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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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[4256] ,
repoussé ou éludé la tyrannie des ariens. Ils abandonnèrent tous la ville à
l’arrivée d’un évêque hérétique : ceux qui purent se procurer des vaisseaux
passèrent sur les côtes d’Espagne, et ceux de ces malheureux persécutés qui
demeurèrent en Afrique, refusant de reconnaître l’usurpateur, continuèrent à
tenir leurs assemblées pieuses, mais illégales. Cette désobéissance enflamma la
colère du barbare Hunneric. Un comte militaire fut envoyé de Carthage à Tipasa
; il rassembla les catholiques dans le Forum, et, aux yeux s de toute la
province, fit couper la main droite et la langue aux coupables ; mais les
saints confesseurs continuèrent de parler après cette exécution inhumaine ; et
ce miracle est attesté par Victor, évêque africain, qui publia une histoire de
la persécution deux ans après l’événement [4257] . Si quelqu’un , dit Victor, révoque ce fait en doute, qu’il aille à
Constantinople entendra parler distinctement Restitutus, sous-diacre, qui fut
une de ces glorieuses victimes, et qui habite en ce moment, le palais de
l’empereur Zénon, où il jouit de la vénération de la pieuse impératrice . On
trouve avec étonnement à Constantinople un second témoin sans passion,
désintéressé, savant et, irrécusable Énée de Gaza, philosophe de la secte de
Platon, a rapporté avec soin ses observations sur les martyrs d’Afrique. Je
les ai vus de mes yeux , dit-il, je les ai entendus parler, je me suis
informé soigneusement de ce qui pouvait produire des sons articulés sans le
secours de la langue, et je me suis servi de mes yeux pour confirmer le témoignage
de mes oreilles. J’ai ouvert leur bouche, et je me suis assuré que la langue
avait été totalement arrachée jusqu’à la racine, opération que les médecins
assurent être toujours mortelle [4258] .
    Le récit d’Énée de Gaza est confirmé par le témoignage surabondant
d’un édit perpétuel de l’empereur Justinien, par la chronique du comte
Marcellin, et par le pape Grégoire Ier, qui avait résidé à Constantinople en
qualité de ministre du pontife romain [4259] .
Ils vécurent tous dans le siècle qui fut témoin de ce prodige, et tous
l’attestent comme témoins oculaires ou comme en ayant la certitude par la
notoriété publique. Ces miracles, dont il y eût plusieurs exemples successifs,
se passèrent sur le théâtre le plus vaste et le plus éclairé du monde, et
furent soumis durant plusieurs années à l’examen des sens. Ce don surnaturel
des confesseurs africains qui parlaient, quoique privés de l’organe de la
parole, obtiendra sans doute la confiance de tous ceux et de ceux seulement qui
sont déjà disposés à croire que leur langage était celui de la pure orthodoxie
; mais l’esprit opiniâtre des infidèles est défendu par des soupçons secrets et
incurables ; l’arien ou le socinien, qui a rejeté la doctrine de la Trinité,
résistera toujours à l’évidence des miracles opérés par les disciples de saint
Athanase.
    Les Vandales et les Ostrogoths persévérèrent dans l’hérésie
d’Arius jusqu’à la destruction totale des royaumes qu’ils avaient fondés en
Afrique et en Italie. Les Barbares de la Gaule se soumirent à la puissance des
Francs et embrassèrent leur doctrine orthodoxe, et la conversion volontaire des
Visigoths rétablit la foi catholique en Espagne.
    Cette révolution salutaire fut hâtée par l’exemple d’un
martyr illustre, que, dans le calme de la raison, on pourrait accuser de
révolte et d’ingratitude [4260] .
Leuvigild, qui régnait sur les Goths d’Espagne, méritait l’estime de ses
ennemis et l’amour de ses sujets. Les catholiques jouissaient dans ses États de
la plus grande tolérance, et les synodes ariens tâchaient, sans beaucoup de
succès, de réconcilier les deux partis en supprimant la cérémonie détestée d’un
second baptême. Hermenegild, son fils aîné, à qui il avait donné le titre de
roi et la souveraineté de la Bétique ou Andalousie, épousa la fille de
Sigebert, roi d’Austrasie, et de la fameuse Brunehaut. La belle Ingonde, de
race mérovingienne, et attachée à la foi orthodoxe, passa, à l’âge de treize
ans, à la cour arienne de Tolède où elle fut reçue ; aimée et persécutée.
Goisvintha, reine des Goths et grand’mère maternelle d’Ingonde, abusa de cette
double autorité, et se servit alternativement des caresses et de la violence [4261] . Irritée de la
pieuse

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