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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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ils ont été conservés par une longue
suite d’empereurs romains, grecs, francs et allemands. Il s’introduisit bientôt
cependant une distinction entre ces deux titres. Le monarque se réservait le
nom sacré d’Auguste, tandis que ses parents étaient plus communément appelés
Césars. Tel fut, au moins depuis le règne d’Adrien, le titre donné à l’héritier
présomptif de l’empire [258] .
    Les égards respectueux d’Auguste pour une constitution libre
qu’il avait lui-même renversée, ne peuvent être expliqué que par une
connaissance approfondie du caractère de ce tyran subtil. Une tête froide, un
cœur insensible; une âme timide, lui firent prendre, à l’âge de dix-neuf ans,
le masque de l’hypocrisie, que jamais il ne quitta. Il signa de la même main,
et probablement dans le même esprit, la mort de Cicéron et le pardon de Cinna.
Ses vertus, ses vices même,  étaient artificiels : son intérêt seul le
rendit d’abord l’ennemi de la république romaine ; il le porta dans la
suite à en être le père [259] .
Lorsque ce prince éleva le système ingénieux de l’administration impériale, ses
alarmes lui dictèrent la modération qu’il affectait ; il cherchait à en
imposer au peuple, en lui présentant une ombre de liberté civile, et à tromper
les armées par une image du gouvernement civil.
    I . La mort de César se présentait sans cesse à ses
yeux. Auguste avait comblé ses partisans de biens et d’honneurs ; mais les
plus intimes amis de son oncle avaient été au nombre des conspirateurs. Si la
fidélité des légions le rassurait contre les efforts impuissants d’une
rébellion ouverte, la vigilance des troupes pouvait-elle mettre sa personne à
l’abri du poignard d’un républicain déterminé ? Les Romains qui révéraient
la mémoire de Brutus [260] ,
auraient applaudi à l’imitation de sa vertu. César avait provoqué son destin,
autant par l’ostentation de sa puissance que par sa puissance elle-même. Le
consul ou le tribun eût peut-être régné en paix : le titre seul de roi
arma les Romains contre sa vie. Auguste savait que le genre humain se laisse
gouverner par des noms. Il ne fut pas trompé dans son attente, lorsqu’il
s’imagina que le sénat et le peuple se soumettraient à l’esclavage, pourvu
qu’on les assurât respectueusement qu’ils jouissaient toujours de leur ancienne
liberté. Un sénat faible et un peuple énervé chérirent cette illusion agréable,
tant qu’elle fut soutenue par la vertu ou par la prudence des successeurs d’Auguste.
Ce fut un motif de défense personnelle, et non un principe de liberté, qui
anima les meurtriers de Caligula, de Néron et de Domitien : ils
attaquèrent le tyran, sans diriger leurs coups contre l’autorité de l’empereur.
    L’histoire nous présente cependant une époque mémorable où
le sénat, après un silence de soixante-dix ans, s’éleva tout à coup, et fit de
vains efforts pour réclamer des droits si longtemps oubliés. Les consuls
convoquèrent cette respectable assemblée dans le Capitole, lorsque le trône
devint vacant par le meurtre de Caligula : ils condamnèrent la mémoire des
Césars, et donnèrent le mot de liberté pour mot de ralliement au petit nombre
de cohortes qui paraissaient vouloir suivre leurs étendards. Enfin, pendant
quarante-huit heures ils agirent comme les chefs indépendants d’une
constitution libre ; mais tandis qu’ils délibéraient les gardes
prétoriennes avaient pris leur résolution. L’imbécile Claude, frère de
Germanicus, était déjà dans leur camp, revêtu de la pourpre impériale, et disposé
à soutenir son élection les armes à la main. Cette lueur de liberté disparut,
et le sénat n’aperçut de tous côtés que les horreurs d’une servitude
inévitable. Abandonnée par le peuple, menacée par les troupes, cette faible
assemblée fut forcée de ratifier le choix des prétoriens ; trop heureuse de
pouvoir profiter d’une amnistie que Claude eut la prudence d’offrir, et la
générosité d’observer [261] .
    II . L’insolence des armées inspirait à l’empereur
Auguste des alarmes beaucoup plus vives. Le désespoir des citoyens ne pouvait
que tenter ce que la puissance des soldats était capable d’exécuter en tout
temps. Quelle pouvait être l’autorité de ce prince sur des hommes sans
principes, auxquels il avait appris lui-même à violer toutes les lois de la
société ? Il avait entendu leurs clameurs

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