Histoire du Japon
Aka-Ezo, les Insulaires rouges septentrionaux, c’est-à-dire les Russes. Dans ce document, il soulignait le fait que la Russie prenait toujours plus d’importance dans la région du Nord. Son commerce illicite devait être arrêté, mais à cette fin, il serait prudent de commercer ouvertement avec les Russes et d’employer les bénéfices ainsi réalisés au développement de l’ensemble de la région.
Tanuma s’empara de l’idée de Kudô, et, en 1785, il envoya une mission placée aux ordres du commissaire des finances enquêter sur place. Un groupe étudia Chishima, un autre Sakhaline. Au début de 1786, le chef de la mission soumit au bakufu un projet de développement de la région dans son ensemble. Dans son rapport, il recommandait de convertir en terres cultivables un dixième de l’île principale, connue aujourd’hui sous le nom de Hokkaido.
Dans l’ensemble, la contribution de Tanuma au développement économique fut importante. Il ajouta à l’association existante des courtiers officiels (kabunakama ) une guilde regroupant les nouveaux marchands d’Edo, Osaka et autres centres. Il leur accorda des privilèges particuliers, en échange de quoi ils furent lourdement imposés. A une époque où la production était en plein essor, ces impôts amenèrent des sommes considérables dans les coffres du bakufu. En 1766, un monopole du cuivre s’était créé à Osaka, et par la suite, des privilèges exclusifs furent de même accordés aux négociants officiels ( kabunakama ) en fer, en laiton, en chaux et autres produits de base. Des marchands spéciaux (tonya) reçurent licence de faire le commerce en gros de produits importants comme l’huile, la graine de coton et le soufre, et leurs profits furent assurés contre paiement d’une taxe. En fait, les impôts versés par tous ces monopoles augmentèrent de façon sensible les revenus du bakufu. La tendance à créer des organisations de ce type était très vivace, et l’on dit que, dans les années 1780, Osaka seule comptait plus d’une centaine de kabunakama.
Les impôts versés étaient connus sous le nom de « myôga » ou « unjô ». Officiellement, c’était des paiements volontaires. Si un particulier obtenait quelque privilège, il payait un « myôga-kin », sorte de cadeau par lequel il remerciait le gouvernement ; quant à l’« unjô-kin », c’était un versement direct selon des barèmes définis par le gouvernement. Les impôts frappaient non seulement des articles de commerce, mais aussi les équipements et entreprises comme les moulins à eau, les bacs, les docks, les bordels, et même les gains des prostituées officieuses, appelées kakushi-baita.
Dans ces circonstances, il fallut créer un nouvel office des contributions, et l’on peut imaginer que, dans cette société de courtiers et de spéculateurs malhonnêtes, les pots-de-vin jouaient un rôle déterminant dans l’octroi des licences.
MISÈRE RURALE
Les liens étroits entre le bakufu, représenté par Tanuma, et les riches marchands d’Edo et d’ôsaka, étaient avantageux pour le gouvernement, puisqu’une bonne part des bénéfices provenant de l’investissement du capital privé dans l’industrie productive entrait dans ses caisses. Le bakufu laissait les marchands libres d’investir dans l’agriculture, mais là, le terrain était peu sûr, car les méthodes commerciales appliquées à l’achat du produit des fermes étaient odieuses aux villageois. Les marchands fixaient les prix qu’ils voulaient bien payer à un niveau si bas que la plupart des paysans constataient que, plus ils produisaient, moins ils gagnaient d’argent. C’était une attaque contre la classe constituant le principal soutien de la société féodale ; et au XVIIIe siècle, les paysans n’étaient pas longs à réagir contre ce qu’ils estimaient être un traitement injuste de la part de la classe dirigeante. Des soulèvements sont signalés au début de l’époque des Tokugawa, mais ils se multiplièrent après 1704 puis devinrent endémiques. Certains des premiers furent très importants, comme celui de 1739, où 84000 paysans de la province d’Iwaki se révoltèrent contre les impôts. Ils mirent à sac des bâtiments et menacèrent le château du daimyô jusqu’à ce qu’on leur donne satisfaction. Dans d’autres cas toutefois le soulèvement échoua, et les paysans furent cruellement punis.
Le fief de Kaminoyama, dans le Dewa, où les mauvaises
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