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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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l’armée, qu’à les exclure des honneurs civils et militaires.
    V . Mais l’esprit humain, quelque exalté ou quelque
abattu qu’il puisse être par un enthousiasme passager, reprend par degrés son
niveau naturel, et se remet sous l’empire des passions qui semblent le mieux
adaptées à sa condition présente. Les premiers chrétiens étaient morts aux
affaires et aux plaisirs du monde ; mais cet amour de l’action qu’ils
avaient reçu de la nature, et dont la trace n’avait jamais pu être entièrement
effacée, reparut bientôt, et trouva de nouveaux aliments dans le gouvernement de
l’Église. Une société séparée qui attaquait la religion dominante de l’empire,
était obligée d’adopter quelque forme de police intérieure, et de créer un
nombre suffisant de ministres chargés,  non seulement des fonctions
spirituelles, mais encore de la direction temporelle de la république
chrétienne. Les soins relatifs à la sûreté de cette société, à son honneur, à
son agrandissement, produisirent, même dans les âmes les plus religieuses un
esprit de patriotisme semblable à celui qui enflammait les premiers Romains
pour leur patrie, et quelquefois les fidèles ne furent pas plus délicats sur le
choix des moyens qui pouvaient conduire à un but si désirable. Lorsqu’ils
sollicitaient pour eux ou pour leurs amis les dignités de l’Église, ils
déguisaient leur ambition sous le prétexte spécieux de consacrer à l’utilité
générale le pouvoir et la considération que, dans cette vue seulement, il était
de leur devoir de rechercher. En exerçant leurs fonctions ils avaient souvent
occasion de dévoiler les erreurs de l’hérésie ou les artifices de la faction,
de s’opposer aux desseins des faux frères, de les dévouer à l’opprobre qu’ils
méritaient, et de les chasser du sein d’une société dont ils s’efforçaient de
troubler la paix et le bonheur. On enseignait aux guides spirituels du
christianisme à joindre la prudence du serpent à l’innocence de la colombe.
Mais à mesure que l’habitude du commandement rendit leur conduite plus
raffinée, insensiblement leurs mœurs se corrompirent. Dans l’Église aussi bien
que dans le monde, ceux qui occupèrent quelque poste considérable se
distinguèrent par leur éloquence et par leur fermeté, par la connaissance des
hommes et par leur habileté dans les affaires. Et tandis qu’ils dérobaient aux
autres, et qu’ils se cachaient peut-être à eux-mêmes les motifs secrets de
leurs actions, ils retombaient trop souvent dans toutes les passions
turbulentes de la vie active, auxquelles le mélange du zèle religieux imprimait
un nouveau degré d’amertume et d’opiniâtreté.
    Le gouvernement de l’Église a souvent été le sujet, aussi
bien que le prix des disputes religieuses. Les docteurs de Rome, de Paris,
d’Oxford et de Genève, perpétuellement divisés entre eux, se sont tous efforcés
de réduire le modèle primitif et apostolique [1455] aux systèmes
respectifs de leur propre administration. Le petit nombre de ceux qui ont
cherché à s’instruire, avec plus de bonne foi et d’impartialité, pensent [1456] que les apôtres
évitèrent de s’ériger en législateurs, et qu’ils aimèrent mieux endurer
quelques scandales et quelques divisions particulières, que d’ôter aux
chrétiens des âges futurs la liberté de varier les formes du gouvernement
ecclésiastique, selon les changements des temps et des circonstances. La
pratique de Jérusalem, d’Éphèse et de Corinthe, peut nous donner une idée du
plan d’administration qui fût adopté, de leur consentement, pour l’usage des
fidèles des premiers siècles. Les sociétés établies alors dans l’empire romain
n’étaient unies entre elles que par les liens de la foi et de la charité.
L’indépendance et l’égalité formaient la base de leur constitution intérieure.
Pour suppléer au manque de discipline et au défaut de connaissances humaines,
on avait recours à l’assistance des prophètes [1457]  : tout
chrétien, sans distinction d’âge, de sexe ou de talents naturels, avait droit
de remplir cette fonction sacrée ; et toutes les fois qu’il sentait l’impulsion
divine, il répandait les effusions de l’Esprit Saint, au milieu de l’assemblée
des fidèles. Mais souvent ces prophètes de l’Église primitive se permirent
l’abus ou une fausse application de ces dons extraordinaires. Ils les
déployaient mal à propos, se

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