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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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aux citoyens.
    Si l’on dépouillait quelques princes de leur rang et de
leurs richesses, si on les jetait nus au milieu du monde, ils tomberaient à
l’instant dans la dernière classe, sans espoir de se tirer jamais de
l’obscurité. Mais le mérite personnel de Julien était indépendant de sa
fortune. Quelque état qu’il eût embrassé, l’intrépidité de son courage, la
vivacité de son esprit, et la constance de son application, lui auraient
obtenu, ou au moins lui auraient mérité les premiers honneurs de sa profession.
Mien, dans un pays où il serait né simple citoyen, aurait pu s’élever, par son
génie, au rani ; de ministre ou de général. Si la jalousie capricieuse de
l’autorité avait trompes ses espérances, s’il s’était éloigné sagement des
sentiers de la grandeur, l’exercice de ces mêmes talents, dans une studieuse
solitude, aurait mis hors de l’atteinte des rois le bonheur de sa vie et
l’immortalité de sa gloire. Quand on examine le portrait de Julien avec une
attention minutieuse ou peut-être malveillante, quelque chose semble manquer à
la grâce et à la perfection de la figure. Son génie était moins vaste et moins
sublime que celui de César, et il n’égalait point Auguste en prudence. Les
vertus de Trajan paraissent plus sûres et plus naturelles ; la philosophie de
Marc-Aurèle est plus simple et plus suivie. Cependant Julien a soutenu
courageusement l’adversité, et il a joui de sa fortune avec modération. Après
un intervalle de cent vingt ans, depuis la mort d’Alexandre-Sévère, les Romains
virent paraître un empereur qui ne connaissait point d’autres plaisirs que ses
devoirs, qui travaillait à soulager les malheureux et à ranimer le courage de
ses sujets, qui tâchait de joindre toujours le, mérite à l’autorité, et de
donner le bonheur à la vertu. L’esprit de parti lui - même, et, pour dire
encore plus, l’esprit de parti religieux a été forcé de rendre hommage à la
supériorité de son génie dans lis paix et dans la guerre, et d’avouer, en
soupirant, que Julien l’Apostat aimait son pays et méritait l’empire de
l’univers [2564] .

Chapitre XXIII
La religion de Julien. Tolérance universelle. Ce prince vent rétablir et
réformer le paganisme. Il essaie de reconstruire le temple de Jérusalem.
Artifice qu’il mit dans sa persécution des chrétiens. Zèle et injustice des
deux partis.
    LE titre d’apostat a terni la réputation de Julien ; et le
fanatisme, en cherchant à obscurcir ses vertus, a exagéré la grandeur réelle et
apparente de ses fautes. On le regarde, d’après d’autres préventions, comme un
monarque philosophe, qui voulait protéger également les factions religieuses-
de l’empire, et calmer la fièvre théologique dont le peuple fut saisi depuis
les édits de Dioclétien jusqu’à l’exil de saint Athanase. Un examen plus
approfondi de son caractère et de sa conduite donnera une opinion moins
favorable d’un prince qui n’échappa point à la contagion de son siècle. Nous
avons l’avantage de pouvoir comparer les portraits que nous ont laissés de lui
ses admirateurs les plus zélés et ses ennemis les plus ardents. Un historien
judicieux et plein de candeur, qui a été le spectateur impartial de sa vie et
de sa mort, raconte avec fidélité ses actions. Les déclarations publiques et
particulières de l’empereur lui-même confirment le témoignage unanime de ses
contemporains ; et ses divers écrits annoncent la teneur uniforme de ses
opinions religieuses, sur lesquelles la politique devait lui inspirer de la
réserve plutôt que de l’affectation. Un dévot et sincère attachement pour les
dieux d’Athènes et de Rome formait sa passion dominante. Des préjugés
superstitieux [2565] égarèrent et corrompirent en lui les facultés d’un esprit éclairé, et des
fantômes qui n’existaient que dans l’imagination de l’empereur, eurent une
influence réelle et pernicieuse sur le gouvernement de l’empire. Le zèle
véhément des chrétiens, qui méprisaient le culte et qui renversaient les autels
de ces divinités fabuleuses, le mit dans un état de guerre à ‘mort avec une
partie nombreuse de ses sujets ; le désir de la victoire et la honte de la
défaite l’excitèrent quelquefois à violer les lois de la prudence et même
celles de la justice. Le triomphe du parti qu’il abandonna et qu’il combattit,
a jeté une sorte d’infamie sur son nom, et un torrent de pieuses

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