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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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frontières
d’Espagne, et sauva son nom de l’oubli, par le courage vraiment romain qu’il
fit paraître dans ses derniers moments. Au milieu de la nuit, un corps nombreux
de ses perfides soldats environna, et attaqua sa maison, qu’il avait fortement
barricadée. N’ayant avec lui que sa femme, un intrépide Alain de ses amis, et
quelques esclaves fidèles, il se servit avec tant de courage et d’adresse d’un
amas de dards et de flèches, que trois cents des assaillants perdirent la vie.
Au point du jour, toutes les armes étant épuisées, ses esclaves prirent la
fuite, et Gerontius aurait pu les suivre, s’il avait été retenu par l’amour
conjugal. Les soldats, irrités d’une défense si opiniâtre, mirent le feu aux
quatre coins de la maison. Dans cette extrémité funeste, il se rendit aux
pressantes instances du brave Alain, et lui abattit la tête. La femme de
Gerontius, le suppliait de la délivrer d’une vie de misère t d’ignominie,
tendit la gorge à ses coups. Cette scène tragique fut terminée par la mort du
comte, qui, après s’être frappé trois fois inutilement de son épée, tira un
court poignard et se l’enfonça dans le cœur [3684] . Maxime
abandonné de son protecteur, n’eut d’obligation de la vie qu’au mépris
qu’inspirait sa faiblesse et à son incapacité. Le caprice des Barbares qui
ravageaient l’Espagne plaça une seconde fois sur le trône ce fantôme
impérial ; mais ils l’abandonnèrent bientôt à la justice d’Honorius ; et
l’usurpateur Maxime, après avoir servi de spectacle à la populace de Ravenne et
de Rome, fut exécuté publiquement.
    Le général Constance dont l’approche avait fait lever le
siége d’Arles et dissipé les troupes de Gerontius, était né Romain ; et cette
distinction remarquable prouve à quel point les sujets de l’empire avaient
dégénéré de leur ancien esprit militaire. Une force singulière et un grand air
de majesté faisaient de ce général, dans l’opinion populaire, un digne
prétendant au trône où il monta, par la suite [3685] . Ses manières
dans la société étaient affables et enjouées, et il ne dédaignait pas de
jouter, dans la joie d’un festin, avec les pantomimes, qu’il savait imiter dans
l’exercice de leur ridicule profession ; mais quand la trompette guerrière
l’appelait aux armes, lorsque, penché sur le cou de son cheval (car tel était
son usage), Constance roulait autour de lui avec un regard terrible, ses grands
yeux pleins de feu, il frappait les ennemis de terreur, et ses soldats
encouragés ne doutaient plus de la victoire. La cour de Ravenne l’avait chargé
de faire rentrer dans la soumission les provinces rebelles de l’Occident ; et
le prétendu empereur Constantin, après quelques moments de répit troublés par
la crainte, se vit assiégé une seconde fois dans sa capitale par un ennemi plus
formidable. Cependant l’intervalle de ces deux siéges lui donna le temps de
négocier un traité avec les Francs et les Allemands ; et Edobic, son
ambassadeur, revint bientôt à la tête d’une armée pour troubler les opérations
du siége. Le général romain, lion d’attendre qu’on l’attaquât dans ses lignes,
se détermina hardiment, et peut-être sagement, à passer le Rhône et à prévenir
les Barbares. Ses dispositions furent conduites avec tant de secret et
d’intelligence, que, tandis que l’infanterie de Constance les attaquait en
tête, son lieutenant Ulphilas, qui avait gagné en silence un poste avantageux
sur leurs derrières, les environna avec sa cavalerie, en fit un grand carnage,
et détruisit toute leur armée. Les restes sauvèrent leur vie par la fuite ou
par la soumission, et leur général Edobic trouva la mort dans la maison d’un
ami perfide, qui se flattait d’obtenir du général de l’empire un présent
magnifique pour récompense de sa trahison. Constance se conduisit dans cette
occasion avec la magnanimité d’un vrai Romain. Réprimant tout sentiment de
jalousie, il reconnut devant l’armée le mérite et le service important
d’Ulphilas ; mais il détourna ses regards avec horreur, de l’assassin d’Edobic,
et donna des ordres sévères pour que le camp ne fut pas souillé plus longtemps
de la présence d’un misérable qui avait violé les lois de l’honneur et de
l’hospitalité. L’usurpateur, qui du haut des murs d’Arles, voyait anéantir sa
dernière espérance, résolut de confier sa vie à un vainqueur si

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