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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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d’avoir
compassion de leur pays. Je suis encore disposé , répondit Ricimer du ton
d’une insolente modération, à vivre en bonne intelligence avec le Galatien [4092] ; mais qui
osera entreprendre de calmer sa colère ou d’apprivoiser son orgueil, que notre
soumission ne fait qu’augmenter ? Ils lui indiquèrent Épiphane, évêque de
Pavie [4093] ,
qui joignait, disaient-ils, la prudence du serpent à l’innocence de la colombe
; et parurent espérer que son éloquence serait capable de triompher de tous les
obstacles que pourraient lui opposer l’intérêt ou le ressentiment. Ricimer le
crut, et saint Épiphane, chargé du rôle bienfaisant de médiateur, partit
sur-le-champ pour Rome, où il fut reçu avec les honneurs dus à son mérite et à
sa réputation. On imaginera facilement le discours d’un évêque en faveur de la
paix ; il prouva que dans toutes sortes de circonstances le pardon des injures
était nécessairement un acte de bonté, de grandeur d’âme ou de prudence, et il
représenta sérieusement à l’empereur qu’une guerre contre d’un Barbare emporté
ne pourrait être que ruineuse pour ses États, et peut-être funeste pour
lui-même. Anthemius reconnaissait la vérité de ces maximes ; mais la conduite
de Ricimer excitait vivement son indignation, et la colère lui inspira de
l’éloquence. Quelles faveurs , s’écria-t-il, avons-nous refusées à cet
ingrat ? Combien d’insultés n’avons-nous pas dissimulées ! Oubliant la majesté
impériale, j’ai donné ma fille à un Goth ; j’ai sacrifié mon propre sang à la
tranquillité de la république. La générosité qui devait m’attacher
éternellement Ricimer, n’a servi qu’à l’irriter contre son bienfaiteur. Combien
de guerres n’a-t-il point suscitées à l’empire ! Combien de fois n’a-t-il pas
excité et secondé la fureur des ennemis ! Dois-je encore accepter sa
perfide amitié ? et puis-je espérer qu’après avoir manqué à tous les devoirs
d’un fils, il respectera la foi d’un traité ? Mais le ressentiment
d’Anthemius s’évapora avec ses plaintes. Il céda insensiblement, et le prélat
retourna dans son diocèse avec la satisfaction d’avoir rendu la paix à
l’Italie, par une réconciliation [4094] dont on pouvait raisonnablement révoquer en doute la durée et la sincérité.
L’empereur pardonna par faiblesse, et Ricimer suspendit ses desseins ambitieux
pour préparer en secret les moyens de renverser le trône d’Anthemius. Se
dépouillant alors du masque de la modération, il augmenta son armée d’un corps
nombreux de Bourguignons et de Suèves orientaux, refusa de reconnaître plus
longtemps la domination de l’empereur grec, marcha de Milan aux portes de Rome,
et campa sur les bords de l’Anio, en attendant l’arrivée d’Olybrius, dont il
voulait faire un nouvel empereur.
    Olybrius, sénateur de la famille Anicienne, pouvait se
regarder comme l’héritier légitime de l’empire d’Occident. Il avait épousé
Placidie la plus jeune des filles de Valentinien après son retour d’Afrique, où
Genseric retenait, encore sa sœur Eudoxie, femme ou plutôt esclave de son fils
Hunneric. Le roi des Vandales appuya de ses menaces et de ses sollicitations
les droits légitimés de son allié, et allégua pour motif de la guerre le refus
que le peuple et le sénat romain faisaient de reconnaître leur prince légitime,
et la préférence qu’ils avaient injustement donnée à un étranger [4095] . La protection
de l’ennemi public augmentait sans doute l’aversion des Italiens pour Olybrius
; mais en méditant la ruine d’Anthemius, Ricimer avait voulu tenter, par
l’offre du diadème, un candidat dont le nom illustre et l’alliance auguste
pussent pallier la perfidie de sa révolte. Le mari de Placidie, élevé à la
dignité consulaire comme la plupart de ses ancêtres, aurait pu jouir
paisiblement de son opulence à Constantinople ; et il ne semble pas que son
génie ait été assez vaste ou assez actif pour ne pouvoir être suffisamment
occupé que par l’administration d’un empire. Cependant Olybrius, cédant aux
sollicitations de ses amis, peut-être aux importunités de sa femme, se
précipita inconsidérément dans les dangers d’une guerre civile, et accepta,
avec l’approbation secrète de l’empereur Léon, le sceptre de l’Italie, qu’un
Barbare donnait et reprenait au gré de son caprice. Genseric, maître de la mer,
fit débarquer sans obstacle le mari de

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