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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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du succès [2161] .
La consternation des Germains après la bataille de Strasbourg, encouragea sa
première tentative ; et la répugnance des troupes céda bientôt à
l’éloquence persuasive d’un commandant qui partageait les fatigues et les
dangers qu’il imposait au moindre de ses soldats. Les villages des deux côtés
du Mein, abondamment approvisionnés de grains et de troupeaux, essuyèrent tous
les maux qui accompagnent l’invasion d’une armée. Les principales maisons
construites, du moins en partie, à l’imitation de celles des Romains, furent la
proie des flammes, et le César avança hardiment l’espace de dix milles ; il fut
alors arrêté par une forêt sombre et impénétrable, minée de passages
souterrains qui menaçaient à chaque pas l’assaillant d’embûches secrètes. La
terre était déjà couverte de neige ; Julien, après avoir réparé un ancien
château bâti par Trajan accorda aux Barbares consternés une trêve de six mois.
À l’expiration de la trêve, Julien entreprit une seconde expédition au delà du
Rhin, pour humilier l’orgueil de Surmar et d’Hortaire, deux rois des Allemands,
qui avaient combattu à la bataille de Strasbourg. Ils s’engagèrent  à rendre
tous les prisonniers romains encore existants, et Julien, s’était procuré dans
les villes et dans les villages de la Gaule une liste exacte des habitants
qu’ils avaient perdus, découvrit toutes les tentatives qu’on faisait pour le
tromper avec une promptitude et une facilité qui lui donnèrent presque la
réputation d’une intelligence surnaturelle. Sa troisième expédition fut encore
plus brillante et plus importante que les deux précédentes. Les Germains
avaient rassemblé toutes leurs forces, et longeaient le bord opposé de la
rivière dans le dessein de détruire le pont, et de s’opposer au passage des
Romains ; mais ce sage plan de défense fût déconcerté par une savante
diversion. Trois cents soldats armés à la légère, partagés dans quarante petits
bateaux, descendirent la rivière en silence et eurent ordre de débarquer à une
petite distance des postes de l’ennemi. Ils exécutèrent cet ordre avec tant
d’audace et de célérité, que les chefs des Barbares, plongés dans la sécurité
de l’ivresse, furent sur le point d’être surpris au retour d’une fête nocturne.
Sans reproduire les tableaux uniformes et rebutants du carnage et de la
dévastation, il suffira de dire que Julien dicta comme il lui plut les
conditions de la paix à six des plus puissants rois des Allemands. On permit à
trois d’entre eux d’examiner la sévère discipline et la pompe martiale d’un
camp romain. Suivi de vingt mille captifs délivrés de leurs chaînes, le César
repassa le Rhin, après avoir terminé une guerre dont le succès a été comparé
aux célèbres victoires remportées sur les Cimbres et sur les Carthaginois.
    Dès que Julien, par sa valeur et par son intelligence, se
fut assuré d’un intervalle de paix, il assura son loisir d’un ouvrage plus
intéressant pour l’humanité et pour son caractère philosophe. Les villes de  la
Gaule dévastées par les Barbares furent promptement réparées. On nomme
particulièrement sept postes importants entre Metz et l’embouchure du Rhin, qui
furent, dit-on, reconstruits et fortifiés par les ordres de Julien [2162] . Les Germains
vaincus s’étaient soumis à la juste mais humiliante condition de préparer et de
transporter les matériaux. Le zèle actif de Julien pressa l’ouvrage ; et tel
était l’esprit qu’il avait répand parmi ses troupes, que les auxiliaires,
renonçant à l’exemption des travaux, disputaient d’activité avec les soldats
romains pour l’exécution des services les plus pénibles. Les soins du jeune
César ne se bornèrent point à la sûreté des peuples et des garnisons ; il
fallut encore pourvoir leur subsistance. La désertion des uns et la révolte des
autres auraient été la suite funeste et inévitable d’une famine. La culture des
provinces gauloises avait été interrompue par les calamités de la guerre ; mais
les soins paternels de Julien firent suppléer l’abondance de l’île voisine à la
disette du continent. Six cents barques, construites dans la forêt des
Ardennes, revinrent plusieurs fois des côtes de la Grande-Bretagne chargées de
grains, et  remontant le Rhin, distribuèrent leur cargaison dans les villes et
les forteresses situées sur ses rives [2163] .
Les

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