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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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avaient presque entièrement cessé d’être les
objets d’une croyance religieuse, furent sauvées de l’oubli par le génie de la
poésie et dans le tableau du Verger de Cypris, siége de l’Amour et de
l’Harmonie, dans la marche de Vénus sur les ondes où elle a pris naissance, et
dans la douceur de l’influence qu’elle vient répandre sur la cour de Milan,
tous les siècles reconnaîtront les sentiments naturels du cœur, le langage
plein de justesse et de grâces que leur prête la fiction allégorique. Mais
l’impatience amoureuse que Claudien suppose au jeune monarque [3410] excitait
probablement le sourire des courtisans ; et la beauté de son épouse (en
admettant qu’elle fût, belle) n’avait pas beaucoup à craindre ou à espérer de
la passion d’Honorius, qui n’était encore que dans sa quatorzième année.
Sérène, mère de son épouse, parvint, par adresse ou par persuasion, à différer
la consommation du mariage. Marie mourut vierge dix ans après ses noces ; et la
froideur ou la faiblesse de la constitution de l’empereur contribua sans doute
à conserver sa chasteté [3411] .
Ses sujets, qui étudiaient soigneusement le caractère de leur jeune souverain,
découvrirent qu’Honorius sans passions était par conséquent sans talents, et
que sa disposition faible et languissante le rendait également incapable de
remplir les devoirs de son rang et de jouir des plaisirs de son âge. Dans les
premières années de sa jeunesse, il avait acquis quelque adresse dans les
exercices de l’arc et du cheval ; mais il renonça bientôt à ces fatigantes
occupations. Le soin et la nourriture d’une basse-cour devint la principale
affaire du monarque de l’Occident [3412] ,
qui remit dans les mains fermes et habiles de Stilichon les rênes de son
gouvernement. L’expérience fournie par l’histoire de sa vie autorise à
soupçonner que ce prince, né sous la pourpre, reçut une plus mauvaise éducation
que le dernier paysan de ses États, et que son ambitieux ministre le laissa
parvenir à l’âge viril sans essayer d’exciter son courage ou d’éclairer son
jugement [3413] .
Les prédécesseurs d’Honorius avaient coutume d’animer la valeur des légions par
leur exemple, ou au moins par leur présence ; les dates de leurs lois attestent
qu’ils parcouraient avec activité toutes les provinces du monde romain ; mais
le fils de Théodose passa ce temps de sommeil qu’on a appelé sa vie, captif
dans son palais, étranger dans son pays, spectateur patient et presque
indifférent de la ruine de son empire, qui fut attaqué à différentes reprises,
et enfin renversé par les efforts des Barbares. Dans le cours d’un règne de
vingt-huit ans, très fécond en grands événements, il sera rarement nécessaire
de nommer l’empereur Honorius.

CHAPITRE XXX
Révolte des Goths. Ils pillent la Grèce. Deux grandes invasions de l’Italie par
Alaric et Radagaise. Ils sont repoussés par Stilichon. Les Germains s’emparent
de la Gaule. Usurpation de Constantin en Occident. Disgrâce et mort de
Stilichon.
    SI les sujets de Rome avaient pu ignorer ce qu’ils devaient
au grand Théodose, la mort de cet empereur leur aurait bientôt appris avec
combien de peines, de courage et d’intelligence, était parvenu à soutenir
l’édifice chancelant de la république. Il cessa de vivre au mois de janvier et
avant la fin de l’hiver de la même année, toute la nation des Goths avait pris
les armes [3414] .
Les auxiliaires barbares déployèrent leur étendard indépendant et avouèrent
hautement les hostiles desseins nourris déplais longtemps dans ces esprits
féroces. Au premier bruit de la trompette, leurs compatriotes ; que le dernier
traité condamnait à vivre en paix de leurs travaux rustiqués, abandonnèrent
leurs cultures, et reprirent leur, épée qu’ils avaient posée avec répugnance.
Les barrières du Danube foirent forcées, les sauvages guerriers de la Scythie
sortirent de leurs forêts, et l’extrême rigueur de l’hiver donna occasion au
poète de dire qu’ils traînaient leurs énormes chariots sur le vaste sein
glacé du fleuve indigné [3415] .
Les habitants infortunés des provinces au sud du Danube se soumirent à des
calamités avec lesquelles vingt années d’habitude les avaient presque
familiarisés. Des troupes de Barbares, qui toutes se glorifiaient du nom de
Goths, se répandirent irrégulièrement depuis les côtes de la Dalmatie jusqu’aux
portes de

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