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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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sacrifices publics : et, quoiqu’il eût embrassé une nouvelle
religion, il n’entreprit jamais de priver les sujets de l’empire du culte sacré
de leurs ancêtres [2476] .
Le sénat conservait l’usage de consacrer, par des décrets publiés, la mémoire divine des empereurs ; et Constantin lui-même fut associé, après sa mort, aux dieux
qu’il avait désavoués et insultés durant sa vie. Sept empereurs chrétiens
occupèrent sans difficulté le titre, les décorations et les privilèges de
l’office de grand pontife, institué par Numa, et adopté par Auguste. Ces
princes eurent une autorité plus absolue sur la religion qu’ils avaient
abandonnée que sur celle qu’ils professaient [2477] .
    Les divisions des chrétiens suspendirent la ruine du paganisme [2478] . Les princes et
les évêques, effrayés crimes et des révoltes de leur parti, poussaient moins
vigoureusement leur sainte guerre contre les infidèles. Les principes
d’intolérance établis alors eussent pu justifier la destruction de l’idolâtrie [2479] , mais les
sectes ennemies, qui dominaient alternativement à la cour, craignaient toujours
d’aliéner et de pousser à bout une faction encore puissante, quoique affaiblie.
Tous les motifs de mode, de raison et d’intérêt combattaient alors en faveur du
christianisme ; mais deux ou trois générations s’écoulèrent sans que leur
influence victorieuse se fit généralement sentir. Un peuple nombreux, plus
attaché à ses anciennes habitudes qu’à des opinions spéculatives révérait
encore une religion depuis si longtemps établie et si récemment encore
dominante dans tout l’empire romain. Constantin et Constance distribuèrent
indifféremment à tous leurs sujets les honneurs civils et militaires, et parmi
ceux qui professaient le polythéisme, il se trouvait beaucoup d’hommes savants,
riches et courageux. Les superstitions du sénateur et du paysan, du poète et du
philosophe, avaient une source différente ; mais ils se réunissaient tous avec
une égale dévotion dans les temples de leurs dieux. Le triomphe insultant d’une
secte proscrite enflamma peu à peu leur zèle et leur espoir se ranima par la
confiance bien fondée que l’héritier présomptif de l’empire, le jeune et
vaillant héros qui avait délivré la Gaule des Barbares, avait secrètement
embrassé la religion de ses ancêtres.

Chapitre XXII
Julien est déclaré empereur par les légions de la Gaule. Sa marche et ses
succès. Mort de Constance. Administration de Julien.
    TANDIS que les Romains languissaient sous la honteuse
tyrannie des eunuques et des évêques, tout l’empire, excepté le palais de
Constance, retentissait des louanges de Julien. Les Barbares de la Germanie
redoutaient le jeune César dont ils avaient éprouvé la valeur. Ses soldats
partageaient l’honneur de ses succès. Les provinces heureuses et tranquilles
Jouissaient avec reconnaissance des bienfaits de son règne. Mais ses vertus
blessaient les favoris qui s’étaient opposés à son élévation. Ils regardaient
avec raison l’ami du peuple comme le plus dangereux ennemi de la cour. Jusqu’au
moment où sa gloire leur imposa silence, les bouffons du palais, dressés au
langage de la satire, essayèrent contre lui le pouvoir de cet art qu’ils
avaient si souvent exercé avec succès. Ils avaient aisément remarqué que sa
simplicité n’était pas exempte d’affectation, et ils ne désignaient le philosophe
guerrier que par les sobriquets insultants de sauvage velu , de singe
revêtu de la pourpre . Ses modestes dépêches étaient tournées en ridicule
comme les récits mensongers d’un Grec bavard, d’un soldat sophiste qui avait
étudié l’art de la guerre dans les jardins de l’académie [2480] . L’éclat de ses
victoires et les acclamations du peuple étouffèrent la voix de cette absurde
malignité. Le vainqueur des Francs et des Allemands ne pouvait plus être
représenté comme un objet de mépris, et l’empereur lui-même eut la vile
ambition de dérober à son lieutenant l’honorable récompense de ses travaux.
Dans les lettres ornées de lauriers qu’il était d’usage d’adresser aux
provinces, on omit exprès le nom de Julien. Elles annonçaient que Constance
avait fait en personne les dispositions du combat, et signalé sa valeur dans
les premiers rangs. La victoire était le fruit de son intelligence, et le roi
captif des Barbares lui avait été présenté sur le champ de bataille ,

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