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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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les
usages de ses compatriotes pour craindre une multitude confuse de Barbares
presque nus, dont le bras gauche, au lieu de bouclier, n’était couvert que d’un
manteau, qui se trouvaient totalement désarmés dès qu’ils avaient lancé le
javelot qu’ils portaient dans leur main droite, et dont les chevaux n’avaient
jamais appris à supporter le frein ni à suivre les mouvements de la bride. Il
campa avec ses cinq mille vétérans devant la nombreuse armée de ses ennemis ;
et après avoir laissé reposer ses soldats pendant trois jours, il donna le
signal d’une bataille générale [3401] .
Mascezel s’étant avancé au-devant de ses légions pour offrir le pardon et la
paix, rencontra un porte-étendard des Africains qui refusa de se soumettre à
lui. Le général le frappa sur le bras de son épée, la force du coup abaissa le
bras et l’étendard, et cet acte de soumission imaginaire fut imité à l’instant
par tous les porte-drapeaux de la ligne. Les cohortes mal affectionnées
proclamèrent aussitôt le nom de leur souverain légitime. Les Barbares, surpris
de la défection des troupes romaines, prirent la fuite en désordre, et se
dispersèrent selon leur coutume. Mascezel obtint une victoire facile, complète,
et presque sans effusion de sang [3402] .
L’usurpateur s’échappa du champ de bataille, gagna le bord de la mer, et se
jeta dans un petit vaisseau, espérant atteindre en sûreté un port allié de
l’empire d’Orient ; mais l’opiniâtreté du vent contraire le repoussa dans le
port de la ville de Tabraca [3403] ,
qui s’était soumise, avec le reste de la province, à la domination d’Honorius
et à l’autorité de son lieutenant. Les habitants, pour prouver leur repentir et
leur fidélité, saisirent Gildon et le jetèrent dans un cachot mais son
désespoir lui sauva le tourment insupportable d’être conduit en la présence
d’un frère victorieux et mortellement offensé [3404] . Les esclaves
et les dépouilles furent déposés aux pieds de l’empereur. Stilichon, dont la
modération ne se faisait jamais mieux admirer que dans la prospérité, voulut
encore suivre les lois de la république, et en référa au sénat et au peuple
romain du jugement des principaux criminels [3405] . L’instruction
de leur procès fût publique et solennelle ; mais les juges, dans l’exercice de
cette juridiction précaire et tombée en désuétude, se montrèrent impatients de
punir les magistrats d’Afrique qui avaient privé le peuple romain de sa
subsistance. La province riche et coupable éprouva toute la rigueur des
ministres impériaux, qui trouvaient un avantage personnel à multiplier les
complices de Gildon ; et si un édit d’Honorius sembla vouloir imposer silence
aux délateurs, dix ans après, l’empereur en publia un autre qui ordonnait de
continuer et de renouveler les poursuites contre les crimes, commis dans le
temps de la révolte générale [3406] .
Ceux des adhérents de l’usurpateur qui échappèrent à la première fureur des
soldats et à celle des juges, apprirent sans doute avec satisfaction le destin
funeste de son frère, qui ne put jamais obtenir le pardon du service signalé
qu’il avait rendu à l’État. Après avoir terminé dans un seul hiver une guerre
importante, Mascezel fut reçu à la cour de Milan avec des applaudissements
bruyants, une feinte reconnaissance à une secrète jalousie [3407]  ; sa mort,
peut-être l’effet d’un accident, a été imputée à la perfidie de Stilichon. En
traversant un pont, le prince maure, qui accompagnait le maître général de
l’Occident, fut tout à coup renversé de son cheval dans la rivière. Un sourire
perfide et cruel qu’on entrevit sur le visage de Stilichon arrêta
l’empressement de ceux qui se préparaient à le secourir, et tandis qu’ils
balançaient, l’infortuné Mascezel perdit la vie [3408] .
    Les réjouissances de la victoire d’Afrique se trouvèrent
heureusement liées à celles du mariage de l’empereur Honorius avec Marie, sa
cousine et la fille de Stilichon ; et cette alliance illustre et convenable
sembla donner au ministre les droits d’un père à la soumission de son auguste
pupille. La muse de Claudien ne garda point le silence dans cette circonstance
glorieuse [3409]  :
il chanta avec vivacité, sur différents tons, le bonheur des époux couronnés,
et la gloire d’un héros auteur de leur union et soutien de leur trône. Les
fables de l’ancienne Grèce, qui

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