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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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défendirent la
cause de la justice et de la religion, dans les débats publics et dans leurs
conférences particulières avec l’empereur. Ils lui déclarèrent que ni l’espoir
de sa faveur ni la crainte de sa colère ne les feraient consentir à condamner
un confrère absent, innocent et respectable [2430] . Ils
affirmaient, avec une apparence de raison, que le décret illégal du concile de
Tyr était annulé depuis longtemps par les édits de l’empereur lui-même, par la
réinstallation honorable de l’archevêque d’Alexandrie, et par la rétractation
ou le silence de ses plus bruyants adversaires. Ils alléguaient que son
innocence avait été unanimement attestée par tous les évêques de l’Égypte, et
reconnue dans les conciles de Rome et de Sardica [2431] , par la
sentence impartiale de l’Église latine ; et ils déploraient la destinée
rigoureuse d’Athanase, qui, après avoir joui si longtemps de sa dignité, d’une
grande réputation et de la confiance apparente de son souverain, se trouvait
exposé de nouveau à se justifier d’accusations fausses et extravagantes. Leurs
raisons paraissaient justes et leur conduite était respectable ; mais dans ce
débat long et opiniâtre, qui fixait tous les yeux de l’empire sur un seul
évêque, les deux factions ecclésiastiques étaient réciproquement disposées à
sacrifier la justice et la vérité à leur principal objet, qui était d’écarter
ou de soutenir l’intrépide défenseur du symbole de Nicée. Les ariens jugeaient
prudent de déguiser encore, sous un langage ambigu, leurs vrais sentiments et
leurs projets réels ; mais les évêques orthodoxes, soutenus de la faveur du
peuple et du décret d’un concile général, insistèrent dans toutes les
occasions, et particulièrement à Milan, sur la tache d’hérésie dont leurs
adversaires devaient nécessairement se laver avant d’être reçus à juger la
conduite de saint Athanase [2432] .
    Mais la voix de la raison, en supposant qu’elle fût du côté
d’Athanase, fut réduite au silence par les clameurs d’une majorité factieuse et
vénale ; et les conciles d’Arles et de Milan ne se séparèrent qu’après avoir
solennellement condamné et déposé l’archevêque d’Alexandrie par la double
sentence du clergé d’Orient et de celui d’Occident. On requit les évêques
opposants de la souscrire et de s’uni en une seule communion religieuse avec
les chefs suspects de leurs adversaires. Des messagers d’État portaient une
formule de consentement aux évêques absents et l’empereur, sous le prétexte
d’exécuter les décrets de l’Église catholique, bannissait immédiatement ceux
qui refusaient de soumettre leur opinion particulière à la sagesse inspirée des
conciles d’Arles et de Milan. Parmi ces évêques confesseurs qui subirent
l’honorable peine de l’exil, on distingue particulièrement Liberius de Rome,
Osius de Cordoue, Paulin de Trèves, Denys de Milan, Eusèbe de Vercelles,
Lucifer de Cagliari et Hilaire de Poitiers. Le rang distingué de Liberius, qui
gouvernait la capitale de l’empire, le mérite personnel et la longue expérience
du vénérable Osius, l’ancien favori du grand Constantin, et le père de la foi
de Nicée, plaçaient ces évêques à la tête de l’Église latine, et leur exemple,
soit de résistance ou de soumission, pouvait entraîner une foule de prélats.
Mais toutes les tentatives de l’empereur pour séduire ou pour intimider les
évêques de Rome et de Cordoue furent longtemps inutiles. L’Espagnol déclara qu’il
était prêt à souffrir sous Constance ce qu’il avait éprouvé soixante ans avant
sous son grand-père Maximien. Le Romain soutint, en présence de son souverain,
l’innocence d’Athanase, et la liberté de sa propre conscience. Lorsqu’on
l’exila à Bérée dans la Thrace, il renvoya une somme considérable d’argent qui
lui avait été offerte pour fournir aux besoins de son voyage, et se permit
d’insulter la cour de Milan, en observant que l’empereur et ses eunuques
pourraient avoir besoin de cet or pour acheter des soldats et des évêques [2433] . La fermeté
d’Osius et de Liberius ne tint cependant pas contre la gêne et les incommodités
de leur exil. Le pontife romain acheta son retour par des concessions
criminelles, qu’il expia ensuite par un juste repentir. On employa successivement
la persuasion et la violence pour arracher la signature de l’évêque de Cordoue,
vieillard

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