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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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qui, dès les premiers jours de son règne, reconnut et adopta la majesté
du vrai et seul Dieu de l’univers [2172] .
Le savant Eusèbe attribut la foi de Constantin au signe miraculeux qu’il
aperçut dans le ciel lorsqu’il préparait son expédition d’Italie [2173] . L’historien
Zozime assure malicieusement que l’empereur avait trempé ses mains dans le sang
de son fils aîné, avant de renoncer publiquement aux dieux de Rome et de ses
ancêtres [2174] .
Constantin a donné lieu lui-même, par sa conduite, aux doutes que font naître
ces différentes autorités. Selon la rigueur du langage ecclésiastique, le
premier des empereurs chrétiens ne mérita ce nom qu’au moment de sa mort,
puisque ce fut dans sa dernière maladie que, comme catéchumène, il reçut
l’imposition des mains [2175] ,
et qu’on admit ensuite au nombre des fidèles par la cérémonie initiatoire du
baptême [2176] .
Le christianisme de Constantin doit être pris dans un sens palus vague et moins
rigoureux ; et l’on a besoin de la plus sévère attention poursuivre le fil des
gradations lentes et presque imperceptibles qui ont conduit le monarque à se
déclarer le protecteur, et enfin le prosélyte de l’Église. Il lui fallut du
temps pour renoncer aux habitudes et aux préjugés de son éducation, pour
reconnaître la divine toute-puissance du Christ, et pour comprendre que la
vérité de sa révélation était incompatible avec le culte des dieux. La peine
qu’il eut sans doute à vaincre ses propres sentiments lui apprit à préparer
avec circonspection l’important changement du culte national, et il découvrit
insensiblement ses nouvelles opinions à mesure qu’il vit plus de jour à leur
donner de l’influence et de l’autorité. Pendant tout le cours de son règne la
foi chrétienne se répandit par une progression douce, quoique accélérée ; mais
elle fut quelquefois passagèrement arrêtée dans sa marche, et quelquefois
détournée de sa tendance générale, par des circonstances politiques, par la
prudence, et peut-être par le caprice du souverain. Il permettait à ses
différents ministres d’annoncer ses ordres dans le style qui convenait le mieux
à leurs principes [2177]  ;
et il balançait avec art les craintes et les espérances de ses sujets, en
publiant dans la même année deux édits, dont l’un recommandait d’observer solennellement
le dimanche [2178] ; tandis que l’autre ordonnait de consulter régulièrement les aruspices [2179] . Incertains
dans l’attente de cette importante révolution, les chrétiens et les païens
examinaient la conduite de Constantin avec une égale anxiété ; mais avec des
dispositions bien différentes : les uns par zèle et par vanité, exagéraient les
marques qu’ils recevaient de sa faveur et les témoignages de sa foi ; les
autres, au contraire, jusqu’au moment où leurs craintes se changèrent en
désespoir et en ressentiment, tâchèrent de cacher au public, et de se
dissimuler à eux-mêmes que les dieux de Rome ne pouvaient plus compter le chef
de l’empire au nombre de leurs adorateurs. Conduits par des passions et des
préjugés de la même nature, les écrivains du temps, selon le parti qu’ils
suivaient, ont fixé la profession de foi de Constantin à la plus brillante ou à
la plus honteuse époque de son règne.
    Quelques indices que les discours ou les actions de
Constantin aient pu donner de sa piété chrétienne, il n’en persévéra pas moins
jusqu’à l’âge d’environ quarante ans dans la pratique de l’ancienne religion [2180]  ; et la
conduite qui, dans la cour de Nicomédie, avait pu être motivé par ses craintes,
devait être regardée dans le souverain des Gaules comme l’effet de son penchant
où de sa politique. Il rétablit les temples des dieux, et es enrichit de ses
libéralités. Les médailles frappées dans les monnaies impériales étaient
toujours empruntes des figures et des attributs de Jupiter, et d’Apollon,
d’Hercule et de Mars ; et sa piété filiale augmenta le conseil de l’Olympe par
l’apothéose solennelle de son père Constance [2181] . Mais
Constantin avait une dévotion particulière pour le génie du Soleil, l’Apollon
de la Mythologie grecque et romaine. Il aimait à se voir représenter avec les
symboles du dieu de la lumière et de la poésie. Les flèches redoutables de
cette divinité, le feu de ses regards, sa couronne de lauriers, sa beauté
immortelle, et la noble élégance de

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