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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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et la crue favorable des eaux de l’Euphrate ne permit point
aux Barbares de tenter le passage sur le pont de Thapsacus. L’habile Antoninus
changea son plan d’opérations, et conduisit l’armée par un long détour, mais à
travers des territoires fertiles, vers la source de l’Euphrate, où le peu de
profondeur de ses eaux offre un passage facile. Sapor dédaigna prudemment de
s’arrêter devant les murs de l’imprenable Nisibis ; mais en passant sous les
murs d’Amida, il voulut essayer si la majesté de sa présence n’amènerait pas
sur-le-champ à ses pieds la garnison pénétrée de respect et de terreur.
L’insolence d’un dard sacrilège qui, lancé au hasard vint effleurer son royal
diadème, le convainquit de son erreur ; et le monarque indigné n’écouta plus
qu’avec impatience l’avis de ses ministres, qui le conjuraient de ne pas
sacrifier à son ressentiment tout le succès de ses armes et de son ambition. Le
lendemain, Grumbates s’avança sous la porte de la ville, avec un corps de
troupes choisies, et somma la garnison de se rendre à l’instant, pour réparer
de la seule manière qui fut en son pouvoir un semblable trait d’audace et
d’insolence. On répondit à cette proposition par une grêle de traits, et un
javelot lancé d’une baliste traversa le cœur du fils unique de Grumbates, jeune
prince également remarquable par sa valeur et par sa beauté. Le fils du roi des
Chiorites fut inhumé avec toutes les cérémonies d’usage chez cette nation ; et
Sapor adoucit un peu la douleur du vieux guerrier en lui jurant que la coupable
ville d’Amida serait le bûcher funèbre qui servirait à expier la mort et à
perpétuer la mémoire de son fils.
    L’ancienne ville d’Amid ou Amida [2131] qu’on appelle
quelquefois Diarbekir [2132] ,
du nom de la province, est située avantageusement dans une plaine fertile
arrosée par le cours naturel du Tigre et par des canaux artificiels, dont le
plus considérable forme un demi cercle autour de la partie orientale de la
ville. L’empereur Constance lui avait récemment accordé l’honneur de porter son
nom, et l’avait fortifiée de nouveaux murs défendus par de hautes tours.
L’arsenal était muni de toutes les machines de guerre propres la défense ; et
la garnison avait été nouvellement renforcée de sept légions, quand la plaine
fût investie par les armées de Sapor [2133] .
Ce prince fondait sur un assaut général son premier et principal espoir. Les
différentes nations qui suivaient ses drapeaux prirent les postes qui leur
furent assignés ; la nation des Vertœ au midi : au nord les
Albaniens ; à l’orient les Chionites, enflammés par la douleur et
l’indignation ; et à l’occident les Ségestins, les plus braves de l’armée, dont
le front de bataille était couvert d’une ligne formidable d’éléphants [2134] . Les Persans de
tous côtés secondaient leurs efforts et animaient. leur courage. Sapor
lui-même, sans égards pour son rang hasardait sa propre vie, et pressait le
siége avec l’impétuosité d’un jeune soldat. Après un combat opiniâtre, les
Barbares furent repoussés. Ils revinrent à la charge, et furent repoussés
encore avec un épouvantable carnage. Deux légions rebelles des Gaules, qui
avaient été reléguées en Orient, signalèrent par une sortie leur courage
indiscipliné, et pénétrèrent, à la faveur de la nuit, jusqu’au milieu du camp
des Persans. Pendant la plus terrible de ces attaques répétées, Amida fut
trahie par un déserteur qui indiqua aux Barbares un escalier secret, taillé
dans le creux d’un rocher sur le bord du Tigre. Soixante-dix archers de la
garde royale montèrent en silence au troisième étage d’une tour très élevée qui
commandait le précipice, et attachèrent l’étendard royal, signal de confiance
pour les assaillants, et de désespoir pour les assiégés. Si ces braves avaient
pu se maintenir dans leur poste quelques instants de plus, peut-être, le
sacrifice généreux qu’ils firent de leur vie aurait-il du moins assuré la
réduction de la place. Après avoir essayé sans succès les assauts et les
stratagèmes, Sapor eut recours aux opérations plus lentes, mais plus sûres,
d’un siège régulier, dont les travaux furent dirigés par des déserteurs
romains. On ouvrit la tranchée à une distance convenable, et les soldats
destinés à ce service s’approchèrent, couverts de fortes claies, pour remplir
le fossé et sapé le

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