Histoire du Japon
récoltes des deux années précédant 1747 avaient entraîné une situation effroyable, offre un exemple intéressant. Les requêtes des paysans furent entendues, et on leur accorda du riz. Mais l’affaire ne s’arrêta pas là, car peu après que les insurgés se furent dispersés, on soumit leurs chefs à la torture. Les circonstances du soulèvement furent communiquées à Edo, et le bakufu ordonna leur exécution.
Au cours des décennies suivantes, ces soulèvements se renouvelèrent, presque tous résultant de la misère causée par la famine et des épidémies. Le soulèvement de Kurume, auquel participèrent 50000 personnes, était une protestation contre un impôt injuste. Les meneurs furent punis, et certains mis à mort, mais l’impôt fut supprimé. En 1764-1765 eurent lieu les troubles du Musashi et du Kôzuke dont nous avons déjà parlé (chapitre LXI, section 4). En 1773, il y avait eu de graves émeutes dans le Hida, auxquelles la troupe mit fin en se servant d’armes à feu sur l’ordre du bakufu. Ceux que l’on considèrent comme les prétendus meneurs subirent les châtiments les plus cruels, et l’on remercia les espions de leurs délations en les autorisant à prendre un nom de famille et à porter le sabre.
En 1781, des marchands fixèrent des normes de qualité pour la soie et le coton, et installèrent dans les villes-marchés du Musashi et du Kôzuke des centres de commerce où, après examen des produits, des certificats de qualité étaient délivrés contre paiement d’un droit en argent par unité de poids. Mais quand, à la fin de l’été, s’ouvrit le marché de ces articles, les acheteurs habituels – les grands magasins comme Echigoya et Shirokiya – regimbèrent, disant qu’ils n’étaient pas disposés à payer un prix comprenant un droit de contrôle. Ils convinrent de ne pas acheter de soie cette année-là et de vivre sur leur stock.
Cette décision rendit furieux les villageois des régions dépendant de la vente de soie grège, et certains de leurs chefs prirent la tête de plus de trois mille paysans pour aller attaquer ceux qui avaient installés les centres de contrôle. Leurs maisons furent mises à sac ou incendiées, après quoi les émeutiers se rendirent dans la ville-château de Takasaki pour demander au daimyô, Matsudaira Terutaka, d’abolir les droits de contrôle. Bien que quelques-uns fussent blessés par les soldats qui les attaquèrent à coups de flèches et d’armes à feu, les paysans ne furent pas arrêtés. Ils envoyèrent alors au château une délégation de six d’entre eux pour demander que leur affaire soit jugée par le représentant ( gundai ) du bakufu, un officier de bonne réputation nommé Ina Tadataka.
Leur plainte fut prise en considération, et l’on supprima les centres de contrôle. Ce fut un grand triomphe pour les paysans, et la preuve que le bakufu ne pourrait à l’avenir donner son appui aux marchands à leurs dépens sans rencontrer d’opposition. Mais malheureusement pour eux, les paysans connurent alors des dangers plus pressants que la cupidité des commerçants, en particulier durant la décennie 1770-1779, où le pays souffrit d’une succession de catastrophes naturelles. En 1770-1771, une sécheresse continue frappa presque toutes les provinces. En 1772, il y eut un grand incendie à Edo, quoique moins destructeur que celui de Meireki (1657), et cette même année des inondations désastreuses ravagèrent les campagnes 265 .
En 1773, une épidémie fit près de 200000 victimes. Elle gagna les provinces du Nord, où, dit-on, dans le seul domaine de Sendai, 300000 personnes moururent de maladie ou de faim. Et les désastres ne s’arrêtèrent pas là. En 1778, il y eut des inondations à Kyoto et dans certaines régions du Kyüshü, ainsi qu’une éruption volcanique sur l’île d’Oshima, suivie, en 1779, d’une éruption du Sakurajima, le volcan situé à côté de Kagoshima. La grande famine de Temmei commença en 1783. L’année suivante, la pluie ne cessa pas du printemps à l’époque des récoltes, et durant cette période, une éruption de l’Asama provoqua d’importants dégâts. La famine gagna presque toutes les provinces et se prolongea jusqu’en 1786-1787.
Bien des Japonais imputèrent ces calamités au mauvais gouvernement de Tanuma et de son fils. Bien sûr, elles étaient dues à des phénomènes naturels plutôt qu’à des fautes politiques. Toutefois, il est vrai que le
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