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Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
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tortures d’une indicible atrocité. Un historien sans préjugé est cependant contraint d’admettre que Hideyoshi, et Nobunaga avant lui, quelque brutaux et impitoyables qu’ils aient souvent été, n’étaient pas de taille à rivaliser d’infamies avec Tibère, Caligula et Néron. Nobunaga et Hideyoshi étaient des ambitieux presque illettrés. Les Césars de la maison julienne étaient de naissance noble et cultivés, et la plupart d’entre eux étaient néanmoins incapables de dominer leurs passions cruelles. Ils n’avaient même pas la minime excuse de Nobunaga et de Hideyoshi, qui étaient d’origine modeste et guidés par l’ambition. Et il faut se rappeler que, contrairement à Nobunaga, Hideyoshi fut jusqu’à ses dernières années ennemi du massacre gratuit et enclin à se montrer patient envers ses ennemis.

LES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
    Relations avec le Portugal et l’Espagne : Ceux qui s’intéressent a l’histoire asiatique trouvent parfois amusante la vision chinoise qui faisait de la Chine le centre du monde civilisé et de tous les autres pays ses tributaires. Mais le postulat de Rome selon lequel, aux fins de conquête, de commerce et d’évangélisation, le Portugal et l’Espagne pouvaient se diviser le monde n’est pas moins ridicule.
    Peu après qu’Albuquerque eut atteint les Moluques (1512), des navires portugais commencèrent à voguer dans les eaux chinoises, et avant longtemps un important commerce se développa avec la Chine. Le pape avait donné au Portugal le monopole du commerce maritime à l’est de la mer Rouge jusqu’au 7e degré à l’est des Moluques. Ce monopole commercial se doublait d’un monopole de propagande chrétienne, car personne sauf les missionnaires approuvés par les Portugais ne trouvait place à bord de leurs navires. En conséquence de quoi, pendant un demi-siècle après la découverte du Japon par des marins portugais en 1542, les jésuites étaient seuls à prêcher au Japon et les navires portugais seuls à faire du commerce dans les ports japonais.
    Ce monopole portugais, dû à des relations particulières entre la Compagnie de Jésus et l’État portugais, fut confirmé après 1580, quand l’Espagne et le Portugal furent unis sous le sceptre de Philippe II. Il fut observé, bien qu’avec réticence, par les négociants espagnols et les missionnaires chrétiens de Manille, qui étaient à l’époque les seuls Européens qui auraient pu rivaliser avec les Portugais en Asie orientale. Le monopole du travail missionnaire que détenait au Japon la Compagnie de Jésus était très spécifique, car il avait été accordé par le pape Grégoire XIII en 1585. Il était toutefois pris en mauvaise part par les membres des autres ordres – franciscains, dominicains et augustins – qui prêchaient alors l’Évangile dans les Philippines. Ils étaient informés des succès des jésuites au Japon et brûlaient de pouvoir moissonner dans ce secteur, en partie par jalousie, mais aussi parce qu’ils étaient convaincus de pouvoir réparer les dommages causés par les jésuites, dont ils avaient choisi de considérer les erreurs comme la cause véritable des persécutions de Hideyoshi en 1587.
    Aux Philippines, les négociants espagnols s’irritaient de même de l’empire exercé par les Portugais sur le commerce avec le Japon, qui équivalait à un monopole d’État dans le sens où la traversée des navires portugais de Lisbonne au Japon devait avoir l’autorisation du gouvernement portugais. C’était un commerce très lucratif, car il représentait le seul moyen qu’avaient les Japonais d’obtenir en masse les produits chinois – or, soie grège et soieries en particulier – qu’on estimait indispensables à leur économie.
    La facilité avec laquelle les Portugais réalisaient d’importants bénéfices encourageait évidemment les marchands japonais à chercher leur part de profit soit en s’associant avec des étrangers soit en trouvant d’autres marchés. Les bateaux japonais pouvaient certes se risquer à commercer avec la Chine, mais la traversée n’avait pas l’autorisation des Chinois ni n’était à l’abri des attaques des pirates, que les navires marchands portugais bien armés pouvaient aisément repousser. Ils se tournèrent donc vers l’Asie du Sud-Est, empruntant les eaux jadis familières aux wakô, les corsaires du XVe siècle. De la Malaisie et de l’Indonésie, ils étendirent leur champ d’action

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