Histoire du Japon
commandant et en lui accordant trois hommes par centaine de koku. Un document donne ainsi les chiffres suivants :
Troupes fournies contre Uyesugi et Satake
Fief Revenu en koku Contingent
Yüki 101000 3030
Gamô 180000 5400
Satomi 90000 2700
Soma 60000 1800
Sano 39000 1170
Hiraiwa 33000 990
Mizutani 25000 750
Ogasawara 20000 600
Yamakawa 20000 600
Minagawa 13000 390
Matsudaira 5000 150
Total (nombre d’hommes) 18000
Par cette méthode, le nombre total d’hommes engagés dans la campagne peut être estimé comme suit :
Troupes de l’Est commandées par Ieyasu
Troupes de Hidetada suivant la Nakasendô en direction de l’ouest……… 38000
Troupes engagées à Sekigahara, y compris les 30000 hommes placés sous le commandement direct de Ieyasu et les contingents de Fukushima, Kuroda
et autres généraux……………………………………………. 74000
Troupes postées sur le Nangu et à Ogaki…………………………… 26000
Total 138000
Troupes de l’Ouest commandées par Ishida
Troupes rassemblées à Sekigahara, dont plus de la moitié fournies par Ukita,
Kobayakawa et Môri Hideaki…………………………………… 82000
Troupes engagées dans des opérations de siège ou couvrant Ogaki……… 13000
Total 95000
On voit ainsi que plus de 230000 hommes étaient sur le pied de guerre en l’an 1600.
Il est évident que, durant les guerres presque incessantes du xvie siècle, les généraux japonais avaient acquis une telle expérience qu’ils pouvaient désormais manœuvrer d’importants contingents avec une habileté considérable. Dans leurs guerres de position, ils déplaçaient de nombreuses troupes de nuit, comme le montrent clairement les récits de Sekigahara, qui attestent que les deux armées gagnèrent leurs positions dans la tempête et les ténèbres la nuit précédant la bataille.
L’approvisionnement de si grands effectifs était difficile, et divers projets d’intendance échouèrent alors, en bonne partie par manque de moyens de transport adéquats, car les véhicules à roues étaient rares et l’emploi de chevaux de bât insuffisant pour des opérations de grande envergure. Les armées étaient fréquemment obligées de vivre sur le pays en prenant les récoltes sur pied ou le riz à peine moissonné. Avant Sekigahara, Ishida Mitsunari écrivait d’Ogaki à l’un de ses généraux : « Nous avons ici abondance de nourriture, car nous sommes entourés de champs moissonnés. » On était alors en octobre 1600, une bonne saison pour faire la guerre.
Dans la bataille de Sekigahara, alors que les effectifs en présence étaient numériquement équilibrés, l’avantage était à Ieyasu du fait surtout qu’il était seul à commander, tandis que Mitsunari devait discuter ses plans avec ses pairs, qui formaient un conseil mal assorti. Avant qu’ils n’aient pu parvenir à un accord, Ieyasu réussit à les amener dans un défilé si étroit que toute manœuvre y devenait difficile. Comme Hideyoshi avant lui, Ieyasu dut son succès à l’expérience qu’il avait en tant que chef unique à la tête de nombreux effectifs.
ARMES
Il n’existe aucun document précis concernant les armes des troupes qui se battirent à Sekigahara, mais on peut s’en faire une idée générale d’après la composition des renforts envoyés à Ieyasu en octobre 1600 par Date Masamune. Sur un total de 3000 hommes, 420 étaient montés, portant certainement des épées, 1200 avaient des armes à feu, 850 des lances et 200 des arcs ; les armes portées par les 350 soldats restant ne sont pas précisées.
Un contingent semblable de 2000 hommes envoyé d’une autre région comprenait 270 cavaliers, 250 archers, 700 fantassins armés d’armes à feu et 550 de lances ; pour les autres, aucune précision n’est donnée. On voit donc que, vers 1600, les armes les plus importantes étaient les armes à feu, suivies des lances et des arcs. L’épée venait en dernier lieu.
Les armes à feu étaient appelées teppô, et étaient classées non pas par calibre mais selon le poids de la charge, qui variait entre une et quatre onces. Les canons de l’époque
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