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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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puissent être divisés par des
distinctions de si peu d’importance ; et il recommande sérieusement au clergé
d’Alexandrie l’exemple des philosophes de la Grèce, qui soutenaient leurs
arguments sans colère, et conservaient la liberté des opinions sans manquer aux
devoirs de l’amitié. L’indifférence dédaigneuse du souverain aurait peut-être
anéanti la dispute, si le torrent populaire avait été moins rapide et moins
impétueux, ou si Constantin lui-même avait pu conserver cette froideur prudente
au milieu du fanatisme et des factions. Mais ses ministres ecclésiastiques
trouvèrent bientôt le moyen d’égarer en lui l’impartialité du magistrat, et de
réveiller le zèle du prosélyte. Il fut irrité des insultes faites à ses statues
; il s’alarma de la grandeur réelle et encore plus de la grandeur imaginaire
d’un mal qui faisait de si rapides progrès ; et du moment où il rassembla trois
cents évêques dans les murs d’un même palais, il éteignit tout espoir de
réunion et de tolérance. La présence du monarque augmentait l’importance des
débats, son attention multipliait les arguments, il s’exposait lui-même avec
une intrépidité patiente qui animait la valeur des combattants. On a fort
exalté l’éloquence et la sagacité de Constantin [2383] . Cependant un
général romain dont la religion était encore douteuse, et dont l’esprit n’était
éclairé ni par l’étude ni par l’inspiration ; était peu capable sans doute de
discuter en langue grecque une question métaphysique, ou un article de foi.
Mais le crédit d’Osius, son favori, qui paraît avoir présidé au concile de
Nicée, peut avoir disposé Constantin en faveur du parti orthodoxe, et l’avoir
animé contre les hérétiques ; le soin qu’on prit de lui insinuer à propos que
ce même Eusèbe de Nicomédie, qui se déclarait alors leur protecteur, avait
précédemment favorisé l’usurpateur durant la guerre civile, dut encore
l’exaspérer contre eux [2384] .
Constantin ratifia le symbole de Nicée, et cette déclaration positive que ceux
qui résisteraient au jugement divin du concile pouvaient se préparer à l’exil,
étouffa sur le champ les murmures d’un petit nombre d’opposants. De dix-sept
évêques qui protestaient, le nombre fut immédiatement réduit à deux. Eusèbe de
Césarée donna un consentement équivoque à l’ homoousion [2385] , et la conduite
faible et incertaine d’Eusèbe de Nicomédie ne servit qu’à retarder d’environ
trois mois sa disgrâce et son exil [2386] .
On bannit l’impie Arius dans le fond de l’Illyrie, et ses disciples furent
flétris par la loi de la dénomination odieuse de porphyriens. On brûla
publiquement ses écrits, et il fut défendu, sous peine de la vie, d’en
conserver. Enfin l’empereur s’était pénétré de l’esprit de la controverse, et
le style de ses édits, pleins de sarcasmes et d’invectives, avait pour but
d’inspirer à ses sujets la haine qu’il ressentait contre les ennemis du christ [2387] .
    Mais, comme si la conduite de Constantin eût été l’effet de
sa colère plutôt que de ses principes, trois ans s’étaient à peine écoulés depuis
le concile de Nicée, qu’il laissa apercevoir quelques symptômes de pitié, et
même d’indulgence, pour la secte proscrite que protégeait en secret celle de
ses sœurs qu’il aimait le plus ; il rappela les exilés ; et Eusèbe de
Nicomédie, reprenant bientôt son ascendant sur l’esprit de Constantin, fut
remis en possession du siège épiscopal dont il avait été ignominieusement
chassé. Arius lui-même reçut à la cour les honneurs et les respects que l’on
doit à l’innocence opprimée. Le synode de Jérusalem approuva sa doctrine, et
l’empereur parut empressé de réparer son injustice, en le faisant admettre par
un ordre absolu, à la communion publique dans la cathédrale de Constantinople.
Arius mourut le jour même où il devait jouir de son triomphe. Les étonnantes et
horribles circonstances de sa mort ont donné à penser que les saints orthodoxes
avaient contribué par des moyens plus efficaces que leurs prières, à délivrer
l’Église du plus formidable de ses ennemis [2388] .
D’après différentes accusations, saint Athanase d’Alexandrie, Eustache à
Antioche et Paul de Constantinople, les principaux chefs du parti catholique,
furent jugés et déposés sur les sentences de plusieurs conciles. Constantin les
relégua dans les

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