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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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envoya des troupes. Enfin, l’armée de Maxence se
montait à cent soixante-dix mille fantassins et dix-huit mille chevaux. Les richesses
de l’Italie fournissaient aux dépenses de la guerre, et les provinces voisines
furent épuisées pour former d’immenses magasins de blé et de provisions de
toute espèce. Les forces réunies de Constantin ne consistaient que dans
quatre-vingt-dix mille hommes de pied et huit mille de cavalerie [1280] . Comme, durant
l’absence de l’empereur, la défense du Rhin exigeait une attention
extraordinaire, à moins qu’il ne sacrifiât la sûreté publique à ses querelles
particulières, il ne pouvait mener en Italie plus de la moitié de ses troupes [1281] . A la tête de
quarante mille soldats environ, il ne craignit pas de se mesurer avec un rival
suivi d’une armée au moins quatre fois supérieure en nombre ; mais depuis
longtemps les armées de Rome, éloignées de tout danger, vivaient au sein de la
mollesse, et avaient été énervées par le luxe et l’indiscipline. Accoutumés aux
bains délicieux et aux théâtres de la capitale, les soldats ne se traînaient
qu’avec peine sur le champ de bataille. Parmi ces troupes, on voyait surtout
des vétérans qui avaient presque oublié l’usage des armes, et de nouvelles
levées qui n’avaient jamais su les manier. Les légions de la Gaule, endurcies
aux fatigues de la guerre, défendaient depuis plusieurs années les frontières
de l’empire contre les Barbares du Nord ; et ce service pénible en
exerçant leur valeur, avait affermi leur discipline. On observait entre les
chefs la même différence que parmi les armées. Le caprice et la flatterie
avaient d’abord inspiré à Maxence des idées de conquêtes. Bientôt ces espérances
ambitieuses cédèrent à l’habitude du plaisir et à la conviction de son
inexpérience. L’âme intrépide de Constantin avait été formée dès les premières
années de sa jeunesse à la guerre, à l’activité, à la science du commandement :
nourri dans les camps, il savait agir, et il avait appris l’art de commander.
    Lorsque Annibal passa de la Gaule en Italie, il fut obligé
de chercher d’abord, ensuite de s’ouvrir un chemin à travers des montagnes
habitées par des peuples barbares, qui n’avaient jamais accordé le passage à
une armée régulière [1282] .
Les Alpes étaient alors gardées par la nature ; de nos jours l’art les a
fortifiées. Des citadelles construites avec autant d’habileté que de peines et
de dépenses, commandent toutes les avenues qui conduisent à la plaine, et
rendent, du côté de la France, l’Italie presque inaccessible aux ennemis du roi
de Sardaigne [1283] .
Mais avant que l’on eût pris ces précautions, les généraux qui ont voulu tenter
le passage ont rarement éprouvé de la difficulté ou de la résistance. Dans le
siècle de Constantin, les paysans des montagnes avaient perdu leur rudesse, et
ils étaient devenus des sujets obéissants. Le pays fournissait des vivres en
abondance ; et de superbes chemins tracés sur les Alpes, monuments
étonnants de la grandeur romaine, ouvraient plusieurs communications entre la
Gaule et l’Italie [1284] .
Constantin préféra la route des Alpes Cottiennes, aujourd’hui le mont Cenis, et
il conduisit ses troupes avec une diligence si active, qu’il descendit dans la
plaine de Piémont avant que la cour de Maxence eût reçu aucune nouvelle
certaine de son départ des bords du Rhin. La ville de Suze cependant, située au
pied du mont Cenis, était entourée de murs, et renfermait une garnison assez
nombreuse pour arrêter les progrès du conquérant. L’impatience des troupes de
Constantin dédaigna les formes ennuyeuses d’un siége. Le jour même qu’elles
parurent devant Suze, elles mirent le feu aux portes, appliquèrent des échelles
à la muraille, et, montant à l’assaut au milieu d’une grêle de pierres et de
flèches, elles entrèrent dans la place l’épée à la main, et taillèrent en
pièces la plus grande partie de ceux qui la défendaient. Constantin fit
éteindre les flammes, et les restes de Suze furent préservés par ses soins
d’une destruction totale. A quarante milles environ de cette place, une
résistance plus vigoureuse l’attendait. Les lieutenants de Maxence avaient
assemblé dans les plaines de Turin un corps nombreux d’Italiens. La principale
force de cette armée consistait en une espèce de cavalerie pesante, que les
Romains, depuis la

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