Histoire du Japon
le point fort de ses troupes, car ils lui devaient une obéissance personnelle. On ne connaît pas exactement leur nombre, mais après 1635, où des règles fixèrent leurs obligations, ils étaient environ 5000. Ils avaient un droit d’accès direct auprès du shôgun. Quand celui-ci faisait appel à eux, ils devaient entrer en campagne avec 13 hommes par 500 koku de revenu. On estime ainsi qu’ils étaient en mesure de lever 80000 hommes. Ce chiffre comprend des partisans directs d’un grade inférieur, les samurai sans fief appelés go-kenin, dont le nombre était de quelque 17000.
Le bakufu désapprouvait toute relation étroite entre les hatamoto de rang inférieur et les paysans travaillant sur leurs terres. Par crainte d’un soulèvement, ou même par crainte que la petite noblesse locale n’en vienne à former une classe comme les kokujin, qui avaient créé des ennuis aux gouvernements précédents, les daimyô avaient généralement pour politique de se défaire des hatamoto dont le revenu était inférieur à 500 koku en leur offrant une pension fixe. La proposition était d’ordinaire acceptée de bon gré, et de nombreux hatamoto s’installèrent ainsi dans les villes-châteaux, où ils suscitèrent d’ailleurs un nouveau problème, car, sans emploi, ils avaient tendance à semer le désordre.
Les hatamoto du rang le plus haut avaient un revenu de 3000 koku ou même davantage. Ils devaient eux aussi se soumettre au système de présence alternée et certains d’entre eux obtinrent des responsabilités officielles. Le processus visant à exclure les hatamoto et les go-kenin de la terre était allé si loin que, en 1722, un dixième seulement de leur nombre total (estimé à 22000) n’étaient pas pensionnés. Les domaines des hatamoto qui s’étaient ainsi retirés furent incorporés dans ceux du bakufu.
L’appareil administratif
Comme on l’a vu, le système administratif se construisit graduellement. Il prit sa forme plus ou moins permanente à l’époque du troisième shôgun, Iemitsu (1623-1651). Pour la commodité des lecteurs, il semble toutefois mieux d’anticiper et de présenter dans ce premier chapitre les principaux traits du système tel qu’il se développa sous les trois premiers shôgun.
Les principaux offices et officiers étaient les tairô, ou grands aînés ; le Röjü, ou conseil des Aînés ; et le Hyôjôsho, ou Conseil judiciaire. Leurs fonctions respectives étaient les suivantes :
Les tairô : Les fonctions des tairô, ou grands aînés, étaient de conseiller en matière de haute politique et d’agir en qualité de régents durant la minorité d’un shôgun. A l’époque de Hideyoshi, ces aînés (go-tairô) étaient cinq, mais sous le bakufu d’Edo leur nombre fut réduit à trois (en 1633), puis à deux, et enfin à un seul. Les premiers détenteurs de cette charge furent Doi Toshikatsu, Sakai Tadakatsu et Sakai Tadayo. Par la suite, les nominations ne furent pas faites régulièrement mais seulement à des fins précises. On choisissait alors un daimyô fudai expérimenté possédant un revenu d’au moins 100000 koku.
Le Röjü : Les fonctions du Rôjû étaient à la fois conseillères et administratives. Sous Ieyasu, le Conseil ne comptait que deux membres. Il n’y eut que peu de changement sous Hidetada, mais sous Iemitsu, à l’occasion d’une révision complète du système de gouvernement, leur nombre fut porté à cinq puis réduit à quatre. Leurs fonctions furent clairement définies dans une ordonnance de 1634, que l’on peut résumer comme suit :
1. Relations avec le Trône, la cour et les princes-abbés.
2. Surveillance des daimyô ayant un revenu de 10000 koku et plus.
3. Prescription de la forme des documents dans les communications officielles.
4. Direction des affaires internes des domaines du shôgun.
5. Monnayage de l’or et de l’argent.
6. Travaux publics.
7. Inféodations.
8. Contrôle des monastères et sanctuaires.
9. Compilation de cartes, etc.
Les quatre rôjû servaient à tour de rôle, chacun durant un mois. Ils communiquaient avec le shôgun par l’entremise des soba-yônin, chambellans chargés de son service personnel. On prétend parfois qu’ils formaient une sorte de cabinet, mais de telles analogies sont trompeuses, car lorsqu’il y a une organisation élaborée de conseils et de bureaux, les militaires en position d’autorité trouvent des raccourcis pour agir.
Le Hyöjösho : C’était
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