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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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la conduite
ingénieuse d’une fable intéressante, ou la peinture juste et frappante des
caractères et des situations de la vie réelle. Il publia en faveur de Stilichon
beaucoup de panégyriques et de satires, et le but de ces compositions serviles
se trouva d’accord avec le penchant qu’il avait à sortir des bornes de la
vérité et de la nature. Ces imperfections sont toutefois compensées, à quelques
égards, par le mérite poétique de Claudien. Il avait le rare et précieux talent
d’ennoblir le sujet le plus, ignoble, d’orner le plus sec et de varier le plus
monotone. Son coloris, surtout dans les descriptions, est brillant et doux ; et
il mangue rarement l’occasion de déployer, souvent même jusqu’à l’abus, les
avantages d’un esprit orné d’une imagination féconde, d’une expression facile
et quelquefois énergique, enfin d’une versification toujours abondante et
harmonieuse. A cet éloge indépendant des accidents de temps et de lieu, nous
devons ajouter le mérite particulier qui sut vaincre les circonstances
défavorables de sa naissance. Claudien était né en Égypte [3531] , dans le déclin
des arts et de l’empire. Après avoir reçu une éducation grecque, il acquit,
dans la maturité de son âge, la connaissance et l’usage de la langue latine [3532] , s’éleva
au-dessus de ses faibles contemporains, et se plaça, après un intervalle de
trois cents ans, au nombre des poètes de l’ancienne Rome [3533] .

CHAPITRE XXXI
Invasion de l’Italie par Alaric. Mœurs du peuple et du sénat romain. Route est
assiégée trois fois, et enfin pillée par les Goths. Mort d’Alaric. Les Goths
évacuent l’Italie. Chute de Constantin. Les Barbares occupent la Gaule et
l’Espagne. Indépendance de la Grande-Bretagne.
    LES dissensions et l’incapacité d’un gouvernement faible
produisent souvent l’apparence et les effets d’une intelligence coupable avec
l’ennemi public. Les ministres d’Honorius [3534] firent à peu près tout ce que le roi des Goths aurait pu leur dicter pour son
propre avantage, s’il eût cité admis dans leurs conseils : peut-être même le
généreux Alaric n’aurait-il conspiré qu’avec répugnance la perte du formidable
adversaire dont les armes l’avaient chassé deux fois de la Grèce et de l’Italie
; mais les efforts de la haine active et intéressée des favoris de l’empereur
avaient enfin accompli la disgrâce et la ruine du grand Stilicnon. La valeur de
Sarus, sa réputation militaire et son influence héréditaire ou personnelle sur
les Barbares confédérés, ne le recommandaient qu’aux amis de la patrie qui
méprisaient le vil caractère de Turpilion, de Varannes et de Vigilantius : mais
quoique ces généraux se fussent montrés indignes du nom de soldat [3535] , les pressantes
sollicitations des nouveaux favoris d’Honorius leur obtinrent le commandement
de la cavalerie, de l’infanterie et des troupes du palais. Le roi des Goths
aurait souscrit avec plaisir l’édit que le fanatisme d’Olympius dicta au simple
et dévot empereur. Par cet édit, Honorius écartait de tous les emplois de
l’État tous ceux dont la croyance était en opposition avec la foi de l’Église
catholique, rejetait absolument les services de tous ceux dont les sentiments
religieux ne s’accordaient pas avec les siens, et se privait ainsi d’un grand
nombre de ses meilleurs et de ses plus braves officiers, attachés au culte des
païens ou aux erreurs de l’arianisme [3536] .
Alaric aurait approuvé et conseillé peut-être des dispositions si favorables aux
ennemis de l’empire ; mais on peut douter que le prince barbare eût consenti,
pour servir ses projets, à l’absurde et inhumaine mesure qui fut exécutée par
l’ordre ou du moins avec la connivence des ministres impériaux. Les auxiliaires
étrangers déploraient la mort de Stilichon leur protecteur ; mais de justes
craintes pour la sûreté de leurs femmes et de leurs enfants, retenus comme
otages dans les villes fortes de l’Italie, où ils avaient aussi déposé leurs
effets précieux, contenaient leurs désirs de vengeance. A la même heure et
comme au même signal, les villes d’Italie, souillées par une même scène
d’horreur, virent tan massacre et un pillage général anéantir à la fois les
familles et les fortunes des Barbares furieux et désespérés d’un outrage capable
de pousser à bout les esprits les plus doux et les plus serviles, ils jetèrent
vers le camp

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