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Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
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caractéristique de la vie japonaise depuis les temps les plus anciens, forgeant l’attitude nationale à l’égard des questions de morale et de goût.
    Particulièrement saisissant est le langage qui dit comment, répondant aux prières, les dieux vont chasser les offenses mentionnées. Les dieux célestes, en entendant l’invocation, repousseront les nuages pour écouter, et les dieux terrestres monteront au sommet des monts et des collines et écarteront les brumes pour écouter.
    « Puis, en réponse aux prières, nous croyons que toutes les offenses vont disparaître et qu’il n’en restera aucune, comme le souffle du dieu du Vent disperse les multiples nuages, comme la brise du matin et du soir dissipe l’épaisse brume du matin et l’épaisse brume du soir, comme les grands bateaux dans le port, leurs amarres de proue et leurs amarres de poupe détachées, sont poussés vers l’océan ; comme les pousses les plus denses tombent sous les coups de la tranchante faucille. »
    Ensuite, les offenses sont emportées du haut des monts et des collines par des torrents rapides jusqu’à la mer, où elles sont englouties avec un gargouillis dans le tourbillon que forment les courants saumâtres, puis complètement chassées vers les régions inférieures, et là, bannies à jamais.
    Cette prière en particulier soulève la délicate question de la nature des idées morales au Japon avant que ne se fasse sentir l’influence des enseignements éthiques bouddhique et confucéen. Le mot traduit par « offenses » ou « péchés » est le mot japonais « tsumi », qui, étymologiquement, a le sens de couvert ou caché. Cela semble indiquer que ce qu’on réprouvait est ce qui était indésirable du point de vue social plutôt que mal du point de vue moral, un acte ou un état qui suscitaient des sentiments de honte, mais non de culpabilité. Peut-être est-ce un stade dans la vie d’un peuple comparable à celui de notre vie d’enfants, quand « nous ignorions la doctrine du mal, et n’imaginions pas que personne la connût ».
    L’énumération des offenses, surtout celles qui ont trait à la souillure et rappellent ainsi le code mosaïque, semble avoir un but hygiénique. Mais peut-être est-ce un tort d’analyser selon les termes de la pensée moderne des notions primitives de comportement. Toutefois, il est bon de relever que les débuts d’une conscience morale peuvent se retrouver dans les premiers récits mythologiques, dans les mots représentés par les caractères chinois signifiant « bien » et « mal ». Les mots indigènes sont « yoki » et « ashiki », qui veulent dire « bien » et « mal » dans le sens d’agréable et désagréable. Mais, parallèlement au couple yoki-ashiki, on en trouve d’autres comme « urawashiki » et « kitanaki » (« propre » et « sale »), et yoki et ashiki sont eux-mêmes employés dans le sens de « heureux » et « malheureux ».
    Plus intéressants et significatifs sont les groupes de mots employés pour décrire le naturel (« kokoro », le cœur) de l’homme. Un bon cœur est « akaki » (« lumineux ») ou « kiyoki » (« pur, propre »), et un mauvais cœur « kuraki » (« obscur ») ou « kitanaki » (« sale »). Certains érudits japonais soutiennent que les termes employés dans le mythe pour décrire les attributs des dieux expriment ce qui est ressenti comme le juste comportement de l’homme. Les dieux sont présentés comme aimables et aimants, et l’on dit de même des souverains divins qu’ils aiment et chérissent le peuple. Il se peut qu’il en soit ainsi, car c’est un trait marquant du mythe qu’il n’y a pas de dieux jaloux pour punir les hommes de leurs mauvaises actions. Même les prétendus mauvais dieux (Akugami) s’apaisent, étant plus malicieux que méchants. Le mythe ne contient en effet aucun esprit satanique du mal. Cette répugnance à reconnaître l’existence du mal semble avoir sa contrepartie dans l’attitude des Japonais face à la loi. Le code pénal ne joue qu’un rôle mineur dans la législation de l’empire Tang et du Japon sous influence chinoise, car punir un individu ne remédie pas au trouble de l’ordre naturel.
    Mais il faut se souvenir que si Zeus et Jéhovah blâment et punissent l’iniquité, c’est de leur attitude à l’égard du mal que naît l’abstraction de Justice. Il ne semble pas qu’il y ait en Chine ni au Japon de concept

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