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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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centenaire, dont les forces étaient épuisées, et dont le grand âge
avait probablement affaibli les facultés intellectuelles. Quelques membres de
l’Église orthodoxe, irrités du triomphe insultant des ariens, ont jugé avec une
sévérité cruelle la réputation ou plutôt la mémoire d’un vieillard infortuné à
qui le christianisme même avait de si grandes obligations [2434] .
    La faiblesse de Liberius et d’Osius donna encore plus
d’éclat à la fermeté des évêques qui restèrent fidèles à la cause d’Athanase et
de leur conscience. L’ingénieuse malveillance de leurs ennemis, pour les priver
des consolations et des conseils qu’ils pouvaient recevoir les uns des autres
avait dispersé ces illustres exilés dans les provinces les plus éloignées. En
les séparant les uns des autre, on avait eu soin de les placer dans les cantons
les plus inhabitables de ce grand empire [2435] .
Mais ils éprouvèrent bientôt que les déserts de la Libye et les recoins les
plus barbares de la Cappadoce étaient moins inhospitaliers que ces villes dans
lesquelles un évêque arien pouvait satisfaire impunément les ressentiments
envenimés de sa haine théologique [2436] .
Ils trouvaient leur consolation dans la droiture de leur conduite, dans leur
indépendance, dans les applaudissements, les visites, les lettres, les aumônes
libérales de leurs partisans [2437] ,
et dans les dissensions qui ne tardèrent pas à diviser les adversaires de la
foi de Nicée. Telles étaient les capricieuses délicatesses de la dévotion de
Constance ; et sa facilité à s’offenser de la plus légère déviation de la règle
de foi qu’il avait imaginée, qu’il persécutait avec un zèle égal ceux qui
affirmaient la consubstantialité, ceux qui croyaient à la parité de substance
et ceux qui niaient la similitude du père et du fils. Il eût été possible que
trois évêques dégradés et bannis pour des opinions contraires, se
rencontrassent dans le même lieu d’exil, et chacun d’eux, selon son caractère,
aurait pris en pitié ou tourné en ridicule l’aveugle enthousiasme de ses
adversaires, qui se condamnaient dans ce monde à des souffrances dont ils ne
recevaient pas la récompense dans l’autre.
    La disgrâce et l’exil des évêques orthodoxes de l’Occident
n’étaient que les moyens préparatoires de la chute d’Athanase [2438] . Vingt-six mois
s’étaient écoulés durant lesquels la cour impériale avait mis en usage toutes
sortes d’artifices, pour l’éloigner d’Alexandrie et le priver des secours qu’il
recevait de la libéralité des citoyens. Mais quand le primat d’Égypte,
abandonné et condamné par le clergé latin, se trouva dépourvu de tout secours
étranger, Constance fit partir deux de ses secrétaires chargés verbalement
d’annoncer le bannissement d’Athanase, et de le faire exécuter. Comme la justice
de cette sentence était publiquement reconnue par tout le parti, l’empereur ne
pouvait avoir d’autre motif pour ne pas donner ses ordres par écrit que la
crainte de l’évènement, et le danger auquel la seconde ville de l’empire et une
de ses plus florissantes provinces pouvaient se trouver opposées, si le peuple
s’obstinait à défendre par la force des armes l’innocence de son père
spirituel.  Cette excessive précaution fournit au primat un prétexte spécieux
pour nier respectueusement la vérité d’un ordre qu’il ne pouvait accorder avec
l’équité, non plus qu’avec les précédentes déclarations de son bienveillant
souverain. Les magistrats ne purent lui persuader de quitter la ville ; et, se
trouvant trop faibles pour l’y contraindre, ils firent une convention avec les
chefs du peuple, par laquelle il fût stipulé que toute hostilité serait
suspendue jusqu’au moment où l’empereur ferait connaître plus évidemment sa
volonté. Cette apparence de modération plongea les catholiques dans une fausse
et fatale sécurité, tandis que, selon des ordres secrets, les légions de la
Haute Égypte et de la Libye s’avançaient à grandes journées, pour assiéger ou
surprendre une capitale accoutumée aux séditions et enflammée de l’enthousiasme
religieux [2439] .
La position d’Alexandrie entre la mer et le lac Maréotis facilitait l’approche
et l’entrée des troupes, et elles se trouvèrent introduites dans la ville avant
qu’on eût pu faire aucun mouvement pour fermer les portes ou pour occuper les
postes susceptibles de

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