Histoire du Japon
nouveau capturé, cette fois par la famille Imagawa, qui le prit comme otage à Sumpu.
En 1560, au cours de la bataille d’Okehazama, Ieyasu (dont le nom d’adulte, Motoyasu, avait alors remplacé celui de Takechiyo), toujours otage, accompagnait une aile de l’armée des Imagawa, mais grâce à l’écrasante défaite que Nobunaga infligea à Imagawa Yoshimoto il fut libéré d’une servitude qui, en tout, avait duré treize ans. Il put ainsi rentrer chez lui (à Oka-zaki), dans la province de Mikawa, où les partisans des Matsudaira lui firent un bon accueil.
Relations avec nobunaga et hideyoshi
En 1561, Motoyasu rompit avec la famille Imagawa pour s’allier à Nobunaga. Il prit le nom de Ieyasu et, tout en protégeant l’arrière de Nobunaga, il se mit en devoir de consolider sa propre position dans la province de Mikawa. Il se révéla un allié si utile que Nobunaga donna sa fille Tokuhime en mariage à son fils aîné, Nobuyasu. Quelques années plus tard, il parvenait à vaincre une forte opposition des fidèles Monto (ou Ikko) et de la noblesse rurale de sa province, et en 1567 il était devenu le maître du Mikawa, réduisant à néant ce qui restait de l’autorité des Imagawa. La cour reconnut ses mérites, et il reçut en 1566 l’autorisation d’employer le nom de famille de Tokugawa.
La façon dont il traita la noblesse rurale qui leur avait prêté appui constitue un trait distinctif de sa campagne contre les partisans des sectes. Dans des circonstances similaires, Nobunaga avait mis à mort tous ceux qui s’étaient opposés à lui dans l’Echizen et le Kaga, alors que Ieyasu, tout en confisquant les terres de ses ennemis les plus acharnés, se montra généreux envers ceux qui étaient disposés à se joindre à lui. Une fois fermement établi dans le Mikawa (il s’installa au château de Hamamatsu en 1570), et tandis qu’il soutenait fermement la politique d’unification menée par Nobunaga, il envisagea d’étendre son propre pouvoir sur le littoral oriental. C’est là un point dont il convient de se souvenir lorsqu’on considère ses activités subséquentes. Bien qu’il ne négligeât jamais son devoir envers Nobunaga, jamais il ne perdit de vue cet objectif dans les provinces de l’Est. Pour parer le danger menaçant son flanc au cas où il se déplacerait vers l’est en force, sa lutte avec Takeda Shingen et Takeda Katsuyori était vitale. Il se voyait comme un allié plutôt que comme un subalterne de Nobunaga, et il estimait qu’en étendant son autorité en direction de l’est il ne faisait que servir la cause de l’unification.
On reproche à Ieyasu de ne pas s’être empressé de punir les assassins de Nobunaga, mais il se trouvait à Sakai lorsque la nouvelle lui parvint, et il eut le plus grand mal à s’échapper avec une petite suite. Son premier souci fut, bien sûr, d’assurer la sauvegarde de ses propres provinces. De retour chez lui après un périlleux voyage à travers l’Iga, il passa dix jours à renforcer sa position dans le Kai et le Shinano. Ce n’est qu’alors qu’il partit vers l’ouest, pour apprendre par Hideyoshi qu’on ne demandait pas son aide. S’il fut déçu, il n’en laissa rien voir. Après avoir campé huit jours à Narumi pour voir quel tour prenaient les événements, il retourna à ses propres affaires.
Par la suite, il se montra un associé valable mais en rien obséquieux pour Hideyoshi qui, en tant que régent et chancelier, était en position de lui donner des ordres mais (surtout après les épreuves de force de Komakiyama et Nagakute) respectait son jugement et ne le pressait pas de lui fournir une aide militaire. Il eût été ruineux d’envoyer une expédition militaire du Mikawa au Kyüshü, et Ieyasu semble avoir hésité même à prendre part au siège d’Odawara. Il n’avait nullement l’intention de participer à l’invasion de la Corée. Il envoya une armée symbolique à Nagoya, mais il refusa de s’y rendre lui-même, disant qu’il préférait chasser dans son propre domaine.
Bien qu’il préservât son indépendance, Ieyasu ne se montrait guère soucieux de rivaliser avec Hideyoshi en tant que chef de la nation, et surtout pas de le renverser. Il était prompt à résister à toute menace contre son territoire, mais il étendait son autorité en direction de l’est, loin de la capitale. A n’en pas douter, il était parfaitement conscient de ses pouvoirs, car c’était un soldat et un
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