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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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nature de Dieu et les actions de Jéhovah, il
conclut : Scilicet ut hœc de Filio Dei non credenda fuisse, si non scripta
essent, fortasse non credenda de Patre, licet scripta .
    [2323] Les platoniciens admiraient le commencement de
l’Évangile de saint Jean, comme contenant une imitation exacte de leurs
principes. (Saint Augustin, de Civit. Dei , X, 29. ; Amelius, apud
Cyril., advers. Julian , VIII, p. 283.) Mais dans les troisième et quatrième
siècles, les platoniciens d’Alexandrie ont pu perfectionner leur Trinité par
l’étude de la théologie chrétienne.
    [2324] Une courte discussion sur le sens dans lequel saint
Jean a pris le mot logos prouvera qu’il ne l’a point emprunté de la philosophie
de Platon.
    L’évangéliste se sert de ce mot sans explication
préalable, comme d’un terme que ses contemporains connaissaient déjà et
devaient comprendre. Pour savoir le sens qu’il lui prête, il faut donc chercher
quel était celui qu’on lui prêtait de son temps : on en trouve deux ; l’un
était attaché au mot logos par les Juifs de la Palestine ; l’autre par l’école
d’Alexandrie, spécialement par Philon. Les Juifs avaient craint de tout temps
de prononcer le nom même de Jéhovah ; ils avaient contracté l’habitude de
désigner Dieu par quelqu’un de ses attributs : ils l’appelaient tantôt la
sagesse, tantôt la parole : Des cieux ont été faits par la parole de l’Éternel
( Ps . 33, v. 6). Accoutumés aux allégories, ils s’adressaient souvent à
cet attribut de la Divinité comme à un être réel. Salomon fait dire à la
sagesse : J’appartiens à l’Éternel, j’ai présidé dans ses conseils, j’étais
avant tous ses ouvrages ; de toute ancienneté, j’ai été établie souveraine
longtemps avant que la terre fut créée, etc. ( Prov ., c. 8, v. 22 sqq.)
Le séjour en Perse ne fit qu’augmenter le penchant à des allégories soutenues.
On trouve dans l’Ecclésiastique du Siracide et dans le livre de la Sagesse des
descriptions allégoriques de la Sagesse, comme celle-ci : Je sors de la bouche du Très Haut,
et j’ai couvert la terre comme d’une nuée... Seule, j’aie dessiné les bornés du
ciel et creusé les abîmes de la mer.... Le Créateur m’a créée avant les
siècles, et je subsisterai pendant tous les siècles.... Celui qui se nourrira
de mes fruits n’aura plus faim ; celui qui s’abreuvera à ma source n’aura plus
soif . ( Ecclésiastique , c. 24, v. 3, 5, 9 et 20 ;
voyez aussi le livre de la Sagesse de Salomon, c. 7 et 9.) On voit d’après cela
que les Juifs entendaient par les mots hébreux et chaldaïques qui signifiaient
sagesse, parole, et qui furent traduits en grec par ceux de σοφια , λογος , un simple attribut de la Divinité qu’ils
personnifiaient allégoriquement, mais dont ils ne faisaient point un être réel,
particulier, hors de Dieu.
    L’école d’Alexandrie, au contraire, et Philon entre
autres, mêlant les idées grecques aux idées judaïques et orientales, et se
livrant à un penchant vers le mysticisme, personnifia le logos, et le
représenta (voyez la note 18) comme un être particulier, créé de Dieu, et
intermédiaire entre Dieu et les hommes ; c’est le second logos de Philon
( λογος
προφοριxος ), celui qui agit
lors de la naissance du monde, seul de son espèce ( μονογενης ), créateur du monde sensible ( xοσμος
αισθηπτος ), que Dieu forma
d’après le monde idéal ( xοσμος
νοητος ) qu’il avait en lui, et qui était le premier
logos ( ο ανωτατω ), le premier
né ( ο
πρεσβυτερος
νιος ) de la Divinité. Le logos, pris dans ce sens,
était donc un être créé, mais antérieur à la création de monde, voisin de Dieu
et chargé de ses relations avec les hommes.
    Quel est celui de ces deux sens que saint Jean a eu l’intention
de prêter au mot logos dans le premier chapitre de son Evangile et dans tout ce
qu’il a écrit ?
    Saint Jean était un Juif né et élevé en Palestine ; il
ne connaissait point, ou du moins très peu, la philosophie des Grecs et celle
des Juifs grécisants : il devait donc naturellement attacher au mot logos le
sens qu’y attachaient les Juifs de la Palestine. Que l’on compare en effet les
attributs qu’il prête au logos avec ceux qui lui sont prêtés dans les
Proverbes, dans la Sagesse de Salomon, dans l’Ecclésiastique, on verra que ce
sont les mêmes : La
parole était dans le monde, et le

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