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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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monde a été fait par elle ; elle était la vie
et la lumière des hommes , etc. ( Évangile
selon saint Jean , c. I, v. 4 et 10, etc.) Il est impossible de ne pas
reconnaître dans ce chapitre les idées que les Juifs se faisaient du logos
allégorisé. L’évangéliste personnifie ensuite réellement ce que ses
prédécesseurs n’avaient personnifié que poétiquement, car il affirme que la
parole est devenue chair (v. 14) ; c’est pour le prouver qu’il écrivait.
Examinées de près, les idées qu’il donne du logos ne sauraient s’accorder avec
celles qu’en avaient Philon et l’école d’Alexandrie ; elles répondent au
contraire à celles des Juifs de la Palestine. Peut-être, saint Jean, se servant
d’un mot connu pour expliquer une doctrine qui ne l’était pas, en a-t-il altéré
un peu le sens : c’est cette altération que l’on croit découvrir en rapprochant
les divers passages de ses écrits.
    Ce qu’il y a de remarquable, c’est que les Juifs de la
Palestine, qui ne voyaient pas cette altération, ne devaient trouver rien
d’étrange dans ce que disait saint Jean du logos ; au moins le comprenaient-ils
sans peine ; tandis que les philosophes grecs et les Juifs grécisants, de leur
côté, y portaient des préventions et des idées faciles à concilier avec celles
de l’évangéliste qui ne les contredisait pas expressément. Cette circonstance a
dû beaucoup favoriser les progrès du christianisme ; aussi les pères de
l’Église des deux premiers siècles et au-delà, formés presque tous à l’école
d’Alexandrie prêtaient-ils au logos de saint Jean un sens assez semblable à
celui dans lequel l’avait pris Philon. Leur doctrine se rapprochait beaucoup de
celle qu’au quatrième siècle le concile de Nicée condamne dans la personne d’Arius.
( Note de l’Éditeur .)
    [2325] Voyez Beausobre, Hist. critique du Manichéisme ,
tome I, p. 337. L’Évangile selon saint Jean est supposé avoir été publié
environ soixante-dix ans après la mort de Jésus-Christ.
    [2326] Mosheim (p. 331) et Le Clerc ( Hist. ecclés .,
p. 535) expliquent clairement les sentiments des ébionites. Les critiques
attribuent à un de ces sectaires les Clémentines publiées par les pères
apostoliques.
    [2327] Les polémistes opiniâtres comme Bull ( Judicium.
Eccles. cathol ., c. 2) insistent sur l’orthodoxie des nazaréens, qui paraît
moins pure et moins certaine aux yeux de Mosheim, p. 330.
    [2328] L’obscurité et les souffrances de Jésus ont toujours
été le grand argument des Juifs. Deus contrariis coloribus Messiam
depinxerat ; futurus erat rex, Judex, pastor , etc. Voyez Limborch et
Orobio, amica Collat ., p. 8, 19, 53, 76, 192, 234. Cette objection a
obligé les chrétiens à élever leurs yeux vers un royaume spirituel et éternel.
    [2329] Saint Justin martyr, Dialog. cum Tryphonte , p.
143, 144. Voyez Le Clerc, Hist. ecclés ., p. 615 ; Bull et Grabe son
éditeur ( Judicium Eccles. catholic ., c. 7, et l’Appendice), essaient de
défigurer les sentiments ou les paroles de saint Justin ; mais leur correction,
qui fait violence au texte, a été rejetée même de l’édition des bénédictins.
    [2330] La plupart des docètes rejetaient la véritable
divinité de Jésus-Christ aussi bien que sa nature humaine : ils étaient du
nombre des gnostiques, dont quelques philosophes, au parti desquels se range
Gibbon, ont voulu faire dériver les opinions de celles de Platon. Ces
philosophes ne réfléchissaient pas que le platonisme avait subi des altérations
continuelles, et que celles qui lui donnaient quelques rapports avec les idées
des gnostiques, étaient postérieures à la naissance reconnue des sectes comprises
sous ce nom. Mosheim a prouvé (dans ses Instit. histor. Eccles. major .,
sec. I, p. 136 sqq., et p. 339 sqq.), que la philosophie orientale, combinée
avec la philosophie cabalistique des Juifs, avait donné naissance au
gnosticisme. Les rapports qui existent entre cette doctrine et les monuments
qui nous restent de celle des Orientaux, comme les Chaldéens et les Perses,
sont évidents, et ont été la source des erreurs des gnostiques chrétiens qui
ont voulu concilier leurs anciennes idées avec leur nouvelle croyance. C’est à
cause de cela qu’en niant la nature humaine du Christ, ils niaient aussi son
union intime avec Dieu, et ne le prenaient que pour une des substances ( æones )
créées de Dieu. Comme ils croyaient à l’éternité de la matière, et

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