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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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ses attributs, semblaient la désigner pour
le protecteur d’un jeune héros. Les autels d’Apollon, furent souvent couverts
des offrandes votives de Constantin. La multitude crédule se laissait persuader
que l’empereur avait eu l’honneur de contempler la majesté visible de ce dieu
tutélaire et que, soit éveillé, soit dans les visions d’un songe, il en avait
reçu l’heureux présage d’un règne long et victorieux. On adorait
universellement le Soleil comme le guide et le protecteur invincible de
Constantin ; et les païens pouvaient raisonnablement croire que le dieu outragé
poursuivrait de son implacable vengeance l’ingratitude et l’impiété de son
favori [2182] .
    Tant que Constantin n’eut dans les Gaules qu’un pouvoir
limité, ses sujets chrétiens furent protégés par l’autorité, et peut-être par
les lois d’un prince qui laissait sagement aux dieux le soin de venger leur
injure. Si nous pouvons en croire Constantin lui-même, il avait été témoin,
avec indignation, des horribles cruautés exercées par les soldats romains sur
des. citoyens dont la religion faisait tout le crime [2183] . Dans l’Orient
et dans l’Occident, il avait été à même de connaître les différents effets de
l’indulgence et de la sévérité. L’exemple de Galère, son implacable ennemi, lui
rendait la dernière plus odieuse, et il était invité à la première par
l’autorité de son père, qui, au moment de sa mort lui en avait recommandé
l’imitation. Le fils de Constance suspendit immédiatement ou annula les édits
de persécution ; tous eux qui s’étaient déjà déclarés membres de l’Église
obtinrent le libre exercice de leurs cérémonies religieuses ; et ils eurent
bientôt lieu de compter également sur la faveur et sur la justice de leur
souverain, qui commençait à sentir secrètement un respect sincère pour le nom
de Christ et pour le dieu des chrétiens [2184] .
    Environ cinq mois après la conquête de l’Italie, l’empereur
fit de ses sentiments une déclaration solennelle et authentique par le fameux
édit de Milan, qui rendit la paix à l’Église catholique. Dans l’entrevue des
deux princes de l’Occident Constantin, par l’ascendant de sa puissance et de
son génie, obtint l’approbation de Licinius ; leurs noms et leur autorité,
réunis désarmèrent la fureur de Maximin ; et, après la mort du tyran de
l’Orient, l’édit de Milan fut reconnu pour une loi fondamentale dans tout le
monde romain [2185] .
La sagesse des deux empereurs, pourvut à la restitution des droits civils et
religieux dont on avait si injustement privé les chrétiens. On ordonna que sans
discussion, sans délais, et sans frais, ils seraient remis en pleine possession
de leurs églises et des terres qui leur avaient été confisquées. Cette
injonction rigoureuse fut adoucie par la promesse d’indemniser, du trésor
impérial, ceux d’entre les acquéreurs qui auraient payé ces objets à leur
valeur réelle. Les sages règlements relatifs à la future tranquillité des
fidèles, sont fondés sur les grands principes d’une tolérance égale pour tous ;
et cette égalité devait être regardée, par une secte nouvelle, comme une
distinction avantageuse et honorable. Les deux empereurs déclarent à l’univers
qu’ils accordent aux chrétiens et à tous autres la liberté de suivre et de
professer la religion qu’ils préfèrent que leur cœur leur dicte, où qu’ils
trouvent plus conforme à leur inclination. Ils expliquent soigneusement tous
les mots susceptibles d’ambiguïté, rejettent toute exception et ordonnent aux
gouverneurs des provinces de se conformer strictement au sens clair et simple
de l’édit, par lequel ils prétendent établir et assurer, sans aucune
restriction, les droits de la liberté religieuse. Ils daignent s’expliquer sur
les deux puissants motifs de cette tolérance universelle, le désir bienfaisant
de rendre le peuple heureux et tranquille, et le pieux espoir d’apaiser par
cette conduite et de rendre propice la divinité qui siège dans le ciel.
Les empereurs déclarent avec reconnaissance qu’ils ont déjà reçu de preuves
signalées de la faveur divine et espèrent que la même Providence continuera
d’assurer, par sa protection, la prospérité du prince et des sujets de
l’empire. Ces expressions vagues de piété donnent lieu à trois suppositions,
qui, bien que d’une nature bien différente, ne sont pas incompatibles.

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