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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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généreux. Après
avoir exigé sûreté pour sa personne et s’être fait donner, par l’imposition des
mains, le caractère sacré d’ecclésiastique, il ouvrit les portes d’Arles ;
mais Constantin éprouva bientôt que les principes d’honneur et d’intégrité qui
dirigeaient la conduite ordinaire de Constance, étaient subordonnés à la
doctrine de la politique. Le général roman ne voulut pas, à la vérité, souiller
ses lauriers du sang d’un rebelle ; mais il fit partir, sous une forte garde,
Constantin et son fils Julien pour l’Italie ; et, avant d’arriver à Ravenne,
ils rencontrèrent les ministres de la mort.
    Dans un temps où l’on convenait généralement qu’il se
trouvait à peine un seul citoyen dans tout l’empire, dont le mérite personnel
ne fut supérieur à celui des princes que le hasard de la naissance avait placés
sur le trône, une foule d’usurpateurs se succédaient rapidement, sans réfléchir
au sort de leurs prédécesseurs. Ce désordre se faisait particulièrement sentir
dans les provinces de la Gaule et de l’Espagne, où les ravages de la guerre et
l’esprit de révolte avaient anéanti tous les principes d’ordre et d’obéissance.
Durant le quatrième mois du siège d’Arles, avant que Constantin eût quitté la
pourpre, on apprit dans le camp impérial que Jovinus, couronné à Mayence, dans
la Haute-Germanie, à l’instigation de Goar, roi des Alains, et de Guntiarius,
roi des Bourguignons, s’avançait des bords du Rhin vers ceux du Rhône, à la tête
d’une nombreuse armée de Barbares. La courte histoire du règne de Jovinus est
extraordinaire et obscure dans toutes ses circonstances. On devait
naturellement supposer, qu’un général habile et courageux, à la tête d’une
armée victorieuse, ne craindrait point d’exposer au sort d’une bataille les
droits légitimes d’Honorius. La retraite précipitée de Constance fut sans douté
déterminée par de fortes raisons ; mais il abandonna sans un seul combat la
possession entière de la Gaule, et Dardanus, préfet du prétoire, est cité comme
le seul magistrat qui ait refusé de se soumettre à l’usurpateur [3686] . Quand les
Goths, deux ans après le siège de Rome, établirent leurs quartiers dans la
Gaule, on pouvait croire que leurs inclinations ne seraient partagées qu’entre
l’empereur Honorius, dont ils étaient récemment devenus les alliés, et Attale,
monarque dégradé, qu’ils réservaient dans leur camp, à jouer, selon l’occasion,
le personnage de musicien ou celui d’empereur. Cependant, dans un moment
d’humeur dont on ne découvre ni la date ni la cause, Adolphe entra en
pourparler avec l’usurpateur de la Gaule, et chargea Attale de l’humiliante
commission de négocier un traité qui confirmait sa propre ignominie. Nous
lisons encore, avec étonnement, qu’au lieu de considérer l’alliance des Goths
comme le plus ferme appui de son trône, Jovinus réprimanda en termes obscurs et
ambigus l’officieuse importunité d’Attale ; que, méprisant les avis de son
puissant allié, il revêtit son frère Sébastien de la pourpre, et qu’il accepta
très imprudemment les services de Sarus, lorsque ce brave soldat d’Honorius
quitta, dans un mouvement de colère, la cour d’un prince qui ne savait ni punir
ni récompenser. Adolphe, élevé dans une nation de guerriers qui regardaient la
vengeance comme le plus doux des plaisirs et le plus sacré des devoirs,
s’avança, suivi de dix mille Goths, à la rencontre de l’ennemi héréditaire de
la maison des Balti, et le surprit accompagné, pour toute escorte, de dix-huit
ou vingt de ses intrépides compagnons. Unie par l’amitié, animée par le
désespoir, mais à la fin écrasée par la multitude, cette petite troupe de
héros, mérita l’estime des ennemis, sans obtenir leur compassion ; et dès que
le lion fut dans les lacs, on lui arracha la vie [3687] . La mort de
Sarus rompit l’alliance incertaine qu’Adolphe entretenait avec les usurpateurs
de la Gaule. Il écouta de nouveau la voix de l’amour et de la prudence, et
promit au frère de Placidie de lui porter bientôt à Ravenne les têtes de
Jovinus et de Sébastien. Le roi des Goths exécuta sa promesse sans délai et
sans difficulté. Les deux frères, sans amis et sans mérite personnel, virent
déserter tous leurs auxiliaires barbares ; et Valence, une des plus belles
villes de la Gaule, expia, par sa ruine, sa courte résistance.

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