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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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qui manquaient également d’intelligence pour faire un siège
régulier, et de patience pour entreprendre. Mais l’effrayante multitude des
Huns fit bientôt disparaître ces faibles obstacles [3879]  : ils
réduisirent en cendres les villes de Sirmium et de Singidunum, de Ratiara et de
Marcianopolis, de Naissus et de Sardica ; des myriades de Barbares, conduits
par Attila, envahirent, occupèrent et, ravagèrent à la fois toute la largeur de
l’Europe, dans un espace d’environ cinq cents milles, depuis le Pont-Euxin
jusqu’à la mer Adriatique. Cependant ce danger pressant ne put ni distraire
Théodose de ses amusements ou de ses pratiques de dévotion, ni le déterminer à
paraître à la tête des légions romaines ; mais il rappela promptement les
troupes qu’il avait envoyées en Sicile pour attaquer Genseric ; il épuisa les
garnisons des frontières de la Perse, et rassembla en Europe une armée dont le
nombre et la valeur auraient été formidables si les généraux avaient su
commander et les soldats obéir. Ces armées furent vaincues dans trois journées
successives, et les progrès d’Attila sont marqués par les trois champs de
bataille. Les deux premières se donnèrent sur les bords de l’Utus et sous les
murs de Marciatiopolis, dans les vastes plaines qui séparent le Danube du mont
Hémus. Les Romains, pressés par un ennemi victorieux, se laissèrent
imprudemment repousser peu à peu vers la Chersonèse de Thrace, et, arrêtés par
la mer, essuyèrent sur cette péninsule étroite une troisième défaite totale et
irréparable. Par la destruction de cette armée, Attila devint maître absolu de
tout le pays, depuis l’Hellespont jusqu’aux Thermopyles et aux faubourgs de
Constantinople. Il ravagea sans obstacle et sans pitié les provinces de la
Thrace et de la Macédoine. Les villes d’Héraclée et d’Adrianople échappèrent
peut-être à cette formidable invasion ; mais aucune expression ne parait trop
forte pour donner l’idée de la destruction que subirent soixante-dix villes de
l’empire d’Orient, qui disparurent entièrement [3880] . Les murs de
Constantinople protégèrent Théodose, sa cour et ses timides habitants.
Cependant ils avaient été ébranlés récemment par un tremblement de terre ; et
la chute de cinquante-huit tours présentait une brèche effrayante. On répara
promptement le dommage ; mais les terreurs de la superstition donnèrent encore
plus d’importance à cet accident ; le peuple imagina que le ciel conspirait à
livrer la ville impériale aux pâtres de la Scythie, qui ne connaissaient ni les
lois, ni le langage, ni la religion des Romains [3881] .
    Dans toutes les invasions qui ont désolé les empires
civilisés du Midi, les pâtres de la Scythie ont été généralement dirigés par un
sauvage esprit de destruction. Les lois de la guerre, qui s’opposent entre les
nations au meurtre et au brigandage, sont fondées sur deux principes d’intérêt
personnel : la connaissance des avantages permanents que l’on peut tirer de la
conquête, en faisant un usage modéré de la victoire, et la juste appréhension
que l’ennemi n’use de représailles lorsqu’il en trouvera l’occasion ; mais ces
considérations de crainte et d’espérance étaient presque inconnues aux nations
pastorales. On peut comparer sans injustice les Huns d’Attila aux Mongous et
aux Tartares, avant que leurs mœurs primitives eussent été changées par le luxe
et par la religion ; et le témoignage de l’histoire de l’Orient peut jeter
quelques lumières sur les annales imparfaites et tronquées des Romains. Après
avoir subjugué toutes les provinces septentrionales de la Chine, les Mongous
proposèrent sérieusement, noie lias dans la première violence de la colère et
de la victoire, mais dans le calme de la réflexion, d’exterminer tous les
habitants de cette contrée populeuse, et de convertir le pays en désert et en
pâturages pour leurs troupeaux. La fermeté d’un mandarin chinois [3882] , qui fit goûter
à Gengis-Khan quelques principes d’une plus saine politique, l’empêcha
d’exécuter cet horrible dessein ; mais dans les villes de l’Asie, dont les
Mongous se rendirent les maîtres, ils exercèrent le plus affreux abus dé la
victoire avec une espèce de méthode et de régularité, dont on peut
raisonnablement supposer, quoi que sans preuve authentique, que l’exemple se
sera retrouvé chez les Huns. Tous les habitants d’une ville

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