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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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sujets de Rome, ayant reçu une éducation libérale,
il était presque impossible d’en trouver qui ignorassent l’une et l’autre de
ces langes universelles.
    Ce fut par de semblables institutions que les nations de
l’empire se confondirent insensiblement dans ce même nom et ce même peuple
romain ; mais il existait toujours au centre de toutes les provinces et
dans le sein de chaque famille, une classe d’hommes infortunés, destinés à
supporter toutes les charges de la société sans en partager les avantages. Dans
les États libres de l’antiquité, les esclaves domestiques étaient exposés à
toute la rigueur capricieuse du despotisme. L’établissement complet de l’empire
romain avait été précédé par des siècles de violence et de rapines. Les
esclaves étaient, pour la plupart, des Barbares captifs, que le sort des armes
faisait tomber par milliers entre les mains du vainqueur [151] , et que l’on
vendait à vil prix [152] .
Impatients de briser leurs fers, ils ne respiraient que la vengeance, et
regrettaient sans cesse cette vie indépendante à laquelle ils avaient été
accoutumés. Le désespoir leur donna souvent des armes, et leur soulèvement mit
plus d’une fois la république sur le penchant de sa ruine [153] . On établit
contre ces ennemis dangereux de sévères règlements [154] et des
châtiments cruels, que la nécessité seule pouvait justifier. Mais. lorsque les
principales nations de l’Asie, de l’Europe et de l’Afrique, eurent été réunies
sous un seul gouvernement, les sources étrangères de l’abondance des esclaves
commencèrent à se tarir ; et pour, en entretenir toujours le même nombre,
les Romains furent obligés d’avoir recours à des moyens plus doux, mais moins
prompts [155] : ils encouragèrent les mariages entre leurs nombreux esclaves, et surtout à la
campagne. Les sentiments de la nature, les habitudes de l’éducation, la
possession d’une sorte de propriété dépendante, contribuèrent à adoucir les
peines de la servitude [156] .
L’existence d’un esclave devint un objet plus précieux ; et quoique son
bonheur tînt toujours au caractère et à la fortune de celui dont il dépendait,
la crainte n’étouffait plus la voix de la pitié, et l’intérêt du maître lui
dictait des sentiments plus humains. La vertu ou la politique des souverains
accéléra le progrès des mœurs ; et, par les édits d’Adrien et des
Antonins, la protection des lois s’étendit jusque sur la classe la plus abjecte
de la société. Après bien des siècles, le droit de vie et de mort sur les
esclaves fut enlevé aux particuliers, qui en avaient si souvent abusé ; il
fut réservé aux magistrats seuls. L’usage des prisons souterraines fut aboli,
et dès qu’un esclave se plaignait d’avoir été maltraité injustement, il
obtenait sa délivrance ou un maître moins cruel [157] .
    L’espérance, le plus consolant appui de notre imparfaite
existence, n’était pas refusée à l’esclave romain. S’il trouvait quelque
occasion de se rendre utile ou agréable, il devait naturellement s’attendre
qu’après un petit nombre d’années, son zèle et sa fidélité seraient récompensés
par le présent inestimable de la liberté. Souvent les maîtres n’étaient portés
à ces actes de générosité que par la vanité et par l’avarice : aussi les lois
crurent-elles plus nécessaire de restreindre que d’encourager une libéralité
prodigue et aveugle, qui aurait pu dégénérer en un abus très dangereux [158] . Selon la
jurisprudence ancienne, un esclave n’avait point de patrie ; mais dès
qu’il était libre, il était admis dans la société politique dont son patron
était membre. En vertu de cette maxime, la dignité de citoyen serait devenue
indistinctement le partage de la multitude : on jugera donc à propos
d’établir d’utiles exceptions, et cette distinction honorable fut accordée
seulement, et avec l’approbation du magistrat, aux esclaves qui s’en étaient
rendus dignes, et qui avaient été solennellement et légalement affranchis :
encore n’obtenaient-ils que les droits privés des citoyens, et ils étaient
rigoureusement exclus des emplois civils et du service militaire. Leurs fils
étaient pareillement incapables de prendre séance dans le sénat, quels que
pussent être leur mérite et leur fortune, les traces d’une origine servile ne
s’effaçaient entièrement qu’à la troisième ou quatrième

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