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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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les compagnons de saint Étienne
dans leur paisible demeure de Caphargamala ; mais les reliques du premier des
martyrs furent transportées processionnellement dans l’église construite en son
honneur sur la montagne de Sion ; et les effets de la vertu divine et
miraculeuse que possédaient les plus petites parcelles de ces reliques, une
goutte de sang ou les raclures d’un os, se front sentir dans presque toutes les
provinces de l’empire romain [3339] .
Le grave et savant saint Augustin [3340] ,
à qui la supériorité de son esprit ne laisse guère l’excuse de la crédulité,
atteste, les prodiges nombreux opérés en Afrique par les reliques de saint
Étienne, et ce récit merveilleux a été inséré dans l’ouvrage de la Cité de
Dieu , composé avec tant de soin par l’évêque d’Hippone, et destiné à servir
de preuve immortelle et irrécusable à la vérité du christianisme. Saint
Augustin déclare solennellement qu’il ne parle que des miracles certifiés publiquement
par ceux qui en ont éprouvé l’influente ou qui en ont été les spectateurs ou
les objets : on omit ou l’on oublia beaucoup de prodiges ; Hippone fut traitée
moins libéralement que les autres villes de la province, et son évêque détaille
cependant plus de soixante-dix miracles, au nombre desquels se trouvent trois
résurrections, opérés en moins de deux ans dans les limites de son diocèse [3341] . Si l’on
voulait parcourir tous les diocèses et compter tous les saints du monde
chrétien, ce serait un calcul difficile peut-être à terminer que celui des
fables et des erreurs qu’a dû produire cette inépuisable source ; mais il sera
permis d’observer, au moins, que dans ce temps de superstition et de crédulité,
les miracles devaient perdre en quelque sorte le nom de miracle et le droit
d’attirer l’attention, lorsque, par leur fréquence, ils semblaient presque
rentrer dans le cours des lois ordinaires de la nature.
    III . La multiplicité de miracles dont les tombes des
martyrs étaient continuellement le théâtre, révélaient aux pieux croyants la
constitution et l’état actuel du monde invisible ; et leurs spéculations
religieuses paraissaient fondées sur la base solide des faits et de
l’expérience. Quel que pût être le sort des âmes communes depuis l’instant de
la dissolution de leurs corps jusqu’à celui de leur résurrection, il était
évident que les esprits supérieurs des saints et des martyrs ne passaient pas
ce long intervalle dans un sommeil honteux et inutile [3342] . Il était
&vident encore, quoiqu’on n’osât pas déterminer le lieu de leur habitation
ni la nature de leur félicité qu’ils jouissaient vivement et activement du
sentiment de leur bonheur, de leur vertu et de leur puissance, et qu’ils
étaient déjà assurés d’une récompense éternelle. L’étendue de leurs facultés intellectuelles
surpassait évidemment ce que peut concevoir l’imagination humaine, puisque
l’expérience démontrait qu’ils pouvaient entendre et comprendre dans le même
instant les vœux que leur adressaient, de toutes les parties du monde, les
nombreux suppliants qui invoquaient le nom et l’assistance de saint Étienne ou
de saint Martin [3343] .
Les fidèles fondaient leur confiance sur la persuasion que les saints qui
régnaient avec le Christ s’intéressaient vivement à la prospérité de l’Église
catholique, qu’ils jetaient sur la terre des regards de compassion, et qu’ils
honoraient principalement de leurs faveurs ceux qui les imitaient dans leur foi
et dans leur piété. La bienveillance des martyrs daignait quelquefois admettre
des motifs d’un genre moins relevé : ils avaient unie affection particulière
pour le lieu de leur naissante et pour celui qu’ils avaient habité, pour celui
de leur mort et de leur enterrement, et enfin pour l’endroit qui possédait
leurs saintes reliques. Les passions plus basses telles que l’orgueil,
l’avarice ou la vengeance, devraient paraître au-dessous d’un esprit céleste ;
cependant les saints daignaient aussi témoigner leur approbation à ceux qui
leur offraient des dons avec libéralité ; et menaçaient des châtiments les plus
sévères les impies qui dérobaient quelque ornement à la magnificence de leur
châsse ou qui révoquaient en doute leur puissance surnaturelle [3344] . C’eût été, à
la vérité, un crime bien punissable ou un étrange scepticisme que de rejeter
les preuves d’une influence

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