Histoire du Japon
généralement donné au titulaire de la charge la plus haute parmi les officiers de la Couronne, le dajô daijin ou chancelier, et le deuxième grade supérieur était lui aussi réservé à des hommes de très haute naissance ou de très haute distinction. Conformément à la coutume chinoise, il arrivait que l’on confère un grade à une divinité que l’on estimait devoir honorer ou remercier de quelque laveur, ou bien à un esprit vengeur que l’on espérait ainsi apaiser. A chaque grade correspondaient certains émoluments, généralement sous forme de terre à ri/ et de travailleurs pour la cultiver. A la cour, la différence importante entre toutes était celle séparant les « denjô bito », c’est-à-dire ceux qui étaient admis au niveau de l’empereur dans sa salle d’audience, et les « chige », qui restaient au niveau inférieur et qui, en quelque sorte, composaient le parterre.
A côté de ces grades de cour, il y avait les grades de fonction, définis dans les codes administratifs. Étant donné que les régents Fujiwara occupèrent souvent des fonctions qui ne correspondaient pas davantage à leur véritable importance politique qu’au grade qu’ils avaient à la cour, il vaut la peine de signaler ici les principaux emplois. D’ailleurs, la chose est essentielle, car la littérature de l’époque de Heian, comme d’ailleurs de n’importe quelle époque de l’histoire japonaise, fait si souvent mention des grades, des fonctions et des titres qu’on la comprend à peine si l’on ignore la terminologie qui se rapporte au rang et à la préséance. Enfin, il est d’autant plus nécessaire d’en avoir une certaine connaissance que c’était une pratique courante que de parler des gens non pas en se référant à leur nom, mais à leur emploi ou à leur lieu de résidence. Ainsi, Michigana était connu comme le kampaku du Midô (nom de son palais) ou le régent du Hôjôji (le monastère de la famille) ; et lorsqu’elle fut entrée en religion, on appela l’impératrice Akiko Jôtômon-In, ce qui signifie « Nonne impériale de la Haute Porte d l’Est ». La tendance générale voulait qu’on évitât l’emploi direct du nom de famille et du nom personnel et qu’on leur préférât des désignations comme Conseiller de la Troisième Avenue, Ministre du Chemin de la Fortune ( Tomi no kôji no Sadaijin), ou Maîtresse de la Garde-Robe ( Mikushige-dono , titre donné par Sei Shônagon à une fille Fujiwara chargée de veiller à la coiffure de l’impératrice Sadako). L’importance qu’attachait la cour au tabou du nom était certainement due à l’influence chinoise.
A partir de la fin du règne de Murakami (976), les empereurs ne furent plus désignés par leur nom personnel (ou posthume) mais par celui d’un endroit ou d’un bâtiment auxquels ils étaient associés. Ainsi Reizei était-il le nom d’un appartenu at du palais ; Ichijô, d’une rue ; et Tsuchimikado, d’une porte. Cette pratique était le résultat de l’ascension des Fujiwara et de la politique des régents visant à supprimer le prestige personnel des souverains.
Le gouvernement – on l’a vu était partagé en deux départements : celui du Culte ( Jingikan) et celui de l’État ( Dajôkan ). Le premier, bien que très important en tant que responsable de la célébration des cérémonies nationales et de l’entretien des sanctuaires, était relativement petit, et son prestige était plus grand que son pouvoir. Le département de l’État était le service ou conseil qui dirigeait et surveillait l’ensemble de l’appareil administratif. C’était plutôt un conseil d’État qu’un cabinet ministériel, car les chefs des huit ministères n’en étaient pas membres, mais relevaient de lui. Il comprenait le président ou chancelier ( dajô daijin) le ministre de la Gauche ( sadaijin) le ministre de la Droite (udaijin) le ministre du Centre (naidaijin), et, au-dessous de ces quatre grands officiers de la Couronne, par ordre de préséance, trois grands conseillers (dainagon) trois conseillers intermédiaires (chünagon) trois conseillers mineurs ( shônagon) huit membres du Conseil ( sangi) un administrateur de la Gauche (sadaiben) un administrateur de la Droite (udaiben) Les huit départements exécutifs étaient placés sous l’autorité des ministres (kyö) et de leurs adjoints. Chaque département ou ministère consistait en un certain nombre de bureaux, à la tête desquels se
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