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Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
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majorité d’entre eux n’avaient pas de fonctions importantes à remplir.
    Mais il ne faut pas imaginer que l’habitant moyen était de ce naturel agité. En règle générale, le chônin – ainsi nommé parce qu’il habitait un quartier (chô) de la ville et non pas à l’ombre du château – était un respectable artisan ou commerçant soucieux d’élever sa famille en paix. Edo étant une ville nouvelle, sa population comprenait beaucoup d’émigrants venus de toutes les régions du pays, mais surtout des provinces de l’Est, dont les habitants étaient connus pour être rudes et querelleurs. Il y avait en outre un mélange de commerçants entreprenants originaires du Mikawa, du Tôtômi, de l’Omi et de l’Ise (ceux venus de ces deux dernières provinces étaient si nombreux et faisaient de si bonnes affaires que leur concurrents jaloux les appelaient les « Voleurs de l’Omi » et les « Mendiants de l’Ise »). Ils jouaient un rôle essentiel dans le commerce de détail de toute la ville, et faisaient beaucoup pour les chônin. Composé de pareils éléments, l’Edokko (le Parigot, pourrait-on dire) était généralement indépendant, direct et peu accommodant. C’était peut-être particulièrement vrai de ceux qui étaient d’origine guerrière, mais les habitants ordinaires partageaient également ces qualités jusqu’à un certain point.
    Comme une grande partie de ce qu’on a écrit sur la société bourgeoise d’Edo au XVIIe et au XVIIIe siècle, et aussi une part importante de son art populaire décrivent ses lieux de divertissement, ses théâtres, ses restaurants, ses quartiers de plaisir, on a tendance à les considérer comme le cadre de la vie quotidienne d’Edo. Mais l’existence paisible de l’homme de la rue passant généralement inaperçue, on aurait tort d’imaginer que le citoyen moyen était un infatigable chasseur de plaisir.
    Edo était le siège du gouvernement, une grande partie de ses habitants.
    des responsables du bakufu aux simples policiers, étaient au service de l’État et devaient par conséquent faire preuve d’une certaine bienséance, quelle que soit la vie qu’ils menaient en privé. Edo tendait en outre à remplacer Kyoto comme centre intellectuel du Japon, ou du moins en tant que foyer de la philosophie comme Kyoto avait été le foyer de la religion. L’aspect peut-être le plus intéressant de la vie des chônin réside dans l’influence des normes éthiques néo-confucianistes auxquelles la société guerrière en était venue à se conformer. Les vertus confucéennes de piété filiale et de loyauté étaient celles qui guidaient les membres les plus sérieux de la classe marchande, et même ceux qui étaient dissolus reconnaissaient l’importance de la loi morale, du giri ou devoir, qui était un concept d’origine confucianiste. C’était le conflit du devoir et de la passion qui passionnait les amateurs de théâtre d’Edo et d’Osaka, que le héros fût samurai ou apprenti.
    A bien des égards, la population d’Osaka était différente de celle d’Edo. Osaka avait une histoire plus longue qu’Edo. C’était un centre commercial, et non pas politique ou militaire ; ses habitants étaient presque tous engagés dans le commerce, et leur nombre augmenta tandis que, de simple marché local, la ville devenait le marché national, attirant dans ses entrepôts des marchandises de la plupart des régions du pays pour les distribuer un peu partout par terre et par mer. Les premiers grands marchands d’Osaka furent ceux qui (en concurrence avec ceux de Sakai) firent fortune comme fournisseurs de guerre pour Hideyoshi, notamment Yodoya Keian, fondateur d’une grande famille qui, après 1600, s’occupa de pourvoir aux besoins des daimyô en prenant leur riz pour le vendre contre une commission. Avant qu’Osaka n’ait pris toute son importance, c’était le centre d’un réseau de petites villes ou de petits ports qui remplissaient le rôle d’intermédiaires entre les provinces lointaines et les entrepôts de riz construits sur le littoral de la ville en expansion.
    Mais le développement d’Osaka était limité par la difficulté que présentait le transport par terre du riz et autres produits lourds. Ce n’est que lorsque cette difficulté eut été surmontée que la grande période d’expansion commença. En étudiant le caractère de sa population, on doit donc faire une distinction entre les représentants de la

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