Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
Vom Netzwerk:
étaient, précipités au
trône. Les États libres qui avaient embrassé la cause de Rome, admis d’abord en
apparence au rang d’alliés, furent ensuite insensiblement réduits en servitude.
Des ministres nommés par le sénat et par les empereurs exerçaient une autorité
absolue et sans bornes. Mais les maximes salutaires  du gouvernement, qui
avaient assuré la paix et la soumission de l’Italie, pénétrèrent dans les
contrées les plus éloignées. L’établissement des colonies et le droit de
bourgeoisie accordé aux sujets distingués par leur mérite et leur fidélité,
formèrent bientôt une nation de Romains sur toute la surface de l’empire.
    Partout où le Romain porte ses conquêtes, il établit son
habitation , dit très bien Sénèque [134]  ;
l’histoire et l’expérience ont confirmé cette observation. Les habitants de
l’Italie, attirés par l’attrait du plaisir et de l’intérêt, se hâtaient de
jouir des fruits de la victoire. Quarante ans après la réduction de l’Asie,
quatre-vingt mille Romains furent massacrés en un seul jour par les ordres du
cruel Mithridate [135] .
Ces exilés volontaires consentaient à vivre, loin de leur patrie pour se livrer
au commerce, à l’agriculture et à la perception des revenus publics. Dans la
suite, lorsque sous les empereurs les légions eurent été rendues permanentes,
toutes les provinces se peuplèrent de familles de soldats ; les vétérans,
après avoir reçu la récompense de leurs services, en argent ou en terres,
avaient coutume de s’établir avec leurs familles dans le pays qui avait été le
théâtre de leurs exploits. Dans tout l’empire, mais principalement dans la
partie occidentale, on réservait les terrains les plus fertiles et les
positions les plus avantageuses pour les colonies, dont les unes étaient
d’institution civile, et les autres d’une nature militaire. Dans leurs mœurs et
dans l’administration intérieure, elles présentaient une image parfaite de la
métropole. Elles contribuaient à faire respecter le nom romain ; les
habitants du pays ou elles étaient situées, unis bientôt avec elles par des
alliances et par les nœuds de l’amitié, ne manquaient pas d’aspirer, dans l’occasion
favorable, aux mêmes honneurs et aux mêmes avantages, et manquaient rarement de
les obtenir [136] .
Les villes municipales parvinrent insensiblement au rang et à la splendeur des
colonies. Sous Adrien, l’on disputait pour savoir quel sort devait être préféré,
ou celui de ces sociétés que Rome avait tirées de son sein, ou celui des
peuples qu’elle y avait reçus [137] .
Le droit de Latium était d’une espèce particulière : dans les villes qui
jouissaient de cette faveur, les magistrats seulement prenaient, à l’expiration
de leurs offices, la qualité de citoyen romain ; mais comme, ils étaient
annuels, les principales familles se trouvaient bientôt revêtues de cette
dignité [138] .
Ceux des habitants des provinces à qui on permettait de porter les armés dans
les légions [139] ,
ceux qui exerçaient quelque emploi civil ; en un mot,  tous ceux qui
avaient servi l’État d’une manière quelconque, ou déployé quelque talent
personnel, recevaient pour récompense un présent dont le prix diminuait tous
les jours par la libéralité excessive des empereurs. Cependant, dans le siècle
des Antonins, ce titre était encore accompagné d’avantages réels, quoiqu’il eût
été alors accordé à un très grand nombre de sujets. Il procurait aux gens du
peuple le bénéfice des lois romaines, particulièrement dans les mariages, les
successions et les testaments ; et il ouvrait une carrière brillante à
ceux dont les prétentions étaient secondées par la faveur ou par le mérite. Les
petits-fils de ces Gaulois qui avaient assiégé Jules César dans Alésia [140] , commandaient
des légions, gouvernaient des provinces, et étaient admis dans le sénat de Rome [141]  ; leur
ambition, au lieu de troubler la tranquillité publique, se trouvait étroitement
liée à la grandeur et à la sûreté de l’État.
    Les Romains n’ignoraient pas l’influence du langage sur les
mœurs ; aussi s’occupèrent-ils sérieusement des moyens d’étendre avec leurs
conquêtes l’usage de la langue latine [142] .
Il ne resta aucune trace des différents dialectes de l’Italie :
l’étrusque, le sabin et le vénète, disparurent. Les provinces de l’Orient ne
furent pas aussi dociles à la

Weitere Kostenlose Bücher