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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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invectives,
dont le signal fut donné par la trompette sonore [2566] de saint
Grégoire de Nazianze [2567] ,
accable aujourd’hui l’apostat qui ne put accomplir ses desseins. Le règne très
court de ce monarque actif, offre une foule d’événements de nature à inspirer
un grand intérêt et à mériter un détail circonstancié. Ses motifs, ses conseils
et ses actions, surtout vans leurs rapports avec l’histoire de la religion,
seront le sujet de ce chapitre.
    On peut attribuer la cause de son étrange et funeste
apostasie à ses premières années, durant lesquelles il fut abandonné aux
assassins de sa famille. Les noms de Christ et de Constance, de religion et d’esclavage,
s’associèrent alors dans son imagination, susceptible des impressions les plus
vives. On confia le soin de son enfance à Eusèbe, évêque de Nicomédie [2568] , et son parent
du côté de sa mère ; jusqu’à l’âge de vingt ans, il reçut de ses précepteurs
chrétiens l’éducation, non pas d’un héros, mais d’un saint. L’empereur ; moins
jaloux des couronnes du ciel que d’un trône de ce monde, se contentait du
mérite imparfait de catéchumène, tandis qu’il procurait les avantages du
baptême [2569] aux neveux de Constantin [2570] .
On les admit aux fonctions subalternes de l’ordre ecclésiastique, et Julien lut
publiquement les Saintes Écritures dans l’église de Nicomédie. L’étude de la
religion, dont ces princes s’occupèrent avec assiduité, sembla produire une
abondante récolte des fruits de la foi et de la dévotion [2571] . Ils priaient,
ils jeûnaient, ils distribuaient des aumônes aux pauvres et des largesses au
clergé ; ils portaient des offrandes sur le tombeau des martyrs ; et le
magnifique monument de saint Mamas à Césarée fut élevé, ou du moins commence :
par le zèle réuni de Gallus et de Julien [2572] .
Ils conversaient respectueusement avec ceux des évêques qui se distinguaient
par leur sainteté, et ils sollicitaient les bénédictions des moines et des
ermites qui avaient introduit dans la Cappadoce les rigueurs volontaires de la
vie ascétique [2573] .
Lorsque les deux princes approchèrent de l’âge d’homme, ils laissèrent
apercevoir dans leurs opinions religieuses la différence de leurs caractères.
L’esprit dur et obstiné de Gallus embrassa avec un zèle aveugle la doctrine
chrétienne, qui n’influa jamais sur sa conduite, et qui jamais ne modéra ses
passions. Le caractère plus doux de son jeune frère convenait mieux aux
préceptes de l’Évangile et un système de théologie qui explique l’essence mystérieuse
de la Divinité, et qui offre dans l’avenir une perspective sans bornes de
mondes invisibles, pouvait plaire à son active curiosité ; mais son esprit
indépendant refusa de se soumettre à l’obéissance passive que les ministres
impérieux de l’Église exigeaient au nom de la religion. Ils érigeaient en lois
positives leurs opinions personnelles, qu’ils environnaient des terreurs d’un
éternel châtiment ; et, en prescrivant a ce jeune prince un rigide formulaire
de pensées, de paroles et d’actions, en imposant silence à ses objections, et
en réprimant d’une manière sévère la liberté de ses recherches ; ils excitaient
; sans le savoir, son esprit impatient à secouer l’autorité de ses guides
ecclésiastiques. Il fut élevé dans l’Asie-Mineure, au milieu des scandales de
la querelle de l’arianisme [2574] .
Les disputes violentes des évêques de l’Orient, les variations continuelles de
leurs symboles, les motifs profanes qui semblaient diriger leur conduite,
fortifièrent insensiblement, dans l’esprit de Julien, l’opinion qu’ils ne
comprenaient pas cette religion pour laquelle ils combattaient avec tant
d’impétuosité, qu’ils n’y croyaient même pas. Au lieu d’écouter les preuves du
christianisme avec cette attention favorable qui augmente le poids des
témoignages les plus respectables, il écoutait avec défiance, et il contestait
avec obstination et subtilité une doctrine qui lui inspirait déjà une aversion
invincible. Lorsqu’on obligeait les jeunes princes à composer des déclamations
sur les controverses du temps, Julien se chargeait toujours de la cause du
paganisme, sous le spécieux prétexte qu’en défendant la cause la plus faible,
il exercerait et développerait mieux ses connaissances et son esprit.
    Dès que Gallus fut revêtu de la pourpre, on permit à Julien
de respirer

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