Histoire du Japon
10000 koku donnait au daimyô et à ses vassaux un revenu fiscal (à 50 %) de seulement 5000 koku, dont il ne restait presque rien après paiement des pensionnés et des frais d’entretien du château et de la maison du daimyô, sauf quand l’ensemble du fief bénéficiait de la vente de produits agricoles cultivés à des fins commerciales. Dans ces domaines, les samurai de rang inférieur ne recevaient qu’une pension très modeste.
Ainsi, comme centres de population en expansion, les villes-châteaux étaient moins importantes que, par exemple, les villages qui se développaient dans les environs d’Osaka. Ces anciens établissements ruraux occupaient une vaste région recouvrant les provinces de Settsu, Kawachi et Izumi ; et, n’étant séparés que par de courtes distances, ils avaient tendance à s’unir pour former des agglomérations urbaines. Un autre exemple frappant illustrant la croissance d’une ville est celui d’un endroit appelé Tonda-bayashi, à qui sa situation sur une route traversant le Kawachi en provenance du Yamato valait une certaine importance au XIVe siècle déjà 245 . C’était un lieu de résidence pratique pour les marchands aisés et les ouvriers qu’employait l’industrie du coton, qui prospéra dans la région dès 1640 environ. D’autres agglomérations de ce type, comme Hirano, Tennôji, Sumiyoshi et Sakai, nouèrent des relations étroites, et, vers la fin du siècle, s’étaient unies pour former le grand marché national dont l’axe était Osaka.
Quoique l’importance des villes-châteaux eût tendance à diminuer, leur essor politique profitait à l’ensemble du pays. Elles étaient avant tout des bases militaires, mais aussi des capitales administratives où les plus capables des membres de la classe militaire occupaient des fonctions importantes et contribuaient de ce fait à répandre la loi et l’ordre dans un pays qui avait connu jusque récemment la guerre civile et les vestiges de l’anarchie. Sans sacrifier leur caractère local, ces centres provinciaux contribuaient à créer une certaine unité culturelle, qui, dans le Japon médiéval, faisait défaut ou était au mieux imparfaite ; et cette tendance se trouvait sans doute largement renforcée par les expériences faites par les daimyô et leurs conseillers durant leurs séjours à Edo. Comme on l’a vu, il y avait dans la plupart des fiefs des lettrés confucianistes employés comme conseillers ou enseignants, qui tenaient les villes-châteaux au courant des mouvements intellectuels du moment.
LES GRANDES VILLES
A la fin du XVIIe siècle, la population des principales villes (non compris les militaires) était à peu près la suivante :
Les villes-châteaux ont déjà été décrites, mais le caractère des trois plus grandes villes mérite d’être étudié de façon plus détaillée.
Au Moyen Age, Kyoto était la principale et la plus grande ville du Japon, non seulement comme capitale et siège du souverain, mais aussi comme centre de la région la plus populeuse : les provinces du Centre. Depuis 1338 et pendant plus de deux siècles, elle fut le siège du gouvernement militaire des shogun Ashikaga. En outre, elle avait été longtemps le foyer du savoir et des arts, ainsi que des grands établissements bouddhiques.
Edo était un centre politique, et sa population comprenait les membres du gouvernement du bakufu, avec une foule de fonctionnaires et d’employés ; une petite garnison ; les daimyô présents en alternance avec une nombreuse suite de samurai et de serviteurs ; et un grand nombre d’artisans, de boutiquiers, de travailleurs et de personnes occupées dans le commerce de détail pour répondre aux besoins de la ville. Edo n’était ni une ville industrielle ni un entrepôt commercial. C’était une agglomération non de producteurs mais de consommateurs. Pour son approvisionnement, les matériaux de construction et autres produits nécessaires, elle dépendait des ressources de régions lointaines, notamment du riz provenant des domaines Tokugawa du Japon septentrional et du riz emmagasiné à Edo par les daimyô qui s’y trouvaient de service. Beaucoup de choses arrivaient par bateau d’ösaka, connue comme la « Cuisine du Japon » (Tenka no Daidokoro).
La taille et la population d’Edo commencèrent d’augmenter à partir de 1643 environ, lorsque les daimyô y établirent leurs résidences ; mais son développement fut interrompu en 1657 par le grand
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