Histoire du Japon
possibles à leurs postes respectifs, et un commissaire spécial des finances devait être nommé.
Peu après cette conférence, le bakufu publia un ordre à l’intention de tous les daimyô disant que, « malgré la honte » (« go chijoku wo kaerimizu »), il avait été décidé de leur imposer une contribution de 100 koku par 10000 koku de revenu. En contrepartie, leur période de résidence à Edo serait diminuée de moitié, ce qui réduirait leurs dépenses. Cette contribution – dite « agemai », ou riz offert – rapporta la somme respectable de 1750000 koku. Elle représentait la moitié du montant total des pensions versées aux hatamoto et aux go-kenin, de sorte qu’on put parer au plus pressé. D’autres mesures furent prises pour équilibrer la balance des revenus et des dépenses, et Yoshimune accorda une attention particulière aux salaires de ses fonctionnaires, avec l’idée d’encourager les bons services.
Ses plans pour accroître le revenu témoignaient d’une vision à long terme. Comme la source principale de revenu était l’impôt sur la production agricole, il décida qu’il fallait augmenter la surface des terres cultivables, et mit en œuvre un grand projet de défrichement. Un ordre fut publié dans tout le pays, disant que, qu’il s’agît de domaines Tokugawa ou de domaines privés, des mesures actives devaient être envisagées par les autorités compétentes et les exploitants afin que de nouvelles terres soient mises en culture. Ces projets exigeant d’ordinaire un capital considérable pour effectuer des travaux de drainage et autres, les riches marchands furent indirectement invités à donner leur appui ; et les représentants du bakufu dans les domaines de celui-ci apprirent qu’ils toucheraient un dixième des impôts provenant des terres nouvellement défrichées 259 .
Les principaux projets de développement mis en œuvre et approuvés par le bakufu étaient les suivants :
1722 Région du Shimoza produisant 50000 koku.
1723 Vaste région du bassin de la Tamagawa, notamment les districts de Mitaka, Koganei et Kokubunji, qui font aujourd’hui partie de Kyoto.
1727 Terres des bassins de la Tamagawa et de l’Arakawa, qui, grâce à un projet d’irrigation parallèle, furent converties en rizières produisant 150000 koku.
L’accroissement du revenu provenant de l’impôt foncier après 1735 environ était dû presque entièrement à la mise en culture de nouvelles terres dans les domaines Tokugawa.
Yoshimune n’était pas seul à encourager le développement de nouvelles terres cultivables. La plupart des daimyô donnaient leur appui à n’importe quel projet promettant d’accroître la production de leurs domaines. Il n’y a pas de relevé précis de la surface des terres mises alors en culture, car, après celle de Hideyoshi, il n’y eut qu’une seule étude foncière portant sur l’ensemble du pays. Effectuée durant la période Genroku (vers 1700), elle était lacunaire et souvent inexacte. Mais, sans donner de détails fief par fief, elle montre qu’il y eut un accroissement global des terres cultivées. L’amélioration constante de l’irrigation témoigne de cet accroissement, et dans certains domaines des spécialistes de l’irrigation furent engagés.
Les villages aussi faisaient des travaux d’irrigation pour leur propre compte, notamment en creusant des canaux et en construisant des bassins et autres réservoirs, permettant ainsi d’amener de l’eau dans les nouveaux champs. Ils réussissaient parfois à éviter les inspecteurs ou à les tromper à leur avantage, et il ne fait aucun doute que bien des paysans de la classe des nanushi (chefs) menaient une vie très confortable, comme l’attestent certains livres de comptes rapportant l’achat de marchandises de toutes espèces.
Il vaut la peine de faire ici certaines remarques sur la précision des relevés fonciers en général. Quiconque a voyagé dans la campagne japonaise a dû être frappé par la grande variété de forme aussi bien que de taille que présentent les champs, irrigués ou non. Les champs non irrigués se trouvaient souvent sur une pente, épousant un contour, et ne pouvaient se mesurer à l’aide d’une perche, mais uniquement par conjecture. Quant aux champs irrigués, ils étaient fréquemment de forme irrégulière, ainsi que l’exigeait le système d’irrigation, sans parler des limites entre lopins de propriétaires différents. On peut
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