Histoire du Japon
1016 1017
Go-Ichijô 1008 1016 – 1036
Go-Suzaku 1009 1036 _ 1045
Shuzaku
Go-Reizei 1025 1045 – 1068
Go-Sanjô 1034 1068 1072 1073
Shirakawa 1053 1072 1086 1129
Horikawa 1079 1086 – 1107
Toba 1103 1107 1123 1156
Sutoku 1119 1123 1141 1164
Konœ 1139 1141 _ 1155
Go-Shirakawa 1127 1155 1158 1192
Nijô 1143 1158 – 1165
Rokujô 1164 1165 1168 1176
Takakura 1161 1168 1180 1181
Antoku 1178 1180 (déposé) 1185
Go-Toba 1180 1184 1198 1239
trône il voulût régner à son gré, et se lançât aussitôt dans une politique très défavorable aux Fujiwara. Avant longtemps, les régents commencèrent à perdre du terrain, et en 1069, lorsque le jeune frère de Yorimichi fut nommé régent, Go-Sanjô déclara, dit-on, qu’il s’agissait d’un titre purement honorifique. Encouragé et appuyé par de bons conseillers, il entreprit ensuite de restaurer le pouvoir administratif de la Couronne, que les Fujiwara avaient soit usurpé soit bafoué. L’un de ses premiers grands actes politiques fut la création d’un registre foncier (kirokujo), dont nous avons déjà parlé 23 . C’était un effort méritoire pour régler la question des très nombreux domaines (shôen) quasi indépendants dont les prétentions à l’immunité fiscale et judiciaire ruinaient le système administratif central.
L’empereur Go-Sanjô mourut malheureusement en 1073, âgé de trente-neuf ans, après seulement quatre ans de règne. Maints problèmes difficiles restaient sans solution, mais l’emprise des Fujiwara était enfin brisée. Leur autorité fut alors remplacée non pas, comme on pourrait l’imaginer, par celle des monarques régnants, mais par le curieux système de l’Insei, que l’on peut traduire par « gouvernement du cloître ». Ce système voulait que le souverain en titre abdiquât de lui-même, nommât comme successeur un héritier docile, généralement mineur, et (d’ordinaire après avoir pris la tonsure) continuât à diriger les affaires de l’État depuis l’endroit qu’il avait choisi pour retraite. Du fait de la vie religieuse qui était désormais la sienne, cet endroit était connu comme son « in », suffixe habituel accolé au nom d’un logement monacal. Selon une pratique très courante au Japon, le résident prenait le nom de la résidence, de sorte que, une fois que Go-Sanjô eut abdiqué en faveur de son fils (ce qu’il fit en 1072, peu avant sa mort) et se fut retiré dans son in, ou cloître, on le désigna sous le titre de Go-Sanjô In. Il avait l’intention de gouverner par l’intermédiaire de son fils, l’empereur Shirakawa, qui, après avoir occupé le trône de 1072 à 1086, abdiqua, entra dans les ordres et continua d’exercer le pouvoir en tant qu’empereur cloîtré jusqu’à sa mort, en 1129. Durant ces vingt-trois ans, trois souverains en titre se succédèrent, mais sans avoir aucune autorité réelle.
Si, à proprement parler, la pratique du gouvernement de cloître commença en 1086 avec l’abdication de l’empereur Shirakawa, elle naquit tout naturellement de certaines habitudes de la vie japonaise. Le poids des devoirs rituels et familiaux n’était pas l’apanage du souverain, mais le partage de presque tous les hommes de rang. Et il était si accablant que, pour y échapper, il était contrant que le chef d’une grande institution ou d’une grande maison prenne une retraite précoce, selon une coutume, l’« inkyo » (qui signifie vie protégée ou passive), qui d’ailleurs n’a pas complètement disparu même à l’époque moderne. Dans l’histoire dynastique du Japon, la fréquence des abdications est notoire, ainsi qu’il ressort du tableau des
Weitere Kostenlose Bücher