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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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sur leurs passions ; ils exerçaient plus rarement leur imagination dans
l’art dangereux de la dispute ; et telle était l’heureuse ignorance de l’Église
gallicane, que plus de trente ans après le premier concile général, saint
Hilaire lui-même n’avait point encore connaissance du symbole de Nicée [2377] . Les Latins
n’avaient reçu les lumières de la science divine que par le moyen faible,
obscur et douteux, d’une traduction. La pauvreté et l’inflexibilité naturelles
de leur langue manquaient souvent d’équivalents pour les termes grecs et pour
les mots techniques de la philosophie platonicienne [2378] , qui avaient
été consacrés par l’Évangile ou par l’Église à exprimer les mystères de la foi
chrétienne. Un seul mot défectueux aurait pu introduire dans la théologie
latine une longue suite d’erreurs et de perplexités [2379] . Mais comme les
provinces occidentales avaient eu le bonheur de puiser leur religion dans une
source orthodoxe, elles conservèrent avec constance la doctrine qu’elles
avaient reçue avec docilité ; elles avaient été munies, par les soins,
paternels du pontife romain, du préservatif efficace de l’ homoousion avant que la contagion de l’arianisme se fût étendue jusqu’à leurs frontières.
Leurs caractères et leurs sentiments se firent connaître dans le synode
mémorable de Rimini ; plus nombreux que le concile de Nicée, puisqu’il
rassembla plus de quatre cents évêques d’Italie, d’Afrique, d’Espagne, des
Gaules, de la Bretagne et de l’Illyrie. Après les premiers débats, le parti
arien se trouva composé de quatre-vingts évêques, quoique tous affectassent
d’anathématiser le nom et la mémoire d’Arius. L’infériorité de ce nombre était
compensée par les avantages de l’adresse, de l’expérience et de la conduite.
Ursace et Valens, deux prélats d’Illyrie, dirigeaient la minorité ; ils avaient
passé leur vie dans les conciles et dans les intrigues des cours et s’étaient
formés sous le savant Eusèbe dans les guerres religieuses de l’Orient. A force
d’arguments et de négociations, ils embarrassèrent, étourdirent et trompèrent
l’honnête simplicité des évêques latins, qui se laissèrent enlever le palladium
de la foi plus par ruse et par importunité que par violence. On empêcha le
concile de Rimini de se séparer jusqu’à ce que ses membres eussent signé une
profession de foi captieuse dans laquelle on inséra, en place de l’ homoousion ,
quelques expressions susceptibles d’une interprétation hérétique. Ce fut dans
cette occasion que, selon saint Jérôme, l’univers s’étonna de se trouver arien [2380] . Mais les
évêques des provinces latines, à peine arrivés dans leurs diocèses,
s’aperçurent de leur erreur, se repentirent de leur faiblesse, et désavouèrent
avec horreur leur ignominieuse capitulation. L’ homoousion , dont les
fondements n’avaient été qu’ébranlés, se trouva plus solidement établi que
jamais dans toutes les Églises de l’Occident [2381] .
    Tels furent la naissance, les progrès et les révolutions des
disputes théologiques qui troublèrent la paix de la chrétienté sous les règnes
de Constantin et de ses fils. Mais comme ces princes prétendaient étendre leur
despotisme sur les opinions comme sur la fortune et sur la vie de leurs sujets,
le poids de leur suffrage entraînait souvent la balance ecclésiastique, et les
prérogatives du roi du ciel étaient fixées, changées ou modifiées dans le
cabinet d’un roi de la terre.
    Quoique le funeste esprit de discorde qui avait pénétré dans
toutes les provinces de l’Orient eût troublé le triomphe de Constantin, il vit
d’abord l’objet de la dispute avec une froide indifférence. Ignorant encore que
les querelles théologiques fussent si difficiles à apaiser, il écrivit avec
douceur aux deux antagonistes, Alexandre et Arius [2382] ; et il paraît
avoir plutôt écouté dans sa lettre la raison indépendante d’un politique ou
d’un soldat, que les principes ou les suggestions de ses conseillers ecclésiastiques.
Constantin attribue l’origine de cette controverse à une dispute subtile et
frivole sur un point incompréhensible de la loi. Il blâme également
l’indiscrétion du prélat qui a élevé la question, et l’imprudence du prêtre qui
a voulu la résoudre. Il s’afflige que des chrétiens qui adorent le même Dieu,
qui ont la même religion et la même doctrine,

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