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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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dirigèrent pendant la nuit au milieu de la flotte ennemie où le vent les
portait. Les Romains furent éveillés par les flammes qui consumaient leurs
vaisseaux ; et comme ils étaient serrés les uns contre les autres, le feu s’y
communiquait avec une violence irrésistible ; l’obscurité, le bruit des vents,
les pétillements à la flamme, les cris des matelots, et des soldats qui ne
savaient ni obéir ni commander, augmentaient le désordre et la terreur des
Romains. Tandis qu’ils tâchaient de s’éloigner des brûlots et de sauver une
partie de la flotte ; les galères de Genséric les assaillirent de tous côtés
avec ordre et un courage réglé par la prudence ; et ceux des soldats romains
qui avaient échappé aux flammes furent pour la plupart pris ou tués par les
Vandales victorieux. Au milieu des événements de cette nuit désastreuse, Jean,
l’un des principaux officiers de Basiliscus, a su, par son courage héroïque ou
plutôt désespéré, préserver son nom de l’oubli. Lorsque le vaisseau qu’il avait
courageusement défendu fut presque consumé par les flammes, il se refusa
dédaigneusement aux instances de Genso, fils de Genseric, qui, plein d’estime
et de compassion pour lui, le pressait honorablement de se rendre ; et se
précipitant tout armé dans la mer, ses derniers mots furent qu’il ne voulait
pas tomber vivant dans les mains de ces misérables impies. Mais Basiliscus qui,
fort éloigné d’un semblable courage, avait choisi son poste très loin du
danger, prit honteusement la fuite dès le commencement du combat, retourna
précipitamment à Constantinople, après avoir perdu la moitié de sa flotte et de
son armée, et mit sa tête coupable à l’abri du sanctuaire de Sainte-Sophie, où
il attendit que sa sœur eut obtenu, par ses prières et ses larmes, le pardon de
l’empereur indigné. Héraclius fit sa retraite à travers le désert ; Marcellin
se retira en Sicile, où peut-être à l’instigation de Ricimer, il fut assassiné
par un de ses propres officiers ; et le roi des Vandales apprit avec autant de
surprise que de satisfaction, que les Romains s’empressaient eux-mêmes à le débarrasser
de ses plus formidables adversaires [4079] .
Après le mauvais succès de cette grande expédition, Genseric recommença à
exercer sa tyrannie sur les mers ; les côtes de l’Italie, de la Grèce et de
l’Asie éprouvèrent tour à tour les fureurs de sa vengeance et de son avarice.
La Sardaigne et Tripoli  rentrèrent sous son obéissance ; il ajouta la Sicile à
ses provinces, et, avant de mourir, plein de gloire et d’années, il vit la
destruction totale de l’empire d’Occident [4080] .
    Durant tout le cours d’un règne long et actif, le monarque
africain avait soigneusement cultivé l’amitié des Barbares de l’Europe, dont il
se servait habilement pour faire des divergions contre les deux empires. Après
la mort d’Attila, il renouvela son alliance avec les Visigoths de la Gaule ; et
les fils du premier Théodoric, qui régnèrent successivement sur cette nation
guerrière, oublièrent aisément, par des vues d’intérêt, l’affront que leur sœur [4081] avait reçu de
Genséric. La mort de l’empereur Majorien délivra Théodoric II des liens de la crainte
et peut-être de l’honneur ; il viola le traité récemment conclu avec les
Romains ; et sa perfidie lui valut le vaste territoire de Narbonne, qu’il
réunit à ses États. Par une politique intéressée, Ricimer l’encourageait à
envahir les provinces qui obéissaient à son rival Ægidius ; mais l’activité du
comte défendit Arles, remporta une victoire à Orléans, sauva la Gaule, et
arrêta tant qu’il vécut les progrès des Visigoths. Leur ambition ne tarda pas à
se rallumer ; et le dessein d’arracher la Gaule et l’Espagne au gouvernement
romain, fut conçu et presque entièrement exécuté sous le règne d’Euric, qui
assassina son frère Théodoric, et déploya avec plus de férocité de très grands
talents politiques et militaires. Il passa les Pyrénées à la tête d’une armée
nombreuse, soumit les villes de Saragosse et de Pampelune, vainquit en bataille
rangée la noblesse de la province Tarragonaise, porta ses armes victorieuses
jusqu’au cœur de la Lusitanie, et accorda aux Suèves la possession tranquille
de la Galice, sous l’autorité de la monarchie des Goths d’Espagne [4082] . Ce fut avec
non moins de vigueur qu’Euric tourna ses entreprises vers la

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