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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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altérer la vérité de
l’histoire ; il sera toujours incontestable que les Barbares de la Scythie
et de la Germanie, qui renversèrent la monarchie romaine, étaient plongés dans
les ténèbres du paganisme, et que même en Ibérie, en Arménie et en Éthiopie, la
religion n’eut des succès marqués que quand le sceptre fut entre les mains d’un
empereur orthodoxe [1533] .
Avant cette époque, la guerre ou le commerce, pouvait bien avoir répandu une
connaissance imparfaite de l’Évangile, parmi les tribus de la Calédonie [1534] et parmi celles
qui demeuraient sur les bords du Rhin, du Danube et de l’Euphrate [1535] . Au delà du
dernier de ces fleuves, Édesse se distingua dès les premiers temps, par un
ferme attachement à la foi [1536] .
Les principes du christianisme passèrent aisément d’Edesse dans les villes
grecques et syriennes, qui obéissaient aux successeurs d’Artaxerxés ; mais il
parait qu’ils ne firent jamais une impression profonde sur l’esprit des Perses
dont le système religieux, ouvrage d’un ordre de prêtres bien disciplinés,
avait été construit avec beaucoup plus d’art et de solidité, que la mythologie
incertaine de la Grèce et de Rome [1537] .
    En jetant les yeux sur ce tableau fidèle, quoique imparfait,
des progrès du christianisme, il paraîtra peut-être probable que, d’un côté la
crainte, et de l’autre la dévotion, ont singulièrement exagéré le nombre des
prosélytes. Selon le témoignage irréprochable d’Origène [1538] , la multitude
des fidèles était fort peu considérable comparée à celle des idolâtres ;
mais, comme on ne nous a laissé aucun monument certain, il est impossible de
figer avec précision, et il serait même très difficile de déterminer par
conjecture le véritable nombre des premiers chrétiens. Le calcul le plus
favorable cependant qu’on puisse tirer des exemples d’Antioche et de Rome ne
nous permet pas de supposer que, de tous les sujets de .l’empire, il s’en soit
enrôlé plus de la vingtième partie sous la bannière de la croix avant la
conversion importante de Constantin, mais la nature de leur foi, de leur zèle
et de leur union, semblait les multiplier et les mêmes causes qui devaient
contribuer à leur accroissement futur, servirent à rendre leur force actuelle
plus apparente et plus formidable.
    Dans toute société civile, tandis que les richesses, les
honneurs et la science, sont le partage d’un petit nombre de personnes, le
corps du peuple est condamné à l’obscurité, à l’ignorance et à la pauvreté. La
religion chrétienne, qui s’adressait à tous les hommes, devait par conséquent
tirés beaucoup plus de prosélytes des derniers rangs que des classes
supérieures de la société. Cette circonstance simple et naturelle a été
représentée sous un jour très odieux ; et les moyens de défense employés
par les apologistes de la foi ne semblent pas aussi forts que les attaques de
leurs adversaires. On a prétendu que la nouvelle secte était presque entièrement
composée de la plus vile populace de  paysans et d’ouvriers, de femmes et
d’enfants, de mendiants et surtout d’esclaves dont elle se servait quelquefois
pour s’introduire dans les maisons nobles et opulentes auxquelles ils
appartenaient. Ces prédicateurs obscurs (telles étaient les injustes
imputations de la malignité), qui paraissent si muets en public ne sont occupés
en particulier qu’à parler et à dogmatiser ; évitant avec précaution la
rencontre des philosophes, ils s’attachent à  une multitude grossière et
ignorante ; et ils s’insinuent dans l’esprit de ceux que l’âge, le sexe ou
l’éducation ont surtout disposés à recevoir l’impression des terreurs
superstitieuses [1539] .
    Les couleurs sombres et les contours forcés de ce portrait,
quoiqu’il ne soit pas tout à fait dénué de ressemblance, décèlent le pinceau
d’un ennemi. Lorsque l’humble foi de Jésus-Christ se répandit dans le monde,
elle fut embrassée par plusieurs personnes qui jouissaient de la considération
attachée aux talents ou aux richesses. Aristide, qui adressa une apologie
éloquente à l’empereur Adrien était un philosophe d’Athènes [1540] . Saint Justin
martyr avait cherché la vérité dans les écoles de Zénon, d’Aristote, de
Pythagore et de Platon, avant le moment heureux où il fut abordé par le
vieillard, ou plutôt par l’ange, qui tourna tout à coup son attention vers
l’étude

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