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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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religion de
l’empereur, son père indigné le déshérita. Julien invita le père et le fils à
la table impériale, et, se plaçant au milieu d’eux, il recommanda, sans succès,
cette tolérance qu’il pratiquait lui-même ; il affecta de souffrir avec calme
le zèle indiscret du vieux chrétien, qui paraissait oublier les sentiments de
la nature et les devoirs d’un sujet ; et se tournant à la fin vers le jeune
homme affligé : Puisque vous avez perdu un père à cause de moi , lui
dit-il, c’est à moi de vous en tenir lieu [2733] . Il fut reçu
d’une manière plus conforme à ses désirs, à Batnæ, petite ville agréablement
située dans, un bocage de cyprès, à environ vingt milles d’Hiérapolis. Les
habitants, qui semblaient attachés au culte d’Apollon et de Jupiter, leurs
divinités tutélaires, avaient préparé un sacrifice pompeux et solennel ; mais
leurs applaudissements tumultueux blessèrent sa piété sévère ; il vit trop
clairement que, l’encens qu’on brûlait sur les autels était l’encens de la
flatterie plutôt que celui de la dévotion. L’ancien et magnifique temple qui
avait rendu la ville d’Hiérapolis [2734] si longtemps célèbre, ne subsistait plus ; et ces riches propriétés qui nourrissaient
plus de trois cents prêtres, avaient peut-être hâté sa chute. Cependant Julien
eut la satisfaction d’embrasser un philosophe et un ami dont la religieuse
fermeté avait su résister aux pressantes sollicitations de Constance et de
Gallus, renouvelées toutes les fois qu’ils avaient logé chez lui, dans leur
passage à Hiérapolis. C’est dans le trouble des préparatifs militaires et dans
les épanchements sans réserve d’un commerce familier, qu’on peut voir combien
fut vif et soutenu le zèle de Julien pour sa religion. Il avait entrepris une
guerre importante et difficile : inquiet sur son issue, il était plus attentif
que jamais à observer et à noter les moindres présages capables, d’après les
règles de la divination, de fournir quelques lumières sur l’avenir [2735] . Il instruisit
Libanius des détails de son voyage jusqu’à Hiérapolis par une lettre élégamment
écrite, qui annonce la facilité de son esprit et sa tendre amitié pour le
sophiste d’Antioche [2736] .
    Hiérapolis, situé presque sur les bords de l’Euphrate [2737] , était le
rendez-vous général des troupes romaines. Elles passèrent aussitôt ce fleuve [2738] sur un pont de
bateaux, qui les attendait. Si les inclinations de Julien eussent été les mêmes
que celles de son prédécesseur, il aurait perdu la saison la plus propre à agir
et la plus importante, dans le cirque de Samosate ou dans les églises d’Édesse.
Mais c’était Alexandre, et non pas Constance, que le belliqueux empereur avait
choisi pour son modèle ; il se rendit sans délai à Carrhes [2739] , ville très
ancienne de la Mésopotamie, à quatre-vingts milles d’Hiérapolis. Le temple de
la Lune excita sa dévotion ; mais le peu de jours qu’il-y demeura furent
principalement employés à terminer les immenses préparatifs de la guerre de
Perse. Julien avait jusqu’alors renfermé en lui-même le secret de l’expédition
; mais Carrhes se trouvant au point de séparation des deux grandes routes, il
ne pouvait plus se dispenser de faire connaître si son dessein était d’attaquer
les domaines de Sapor du côté de l’Euphrate ou de celui du Tigre. Il détacha
trente mille hommes sous les ordres de Procope, son allié, et de Sébastien, qui
avait été duc de l’Égypte. Il leur enjoignit de marcher vers Nisibis, et, avant
de tenter le passage du Tigre, de mettre la frontière à l’abri des incursions
de l’ennemi. Il abandonna à l’habileté de ses généraux la direction des
opérations subséquentes ; il espérait qu’après avoir ravagé les fertiles
cantons de la Médie et de l’Adiabène, ils arriveraient sous les murs de
Ctésiphon, à peu près au temps où, s’avançant lui-même le long de l’Euphrate,
il commencerait le siège de la capitale de la Perse. Le succès de ce plan bien
calculé dépendait en grande partie du zèle et des secours du roi d’Arménie,
qui, sans exposer la sûreté de ses États, pouvait fournir aux Romains quatre
mille hommes de cavalerie et vingt mille fantassins [2740] . Mais le faible
Arsace Tiranus [2741] ,
qui gouvernait l’Arménie, était encore plus loin que son père Chosroês des
mâles vertus du grand Tiridate. Ce monarque

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